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Scandale de corruption

L'eurodéputée grecque Eva Kaili reste en prison

La justice belge a ordonné jeudi le maintien en détention provisoire de l'eurodéputée grecque Eva Kaili, inculpée dans une enquête pour corruption impliquant le Qatar qui lui a déjà coûté son poste de vice-présidente du Parlement européen.

Les avocats d'Eva Kaili, Andre Risopoulos et Michalis Dimitrakopoulos à la sortie de l'audience de la chambre du conseil de Bruxelles.

Les avocats d'Eva Kaili, Andre Risopoulos et Michalis Dimitrakopoulos à la sortie de l'audience de la chambre du conseil de Bruxelles. © PHOTO: AFP

Source AFP

(AFP) - La chambre du conseil de Bruxelles, devant laquelle l'élue socialiste a comparu onze jours après le début de son incarcération, a refusé la demande d'un placement sous bracelet électronique et a «prolongé la détention préventive d'un mois», a annoncé le parquet fédéral dans un communiqué.

Lire aussi :L'eurodéputée Kaili passe partiellement aux aveux

Les avocats disposent de 24 heures pour faire appel de la décision, a précisé le parquet.

Eva Kaili nie toute corruption, ont réaffirmé jeudi matin ses conseils. Ils espéraient obtenir une remise en liberté assortie d'un placement sous bracelet électronique, faisant notamment valoir sa «participation active» à l'enquête et l'absence de risque de fuite.

Dans ce scandale qui a provoqué une onde de choc au Parlement européen et des tensions entre le Qatar et l'UE, Eva Kaili fait partie d'un quatuor de suspects incarcérés après une inculpation pour «appartenance à une organisation criminelle», «blanchiment d'argent» et «corruption».

Le 14 décembre avait déjà été décidé le maintien en prison de Francesco Giorgi, compagnon de l'eurodéputée socialiste, et de l'ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, qui apparaissent aussi comme des figures clefs du dossier.

Un quatrième inculpé, Niccolo Figa-Talamanca, dirigeant d'une ONG, s'était vu accorder ce jour-là un placement sous bracelet électronique, mais la mesure a été suspendue car le parquet fédéral a interjeté appel. Une audience a été fixée au 27 décembre, selon son avocate.

Un compte bancaire saisi en Grèce

Ancienne présentatrice du journal télévisé, devenue une figure controversée du parti socialiste grec (Pasok-Kinal) - qui l'a exclue dès les premières révélations -, Eva Kaili ne cesse de démentir avoir reçu de l'argent du Qatar pour influencer ses décisions politiques.

Selon une source judiciaire belge, des sacs remplis de billets de banque d'une valeur de 150.000 euros ont été découverts dans son appartement à Bruxelles.

Mais Mme Kaili «ne connaissait pas l'existence de cet argent», a affirmé son avocat grec Michalis Dimitrakopoulos, selon qui M. Giorgi aurait «trahi la confiance» de sa compagne.

En Grèce, un compte bancaire commun du couple a été saisi par la justice, ainsi qu'un terrain de 7.000 m2 sur l'île de Paros acheté via ce compte, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Une enquête a été ouverte la semaine dernière par le parquet financier d'Athènes.

Un million et demi en cash

En Belgique, l'enquête dirigée par le juge financier Michel Claise a donné lieu à vingt perquisitions entre le 9 et le 12 décembre, y compris dans les locaux du Parlement européen à Bruxelles.

Au total, les enquêteurs belges ont mis la main sur 1,5 million d'euros en liquide, d'après la même source judiciaire.

Sur le plan diplomatique, le scandale ébranle la relation entre l'UE et le Qatar, qui a prévenu d'un possible «impact négatif» sur l'approvisionnement en gaz.

L'émirat, qui «rejette fermement» les accusations, a protesté contre un vote intervenu le 15 décembre au Parlement européen qui vise à suspendre l'accès «des représentants d'intérêts qatariens» le temps de l'enquête.

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