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Le PTB de plus en plus populaire

L’ascension des communistes wallons

Dans un sondage, le Parti du Travail de Belgique talonne les socialistes et les libéraux qui sont aux commandes du gouvernement régional.

La grande popularité du président du PTB est un atout pour le parti.

La grande popularité du président du PTB est un atout pour le parti. © PHOTO: D. R.

Max Helleff

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Les communistes du Parti du Travail de Belgique (PTB, PVDA en néerlandais) seraient en passe de devenir le second parti de Wallonie, si l'on en croit le dernier Grand Baromètre. Ce sondage fait référence au sud comme au nord du pays, enregistrant les hauts et les bas de la vie politique dans l'opinion publique.

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Les communistes ne sont plus qu’à 3% d'intentions de vote des socialistes qui forment toujours le premier parti wallon avec 22,4% (-2,5) et à moins d’un pour cent des libéraux francophones du Mouvement réformateur de Georges-Louis Bouchez en recul (20,4%, -1,9).

Les précédentes élections ont toutefois démontré qu'il y a loin de la coupe aux lèvres pour les communistes qui affolent régulièrement les sondages, mais se révèlent nettement moins menaçants dans la réalité des urnes. Il reste qu'en dépit de ses efforts, le Parti socialiste de Paul Magnette ne parvient pas à faire oublier cet adversaire gênant qui lui impose de se «gauchiser».

Raoul Hedebouw, le principal atout du parti

Plusieurs raisons expliquent cela. Le Parti socialiste est un parti gouvernemental qui prend classiquement les responsabilités mais aussi les coups qui vont de pair avec l'exercice du pouvoir alors que le PTB fait figure d'éternel parti d'opposition.

Il faut remonter à l'immédiat après-guerre pour trouver des ministres communistes en Belgique, en un temps où la participation aux coalitions gouvernementales était souhaitée par Moscou. Par la suite, on les retrouvera parfois dans des majorités communales. Et pour le reste, le PTB préfère les bancs de l'opposition.

En décembre dernier, le Liégeois Raoul Hedebouw a été élu à la présidence du PTB avec 94,1% des voix. Sa sympathie bonhomme est un des principaux atouts de ce parti qui n'a jamais renié son héritage marxiste-léniniste et maoïste.

Le PTB a refusé de condamner l'invasion en Ukraine

Chose notable : le Grand Baromètre a été réalisé après l’invasion de l’Ukraine par l'armée russe, invasion que le PTB s’est refusé à condamner. Il semble que ni les images de Kharkiv et de Marioupol sous les bombes, ni les milliers de réfugiés qui convergent aujourd’hui vers la Belgique, n'aient dissuadé une partie des sondés d'accorder leur préférence aux communistes.

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Reste à voir bien sûr si cet engouement se matérialisera dans les urnes, les prochaines élections se déroulant en 2024.

D’ici là, il y a fort à parier que les socialistes feront tout ce qui est en leur pouvoir pour remettre les «cocos» à leur place. Certains chantiers à venir s’annoncent déterminants pour leur image, comme la réforme des pensions que le PS aimerait évidemment généreuse en dépit du rappel aux réalités budgétaires lancé par ses alliés gouvernementaux.

Les écologistes premiers à Bruxelles

Parmi les autres enseignements de ce sondage, on relève la stabilité en Wallonie comme à Bruxelles des écologistes qui ne sont donc pas désavoués malgré leur recul sur la fermeture totale du nucléaire – repoussée en théorie en 2035. Dans la capitale, ils constituent toujours le premier parti (20,3%, +1%) devant les libéraux en forte hausse (19,9% , +2,5%) ), alors que le PTB s’installe ici aussi à la troisième place (16,4%, +1,3). Le PS reste à la traîne (15,1%, stable).

En Flandre, le parti libéral Open-VlD passe sous les 10%, bien que le Premier ministre Alexander De Croo qui en est issu compte parmi les politiques les plus populaires du pays. Preuve que le «vote rejet» doit être évoqué avec parcimonie, le Vlaams Belang (extrême droite) est cette fois en recul (22,2%, -2,3). La N-VA de Bart De Wever redevient le premier parti du pays au niveau des intentions de vote avec 23,4% (+1,8%). Reléguée dans l'opposition, elle attend son heure...

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