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Politique

Et si l'extrême droite belge se faisait virale

L'opposition aux mesures anti-covid du gouvernement De Croo pourrait faire le jeu des extrémistes. Dans un récent sondage, le Vlaams Belang, parti ultranationaliste flamand conserve sa place virtuelle de première formation politique au plan national.

Les opposants aux restrictions sanitaires étaient nombreux dans les rues de Bruxelles ce dimanche 26 décembre.

Les opposants aux restrictions sanitaires étaient nombreux dans les rues de Bruxelles ce dimanche 26 décembre. © PHOTO: AFP

Max Helleff

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Le mécontentement va croissant en Belgique où la politique sanitaire du gouvernement De Croo est de plus en plus critiquée. Depuis la fin novembre, trois grandes manifestations ont sillonné les rues de Bruxelles afin de dénoncer les mesures anti-covid, mais aussi une obligation vaccinale restée à ce jour dans les cartons des autorités. Dimanche, le secteur culturel a fait le plein au Mont des Arts, au cœur de la capitale, en réunissant entre 5.000 et 10.000 personnes.

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Cette grogne pourrait profiter à l'extrême droite. Un sondage crédite le Vlaams Belang de 24,5% des intentions de vote. Depuis les rangs de l'opposition, le parti ultranationaliste flamand conserve ainsi sa place virtuelle de première formation politique au plan national. Précision : l'autre grand gagnant de cette enquête d'opinion est le parti socialiste flamand Vooruit auquel appartient le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, adepte d'une ligne sanitaire dure et de la vaccination obligatoire. Le virus polarise de toute évidence les avis et les passions.

A deux ans des législatives, certains s'inquiètent de la désobéissance civile qui va crescendo dans la mesure où elle pourrait faire demain le jeu des extrémistes. Dans une interview qui a décidément marqué les esprits car empreinte d'émotion, l'épidémiologiste Marius Gilbert s'est exclamé qu'«il ne faudra pas s'étonner si dans une semaine, aux côtés de l'extrême droite, on retrouve des acteurs du secteur culturel, du personnel soignant, tous les secteurs de la population qui se sentent mal traités par la manière dont la crise est gérée».

La presse s'est quant à elle penchée sur l'apparition du groupuscule One Nation en Belgique. «Ces dernières semaines, écrit Le Soir, les bourgmestres d'au moins quatre communes de Flandre ont reçu des lettres d'administrés leur annonçant que, désormais, ils sont des citoyens souverains. En agissant de la sorte, ils entendent notamment protester contre les mesures sanitaires visant à contrer la propagation du covid-19». Leur courrier était inspiré par une dialectique anarchiste, proche de One Nation.

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Combien sont-ils? Difficile à dire. Un bourgmestre nuance en expliquant que l'un d'entre eux est un citoyen lambda qui ne se livre pas au conspirationnisme sur les réseaux sociaux. En revanche, selon le Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN), de récentes recherches ont bien mis en évidence l'existence en Belgique et dans les pays voisins du Mouvement des citoyens souverains et de One Nation.

«Leurs sources idéologiques sont religieuses, new age et proches de QAnon. La proximité avec l'extrême droite est évidente. Nous avons donc attiré l'attention des autorités compétentes sur l'existence et les activités de ces organisations chez nous et chez nos voisins », a déclaré au Soir Kerstine Vanderput, la présidente du CIAOSN. Ces mouvements seraient entrés en Belgique via les Pays-Bas, où ont été trouvées des lettres qui auraient guidé les courriers «souverainistes» envoyés aux bourgmestres flamands.

Des hurluberlus ? «Peut-être, mais ce sont des hurluberlus qui ont pris d'assaut le Capitole en janvier dernier», fait valoir un observateur. Mais pour l'heure, ils ne représentent qu'un souci lointain pour le Premier ministre Alexander De Croo qui assiste depuis quelques jours à la fragmentation de sa coalition Vivaldi. Plusieurs partis gouvernementaux lui ont fait comprendre urbi et orbi qu'ils rejetaient la fermeture du secteur culturel, même si elle se veut justifiée par la lutte contre le variant Omicron.

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