La Belgique ouvre la soupape sanitaire
Un nouveau Comité de concertation réuni ce vendredi a décidé d'alléger le port du masque pour les enfants et de mettre fin au télétravail obligatoire.
Au terme du Comité de concertation, Alexander De Croo a déclaré que les Belges ont fait un «énorme pas» en avant vers la normalité, mais qu'ils doivent aussi rester vigilants © PHOTO: dpa
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Relâcher la pression, mais comment ? Le Comité de concertation qui s'est réuni vendredi après-midi sous la direction du Premier ministre Alexander De Croo était annoncé sous le signe de la détente, après des semaines de tensions sanitaires et politiques. Ces derniers jours, plusieurs ministres fédéraux avaient demandé l'abandon de certaines mesures, dont celle contraignant à l'arrêt le monde de la nuit (discothèques, clubbing, etc.). D'où la question de savoir jusqu'à quel point ce codeco desserrerait la bride.
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Le message envoyé par le monde politique est tout aussi limpide qu'optimiste. Dès le 18 février, la Belgique passera du code rouge (le niveau d'alerte le plus élevé) au code orange (le niveau moyen). En conséquence, un allègement des mesures peut être mis en place.
Concrètement, le télétravail qui était obligatoire quatre jours sur cinq par semaine n'est désormais plus que fortement recommandé. Si elles le souhaitent, les entreprises peuvent ainsi retrouver leur fonctionnement d'avant la crise. L'objectif est aussi de diminuer la charge psychologique que le travail à distance fait peser sur les travailleurs.
Le Covid safe ticket reste obligatoire dans l'horeca
Le port du masque à l'école, dans les transports en commun et dans les lieux clos n'est plus obligatoire en dessous de 12 ans. Prise le 3 décembre dernier en dépit des contestations, la mesure a été défendue jusqu'à ce vendredi par le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke qui a dû finalement plier face à ses opposants. Le masque reste toutefois obligatoire pour les plus de douze ans.
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La fermeture de l'horeca n'est plus imposée à minuit. Le nombre de places à table n'est plus limité. Seul le personnel des restaurants et des cafés devra désormais porter le masque.
Les discothèques pourront rouvrir dès jeudi prochain, le public pourra être debout lors des concerts dans les grandes salles et la jauge pourra atteindre les 100% dans les lieux de spectacle qui observent les normes de ventilation.
Toutefois, le Covid safe ticket (CST, pass sanitaire ) reste obligatoire dans l'horeca, lors des événements publics et des activités en groupe. Bien que son utilité soit désormais contestée par certains experts.
Un « énorme pas » en avant vers la normalité
Ces décisions résultent comme chaque fois d'un équilibre entre réalités sanitaires, attentes de la population et enjeux politiques. Les signaux venus de l'étranger combinés à l'amélioration relative des données pandémiques impliquaient que ce Comité de concertation desserre la vis, ne fût-ce que légèrement.
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Le nombre d'admissions à l'hôpital reste important, mais diminue de jour en jour (-18% en une semaine). La tendance s'est stabilisée dans les unités de soins intensifs avec 403 lits occupés, une indication qui a plaidé clairement pour le passage au code orange. Les écoles se remplissent de nouveau, après un mois de janvier où un absentéisme record a plombé tous les secteurs de la société.
La pandémie n'est pas terminée, tant s'en faut. Extrêmement contagieux, le variant omicron force encore de nombreuses personnes à se mettre en quarantaine, même s'il se révèle moins dangereux pour leur santé. Le testing et le tracing sont dépassés.
Au terme du Comité de concertation, Alexander De Croo a déclaré que les Belges ont fait un «énorme pas» en avant vers la normalité, mais qu'ils doivent aussi rester vigilants. «Les derniers mois ont été difficiles, mais on a tenu bon. Tous ensemble. Je tiens à remercier tous les Belges (…) Cette maladie n'est pas une grippe saisonnière. Mais nous avons appris à nous immuniser. Le printemps sera plus joyeux, nous serons plus festifs. Mais beaucoup de choses dépendront encore de notre comportement». Le ministre-président wallon Elio Di Rupo a pour sa part espéré que « durant la première quinzaine du mois de mars, on pourra passer au code jaune (le niveau d'alerte le moins élevé) et aussi se libérer de manière plus importante».
Ces derniers jours, Alexander De Croo avait plaidé en faveur d'une approche progressive du déconfinement. A la Chambre, jeudi, il avait souligné que «nous avons toujours assoupli étape par étape; nous devons conserver cette méthode». Interrogé sur l'obligation vaccinale, il avait renvoyé au Parlement qui mène actuellement des auditions sur cette mesure pendante depuis près d'un an, et dont personne ou presque ne souhaite prendre la responsabilité.
L'opposition lui avait par ailleurs demandé des comptes sur le maintien du CST, rappelant la promesse selon laquelle ce sésame ne serait pas exigé des Belges un jour de trop. Plusieurs pays européens annoncent qu'ils n'imposeront plus le pass sanitaire dans les semaines qui viennent.