Incitation à la haine: Wilders relaxé
Le chef de file de l'extrême droite néerlandaise Geert Wilders, qui était poursuivi pour incitation à la haine et à la discrimination envers les musulmans, a été relaxé jeudi, saluant une «victoire pour la liberté d'expression».
© PHOTO: (AP
Le chef de file de l'extrême droite néerlandaise Geert Wilders, qui était poursuivi pour incitation à la haine et à la discrimination envers les musulmans, a été relaxé jeudi, saluant une «victoire pour la liberté d'expression».
«Le tribunal juge ces déclarations acceptables en raison du contexte et du débat de société dans le cadre duquel M. Wilders s'exprimait en tant que politicien», a déclaré le juge Marcel van Oosten du tribunal d'Amsterdam. «Au moment où le prévenu s'est exprimé, on parlait beaucoup aux Pays-Bas de la société multiculturelle et de l'immigration», a souligné le magistrat.
«Ce n'est pas seulement une grande victoire pour moi-même, c'est une victoire pour la liberté d'expression», a réagi le chef de file du Parti pour la Liberté (PVV): «aussi longtemps que je vivrai, je continuerai de m'exprimer».
Les parties civiles de leur côté ont exprimé leur «déception» et annoncé leur intention de saisir le comité des droits de l'homme des Nations unies et la Cour européenne de justice.
«Les juges ont ainsi ouvert la voie pour que Wilders fasse des musulmans des citoyens de second rang dans notre société», a regretté notamment l'avocat Gerard Sprong: «je suis déçu car j'estime que Wilders a dépassé les bornes».
Le Premier ministre libéral néerlandais Mark Rutte a lui accueilli favorablement le jugement: «c'est une excellente nouvelle pour Geert Wilders, avec lequel nous coopérons bien sur la base de l'accord de soutien» au gouvernement, a-t-il dit à l'agence de presse ANP.
Le chef de file du PVV, qui soutient au parlement le gouvernement de centre-droit de M. Rutte avec ses 24 sièges de député sur 150, était poursuivi pour des propos tenus entre octobre 2006 et mars 2008. Le parquet avait requis sa relaxe.
M. Wilders avait notamment comparé le Coran à «Mein Kampf» d'Adolf Hitler et appelé à «arrêter le tsunami de l'islamisation» dans des journaux néerlandais, des forums internet et dans son film de 17 minutes «Fitna» (»Discorde» en arabe), diffusé sur internet en 2008.
«Le message du film est, selon le prévenu, la mauvaise influence de l'Islam sur le monde occidental», a souligné M. van Oosten, avant de conclure: «le tribunal pense que le message du film doit pouvoir être transmis» car le député essaie de le diffuser dans le cadre du débat public. «Les déclarations de M. Wilders ne constituaient pas une critique des individus eux-mêmes mais une critique de leurs croyances», a en outre affirmé le juge, selon lequel ces déclarations sont «grossières et dénigrantes (...) mais elles ne constituent pas une incitation à la haine».
Geert Wilders devait répondre d'insulte à un groupe de personnes et de quatre chefs d'incitation à la haine et à la discrimination raciale et religieuse. Le député encourait jusqu'à un an de prison ou 7.600 euros d'amende.
Ouvert le 4 octobre 2010, le procès de M. Wilders avait été suspendu le 22 octobre 2010 à la suite de la récusation des juges, demandée par le prévenu. Les nouveaux juges avaient ordonné le 30 mars la reprise du procès.