La Belgique limite le Johnson & Johnson
La mort d’une patiente explique le retrait partiel de ce vaccin unidose censé faciliter le déroulement de la campagne de vaccination. Désormais, seuls les 41 ans et plus y auront droit.
La moitié des adultes belges ont déjà reçu une dose de vaccin anti-covid. © PHOTO: AFP
De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - La campagne de vaccination a connu un nouveau déboire mercredi avec le retrait du Johnson & Johnson auprès des moins de 41 ans. Une patiente de moins de 40 ans est en effet décédée après l’avoir reçu. Il a été précisé qu’elle avait été vaccinée «via son employeur étranger», soit en dehors de la campagne de vaccination belge. Cet incident ne devrait pas avoir de conséquences importantes en raison du faible nombre de doses effectivement livrées à ce jour par J&J à la Belgique - un peu plus de 140.000, sur les 5 millions commandées.
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«A court terme, il n’y aura aucun impact sur la campagne de vaccination », a affirmé mercredi soir le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke sur la RTBF. On a le temps et on attend des analyses plus approfondies». La Belgique se tourne vers l’Agence européenne des médicaments pour obtenir des conseils.
Problème : la semaine dernière, deux autres décès suspects ont été cette fois attribués au vaccin AstraZeneca. D’où la question de savoir si l’écho donné à ces incidents ne va pas faire le jeu de l’hésitation vaccinale et peser sur le rythme de la vaccination.
A contrario, c’est pour rattraper le temps perdu et surtout atteindre le taux d’immunité collective - nécessitant selon les scientifiques entre 70 et 80% de la population vaccinée - que d’autres publics sont désormais approchés.
Les grands adolescents de plus de 16 ans pourraient ainsi être vaccinés dès la mi-juillet. Le Conseil supérieur de la Santé (CSS) recommande la vaccination de ceux qui présentent des comorbidités ou sont proches de patients immunodéprimés. Il a estimé également que la même vaccination auprès des jeunes ne présentant pas de problème de santé pourrait aider à freiner la circulation globale du virus dans la population générale.
Les statistiques belges établissent à dix le nombre de décès intervenus depuis le début de la crise sanitaire parmi les 0-24 ans. Ce nombre doit être rapporté à un total de 24.889 morts attribués à ce jour en Belgique au covid.
Paranoïa et complotisme
Les jeunes courent peu de risques face au virus. Il ne sera donc pas simple de les convaincre de se faire vacciner et, dans certains cas, d’obtenir l’accord de leurs parents. Autre question, éthique celle-là : n’est-il pas injuste de vacciner des jeunes peu susceptibles d’être touchés par la pandémie alors que d’autres catégories de population plus exposées de par le monde ne peuvent pas encore prétendre au vaccin?…
Les autorités concentrent également leur attention sur les populations plus précaires. Là où la pauvreté est présente, le taux de vaccination reste à la traîne. Manque d’informations, absence de transports vers les centres, méfiance à l’égard de la médecine et de la santé publique, etc. s’ajoutent à la paranoïa ordinaire et aux arguments complotistes.
Sans surprise, c’est particulièrement vrai dans certaines communes des provinces wallonnes du Hainaut et de Liège. Des efforts particuliers y sont déployés pour convaincre la population précaire de se faire vacciner, via des facilitateurs et des pharmaciens.
A Bruxelles, la défiance et la crainte qui ont cours au sein des communautés issues de l’immigration participent au retard pris par la vaccination. L’emprise de la religion est évoquée en sourdine.
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Précisons encore qu’aujourd’hui, 50% des Belges adultes ont reçu une dose de vaccin. Pour accélérer le rythme, l’idée d’administrer une seule injection avait été un moment soulevée. Depuis, le Conseil supérieur de la santé a tranché : ce sera deux doses pour tous.