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Des "vieux" bientôt SDF malgré eux?

Le risque de faillite du plus gros opérateur privé de maisons de retraite du Royaume-Uni, dont dépendent plus de 30.000 personnes âgées, a relancé les interrogations sur les conséquences du désengagement de l'Etat britannique de secteurs-clés liés à la santé.

Le risque de faillite du plus gros opérateur privé de maisons de retraite du Royaume-Uni, dont dépendent plus de 30.000 personnes âgées, a relancé les interrogations sur les conséquences du désengagement de l'Etat britannique de secteurs-clés liés à la santé.

Southern Cross, un groupe coté en Bourse qui gère 750 établissements, a provoqué une onde de choc en annonçant qu'il se trouvait dans un «état financier critique» et suspendait une partie du paiement de ses loyers.

Le gouvernement du conservateur David Cameron a dû prendre en compte l'inquiétude grandissante des familles des 31.000 pensionnaires de Southern Cross dont le sort semble incertain. Le Premier ministre a assuré que les résidents ne se retrouveraient pas à la rue et que leur avenir était «une priorité absolue» du gouvernement. Cette promesse n'a pas éteint pour autant la polémique sur les dérives d'un secteur progressivement confié depuis 20 ans aux investisseurs privés, un choix assumé aussi bien par les conservateurs que par les travaillistes qui se sont succédé au pouvoir.

Les maisons de retraite britanniques sont désormais contrôlées aux deux tiers par le secteur privé, le service public de santé et des associations se partageant le dernier tiers.

L'affaire tombe d'autant plus mal pour M. Cameron qu'il cherche, malgré les réticences du corps médical, à transférer de nouvelles compétences au privé dans le cadre d'une vaste réforme des hôpitaux.

Southern Cross, qui vient de déclarer une perte semestrielle de plus de 350 millions d'euros, est considéré comme un cas emblématique des mutations récentes du système de soins. Fondé par un homme d'affaires au milieu des années 1990, le groupe a ensuite été acquis par le fonds d'investissement américain Blackstone qui l'a introduit en Bourse en 2006 en réalisant une grosse plus-value.

Mais son modèle économique est risqué: pour éviter de s'endetter et préserver ses profits, Southern Cross a financé son expansion en vendant ses locaux à d'autres investisseurs, attirés par des loyers alléchants dont les hausses annuelles sont en outre garanties.

Or ces charges fixes sont devenues insupportables avec la crise économique, lorsque Southern Cross a rencontré les premières difficultés pour remplir ses chambres. Les coûts de fonctionnement ont été rognés pour sauvegarder la rentabilité, entraînant une dégradation du service et de la réputation du groupe.

«Ce ne sont pas des usines qui sont menacées mais une part fondamentale de notre tissu social», s'est alarmé le syndicat GMB, en déplorant que «des personnes vulnérables soient à la merci des intérêts de grands groupes financiers».

La puissante association Age UK a réclamé une remise à plat de toute la réglementation pour instaurer des garde-fous supplémentaires et «garantir la viabilité financière des maisons de retraite», un enjeu majeur dans un pays à la population vieillissante.(AFP)

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