La Belgique entre ce week-end dans l'œil du cyclone
L'épidémie de Covid-19 monte en puissance et multiplie les décès. Un premier pic est attendu ces prochains jours qui dira si le pays n’a pas trop tardé à se confiner.
En Belgique, la police renvoie à son domicile tout qui n'a pas une raison valable de se trouver en rue. Toutefois, les policiers doivent s’en remettre à la bonne foi des personnes contrôlées. © PHOTO: AFP
De notre correspondant, Max Hellef (Bruxelles) - A quand le pic de l'épidémie? La question tourmente les Belges. Ils comprennent, graphiques à l'appui, qu'ils n'en sont qu’au début de leurs problèmes. Vendredi, les autorités dénombraient 37 décès attribués au coronavirus et 2.257 personnes contaminées, soit 462 de plus que la veille. 837 personnes sont hospitalisées.
Ce week-end, les hôpitaux s'attendent à une forte augmentation du nombre des hospitalisations. Les virologues soulignent toutefois que les deux jours qui viennent ne correspondront pas à un pic, mais que le nombre de décès pourrait encore grimper de façon exponentielle pendant une quinzaine de jours. Et déjà la question de savoir «qui doit vivre ou mourir?» est publiquement posée alors que la crainte de ne pas disposer de suffisamment de respirateurs artificiels va crescendo.
C'est le week-end de la grande peur pour tous les hôpitaux en Belgique © PHOTO: AFP
Le personnel soignant déplore le fait que les «lockdown parties» aient pu doper les hospitalisations à venir. Le 12 mars, la Première ministre Sophie Wilmès a édicté les premières règles de la quarantaine: écoles fermées, restaurants et bistros interdits d'accès, normes de distanciation sociale, etc. Ces mesures n’entrant en vigueur que le lendemain à minuit, de nombreux jeunes en ont profité pour se rassembler et faire une dernière fois la fête. Et, regrettent les médecins, pour accélérer la transmission du virus entre eux, puis fatalement auprès de la population.
Ce point n’a pu manquer d'entrer dans l'analyse des experts qui, mardi, ont été à la base de la décision prise par le Conseil national de sécurité. Depuis, les Belges sont priés de rester chez eux, de limiter les déplacements au strict nécessaire (approvisionnement, banques, postes, soins de santé…) et de ne fréquenter qu'au compte-gouttes les commerces restés ouverts (alimentation humaine et animale, pharmacies, librairies).
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Il a toutefois encore fallu de longues heures pour que la notion de confinement s'ancre dans les têtes. Mercredi, au premier jour des mesures renforcées, les parcs de la capitale étaient remplis de jeunes venus goûter le soleil printanier. Ni les injonctions du gouvernement, ni la crainte de la maladie ne semblaient pouvoir les raisonner. Ce n'est que jeudi, à la faveur d'un ciel plus nuageux, que ces rassemblements ont disparu.
La police renvoie à son domicile tout qui n'a pas une raison valable de se trouver en rue. L'accès aux secondes résidences, le plus souvent à la mer ou en Ardenne, est interdit. Les amendes ont été revues fortement à la hausse. Toutefois, les policiers doivent s'en remettre à la bonne foi des personnes contrôlées. En Belgique, contrairement à la France, il n'est pas question pour l'instant d'imposer au citoyen la possession d’un formulaire qui justifierait par avance ses déplacements.
© PHOTO: AFP
Une erreur? L’ampleur de la propagation du virus durant les prochaines semaines le dira. Les autorités planchent assurément sur des mesures plus strictes, mais rien ne fuite pour l'instant. Chacun redoute un scénario à l'italienne, avec un confinement poussé toujours plus loin.
Jeudi soir, la chaîne publique RTBF a diffusé un long reportage tourné à l'hôpital de Crémone, dans le nord de l'Italie. La vision des cadavres, la souffrance des malades et le désespoir du personnel soignant ont assurément marqué les esprits à la veille d'un week-end que certains médias décrivent déjà comme dantesque.