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Nouveaux enseignements

L'Université de Lorraine se tourne vers le Luxembourg

Depuis quelques années, les cours en rapport avec le Luxembourg se multiplient au sein de l'Université de Lorraine à Metz. Cours de luxembourgeois, pratique du droit au Grand-Duché, ou encore volonté des entreprises luxembourgeoises de recruter ces étudiants, l'Université se tourne de plus en plus vers son voisin frontalier.

© PHOTO: univ-lorraine

Par Sophie Wiessler

Depuis plus de trois ans maintenant, une nouvelle langue a fait son apparition dans le cursus LEA dispensé à l'Université de Lorraine à Metz: le luxembourgeois.

Une cinquantaine d'étudiants de licence ont choisi cette langue, en complément dans leur cursus. Le luxembourgeois figure ainsi comme langue C, ce qui équivaut à deux heures de cours par semaine.

«80% des élèves finissent au Luxembourg»

«La langue C ne pèse pas autant en terme de coefficient que les deux autres langues choisies. C'est davantage une option, pour commencer une langue ou s'améliorer», explique Peterson Nnajiofor, directeur des programmes LEA.

Le luxembourgeois semble de plus en plus attirer les étudiants lorrains. «C'est simple, plus de la moitié de nos élèves finissent dans des entreprises au Luxembourg. Je dirais même 80% de nos étudiants en licence 3 et en master 2. Ils vont travailler dans la logistique, l'événementiel, les banques etc.»

La proximité avec le Grand-Duché est l'un des arguments mis en avant par les professeurs pour pousser les élèves à apprendre cette langue. «Si on arrive en entretien en ayant déjà quelques notions de luxembourgeois, c'est forcément un plus», souligne le directeur des programmes LEA.

Deux enseignants, venus spécialement du Luxembourg, assurent donc les cours à ces élèves de licence.

En revanche, aucun master de luxembourgeois n'est encore envisageable. En cause: le nombre d'élèves qui choisit cette langue diminue, mais aussi le manque d'enseignants qualifiés pour faire apprendre cette langue.

«Nous manquons cruellement d'enseignants. On peut trouver des gens qui parlent le luxembourgeois, mais l'enseigner c'est autre chose. Il n'y aucun enseignement de luxembourgeois en Lorraine, c'est dommage, on ne lui donne pas assez d'importance, alors que c'est un pays frontalier!», ajoute Peterson Nnajiofor.

En droit aussi, on apprend luxembourgeois

Un sentiment partagé par les élèves du master 2 droit privé et sciences criminelles de Metz, où pas moins de 3 cours sont en rapport avec le Luxembourg.

«C'est avant tout une volonté des étudiants. A la fin de chaque M2, nous prenons les remarques et recommandations de nos élèves. Ils insistent réellement sur ce lien à creuser avec le Luxembourg. Plus de la moitié d'entre eux finissent là-bas!», explique Florent Roemer, doyen de la faculté de droit de l'Université de Lorraine.

Droit international avec particularités du droit luxembourgeois, déclarations fiscales, droit fiscal comparé ou encore colloque sur le statut du travailleur frontalier, les cours en rapport avec le Luxembourg se multiplient d'années en années.

«On fait évoluer le diplôme en fonction des besoins professionnels de nos étudiants. Et beaucoup d'entre eux trouvent des stages et des emplois au Luxembourg.»

Une demande de la part des entreprises luxembourgeoises

Mais si ces étudiants sont aussi nombreux à se tourner vers le Luxembourg, c'est aussi parce que des entreprises viennent les chercher. Enseignants et membres d'entreprises, qui viennent du Grand-Duché, sont partenaires avec l'Université.

«En général, la plupart de nos étudiants finissent dans des pays étrangers. Ce n'est pas qu'ils ne trouvent pas de travail en France, mais la proximité géographique avec le Luxembourg et la demande des entreprises jouent beaucoup», explique Peterson Nnajiofor, directeur des LEA.

«Nos étudiants font le choix d'aller travailler là-bas. Ils s'investissent pour cela. Et c'est une demande de la part des entreprises luxembourgeoises, qu'ils soient prêts et aptes à travailler au Luxembourg. Ces entreprises viennent dans nos classes pour repérer leurs futurs stagiaires, c'est donc une forme de réciprocité», ajoute Florent Roemer, doyen de la faculté de droit.

Un petit "plus", qui promet encore d'augmenter le nombre de frontaliers dans les années à venir.

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