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Réforme des retraites

Forte mobilisation dans la rue pour le deuxième round syndical

Partout en France, les cortèges affichaient le même refus de la réforme phare d'Emmanuel Macron et son report de l'âge légal de départ à 64 ans.

Dans plusieurs grandes villes, comme Montpellier, Nantes, Rennes ou Marseille, la participation était supérieure à celle du 19 janvier, lors de la première mobilisation.

Dans plusieurs grandes villes, comme Montpellier, Nantes, Rennes ou Marseille, la participation était supérieure à celle du 19 janvier, lors de la première mobilisation. © PHOTO: AFP

(S.MN. avec AFP) - «Je ne veux pas partir à 64 ans»: de Belfort à Bayonne, les opposants à la réforme des retraites ont défilé mardi dans des cortèges fournis, les syndicats revendiquant davantage de manifestants que le 19 janvier, pour tenter de faire reculer le gouvernement.

Partout en France, les cortèges affichaient le même refus de la réforme phare d'Emmanuel Macron et son report de l'âge légal de départ à 64 ans.

A Paris, la CGT a fait état de 500.000 manifestants (contre 400.000 le 19).

A Paris, la CGT a fait état de 500.000 manifestants (contre 400.000 le 19). © PHOTO: AFP

Dans plusieurs grandes villes, comme Montpellier, Nantes, Rennes ou Marseille, la participation était supérieure à celle du 19 janvier, lors de la première mobilisation. A Paris, la CGT a fait état de 500.000 manifestants (contre 400.000 le 19). Le chiffre des autorités n'était pas immédiatement disponible.

Le 19 janvier, à Metz, plus de 10.000 personnes s'étaient rassemblées pour l'occasion. Ce mardi, la mobilisation était également au rendez-vous: des milliers de personnes ont à nouveau manifesté. Selon Le Républicain Lorrain, le cortège de la manifestation était long de deux kilomètres. Celle-ci s'est terminée aux alentours de 17h.

L'OGBL présente dans le cortège à Metz

Parmi les participants, une délégation de l'OGBL, comme au premier acte. «On a été solidaire dès la première heure avec le front syndical français. Le Luxembourg est directement concerné par cette manifestation, la moitié de notre main-d'œuvre est frontalière et majoritairement française. Plusieurs de ces travailleurs ont travaillé une partie de leur vie en France et méritent, à plus d'un titre, de bénéficier d'une retraite décente. De plus, tout ce qui se fait actuellement en France au niveau politique risque d'inspirer notre propre gouvernement. Notre lutte est donc commune et l'OGBL sera derrière ce mouvement autant de temps qu'il le faudra», a indiqué Nora Back, présidente de l'OGBL.

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«C'est une des plus grandes manifestations organisées dans notre pays depuis des dizaines d'années», a déclaré Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, notant, peu avant le départ du cortège parisien vers 14h, qu'il y avait «plus de monde» dans la rue que le 19. Entre un et deux millions de manifestants, selon les sources, avaient alors battu le pavé dans toute la France.

«Dans tous les retours que j'ai, c'est plus que le 19», a renchéri son homologue de la CGT Philippe Martinez, tandis que Frédéric Souillot (FO) a mis en avant un «tir de barrage». «Je ne veux pas partir à 64 ans, je suis enseignante en maternelle et c'est impossible d'enseigner jusque si tard. On est tout le temps accroupi, j'ai déjà mal aux genoux», explique Sandrine Carré, 52 ans dans le cortège bordelais.

Selon les chiffres communiqués par les préfectures, ils étaient par exemple 14.000 à Rouen (contre 13.000 le 19) ou 28.000 à Nantes (contre 25.000). A Marseille, quelque 40.000 personnes ont défilé, contre 26.000 le 19 janvier.

Une nouvelle fois, les villes petites et moyennes ne faisaient pas défaut à la mobilisation comme Alès (7.000) ou Angoulême (8.500). Certaines préfectures ont toutefois enregistré un moindre nombre de manifestants comme Clermont ou Orléans (8.500 contre 12.000) par rapport au 19.

Un quart des profs en grève

Au total, onze mille policiers et gendarmes sont mobilisés, dont 4.000 à Paris. A 15h30, six interpellations étaient recensées dans la capitale, selon la préfecture. Dans l'après-midi, quelques incidents ont eu lieu entre les forces de l'ordre et des ultras avec au moins deux vitrines cassées, ont constaté des journalistes AFP.

Une intersyndicale doit se réunir à partir de 18h au siège de FO pour décider des suites du mouvement, et probablement annoncer au moins une nouvelle journée de mobilisation. Dans plusieurs secteurs publics et privés, les grévistes semblaient moins nombreux mardi que le 19.

Au total, onze mille policiers et gendarmes sont mobilisés, dont 4.000 à Paris.

Au total, onze mille policiers et gendarmes sont mobilisés, dont 4.000 à Paris. © PHOTO: AFP

Il y avait ainsi 36,5% de grévistes à la SNCF, contre 46,3% le 19 de source syndicale. Dans l'Education nationale, le ministère comptabilisait à la mi-journée un quart de grévistes, en recul par rapport au 19. Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, chiffrait à 55% le nombre de professeurs des collèges et des lycées en grève.

Mardi matin, des lycéens et des étudiants se sont mobilisés, comme sur le site Saint-Charles de l'université Aix-Marseille ou à Sciences Po Paris. La CGT a annoncé 75 à 100% de grévistes dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies. Quant aux grévistes d'EDF (40,3% contre 44,5% le 19, selon la direction), ils ont occasionné dans la nuit des baisses de charges dans les centrales électriques de «près de 3.000 MWH», sans toutefois causer de coupures.

«Certain de perdre»

Pris en étau entre la détermination de la rue et la virulence des oppositions à l'Assemblée nationale, où le projet est débattu depuis lundi en commission, le gouvernement a durci le ton depuis ce weekend, au risque d'être accusé par la gauche, à l'instar de Fabien Roussel (PCF), «de fracturer durement» le pays.

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Elisabeth Borne a assuré mardi devant les députés macronistes que «la majorité sera unie» sur cette réforme, après avoir affirmé dimanche que le recul de l'âge n'était «plus négociable», même si des mesures en faveur des femmes, plus impactées que les hommes, sont envisagées. En retrait sur ce dossier, Emmanuel Macron, qui joue en partie son quinquennat sur cette réforme, l'a jugée lundi «indispensable».

Mais pour l'exécutif, la bataille de l'opinion «est très mal engagée», selon Frédéric Dabi, de l'institut Ifop: «Au fur et à mesure que les Français entrent dans la connaissance de la réforme, l'adhésion recule» dans les sondages. «Monsieur Macron est certain de perdre», a assuré Jean-Luc Mélenchon (LFI) à Marseille, estimant que la France était «en train de vivre une journée historique».

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