La Belgique ne veut plus être un cancre climatique
Le royaume avance plusieurs propositions au plan européen pour la réduction des gaz à effet de serre.
La Belgique pollue trop et ne produit pas assez d'énergie d'origine renouvelable. © PHOTO: Pierre Matgé
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Les deux informations se sont croisées. La première, pessimiste, fait de la Belgique l’un des plus mauvais élèves de la classe en matière de climat. La seconde, volontariste, assure que le royaume va prendre enfin ses responsabilités et s'inquiéter de l’avenir de la planète.
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La mauvaise nouvelle d'abord. La Belgique a encore régressé dans le Climate Change Performance Index 2021, publié par un groupe d’ONG environnementales. Celui-ci établit annuellement les performances d’une soixantaine de pays en matière de lutte contre les changements climatiques. La Belgique se retrouve à la 40e place (en recul de cinq positions) de ce rapport qui passe au crible les politiques de 57 pays et de l’Union européenne, soit les émetteurs de plus de 90% des gaz à effet de serre qui empoisonnent la planète.
Sans surprise, la Belgique est épinglée pour ses émissions polluantes et sa trop faible production d’énergies renouvelables. Son efficacité énergétique et sa politique climatique sont également dans le viseur des ONG. Au bout du compte, la note qui lui est attribuée est «basse», dénonçant une approche qui reste bien en deçà des objectifs de l’Accord de Paris dont on célèbre ce 12 décembre le 5ème anniversaire.
Les vues écologistes
La bonne nouvelle, c’est que la perspective de souffler ces bougies coiffé d'un bonnet d’âne a peut-être réveillé les ambitions belges. Après des années de tiraillements entre les différents niveaux de pouvoir du pays s’esquisse en effet un soutien commun à la proposition de la Commission européenne de porter à – 55 % la réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.
L’arrivée au pouvoir de la coalition Vivaldi pilotée par le Premier ministre Alexander De Croo n’est pas étrangère à cette décision. Les écologistes francophones et flamands ont rejoint l'exécutif fédéral et entendent imposer des vues qui ont également été diffusées ces dernières années dans les autres partis. Une chose est certaine : l’absence de la N-VA nationaliste flamande proche des milieux industriels du nord a levé certains blocages.
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A moins que le parti de Bart De Wever n’ait lui aussi évolué. L’appui du gouvernement flamand, à la tête duquel on trouve le N-VA Jan Jambon, est en effet nécessaire à l'approbation des nouvelles propositions belges en matière de climat. Selon certaines indiscrétions, le Premier ministre De Croo, dont le parti libéral Open-VLD participe également au gouvernement régional flamand, aurait passé un pacte avec la N-VA. Pacte dont il reste à connaître les contreparties.
Dans la main de l'Europe
Ambitieuse, la Belgique est aussi exigeante. Et calculatrice. Elle veut d’abord que la répartition de l’effort au sein des Vingt-Sept se base sur un rapport coût-efficacité (ce qui lui éviterait des dépenses faramineuses qui ne réduiraient sa capacité à polluer qu’à la marge) et qu’il soit possible de recourir à des «flexibilités additionnelles». Ce dernier mécanisme permettrait par exemple l’achat de permis de CO2 qui équilibreraient en quelque sorte les comptes si le pays n’est pas à même de réaliser les nouveaux objectifs climatiques. Mais la Commission européenne s’est jusqu’ici opposée à cette astuce.
Si ces deux exigences ne sont pas rencontrées, la Belgique pourrait s’abstenir lors du vote au Conseil. Mais une décision européenne volontariste la pousserait assurément à prendre un cap plus audacieux en faveur du climat. On sait par ailleurs qu’une décision de taille s’imposera à elle dès l’an prochain avec la prolongation (ou non) d’une partie de son parc nucléaire au-delà de 2025.