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Energie

La Belgique planche sur la fermeture du gaz russe

Autorités et fournisseurs élaborent une série de scénarios face au risque d'un approvisionnement moindre en énergie dans les mois qui viennent.

La Belgique ne consomme que peu de gaz russe, puisqu'il ne représente que 6,5% de ses importations.

La Belgique ne consomme que peu de gaz russe, puisqu'il ne représente que 6,5% de ses importations. © PHOTO: AFP

Max Helleff

De notre correspondant MAX HELLEFF (Bruxelles) - Le gouvernement De Croo et les secteurs concernés planchent en ce moment sur les alternatives qui pourraient être mises en place en cas de difficulté d'approvisionnement en gaz et en pétrole. La guerre russo-ukrainienne, le risque qu'elle fait peser sur l'indépendance énergétique du pays et la montée des prix ne leur donnent pas d'autres choix que d'élaborer une série de scénarios. Et cela, bien que ce soit l'augmentation de la facture davantage que l'accès aux énergies qui pose surtout problème en ce moment.

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La Belgique ne consomme que peu de gaz russe, puisqu'il ne représente que 6,5% de ses importations contre 43% pour le gaz venu de Norvège. Mais en raison du mécanisme qui lie les pays européens entre eux, un approvisionnement moindre ou une pénurie de gaz russe en Europe occidentale auraient des conséquences sur le royaume. L'opérateur Fluxis explique qu'un arrangement pourrait dans ce cas être trouvé avec les Pays-Bas pour «rerouter» du gaz vers la Belgique ou que du gaz pourrait être échangé certains jours avec l'Allemagne en fonction des besoins des deux pays. Reste le scénario le plus extrême où, l'approvisionnement rompu ou fortement réduit, la Belgique n'aurait d'autre choix que de se rationner drastiquement.

Une solution aussi radicale impliquerait que le gouvernement décrète une phase d'urgence. Trois niveaux existent, le stade le plus élevé de l'alerte étant déclenché par le gouvernement lorsque «toutes les mesures pertinentes fondées sur le marché ont été mises en œuvre sans que l'approvisionnement en gaz soit suffisant pour satisfaire la demande de gaz restante, de sorte que des mesures supplémentaires, non fondées sur le marché, doivent être mises en place, en vue, en particulier, de garantir l'approvisionnement en gaz des clients protégés». Le ministère de l'Economie estime toutefois que la situation actuelle est loin d'impliquer le niveau d'alerte maximum.

Un rationnement du secteur industriel?

Cependant, il n'est pas impossible que les Belges voient malgré tout leur approvisionnement peu ou prou réduit à un moment donné. Les restrictions des années 50 et 70, lorsque des journées sans voitures avaient succédé respectivement à la crise de Suez et à la crise pétrolière, tiennent lieu de point de référence. On n'en est pas là, même si officiellement les ménages et entreprises sont déjà appelés à faire attention à leur consommation d'énergie au quotidien.

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Le secteur industriel devrait être le premier à fermer les vannes si besoin. «Les gros industriels, premiers rationnés en cas de pénurie de gaz», titrait récemment le quotidien L'Echo. Selon le ministère de l'Economie, «il est prévu que ces entreprises soient obligées de diminuer leur consommation, mais à un niveau qui reste supérieur au minimum historique de leur consommation». Les entreprises Seveso - Air Liquide, BASF Anvers, Umicore, etc. - seraient traitées plus favorablement.

La mesure passerait d'abord par une déconnexion… administrative. Ensuite, s'il le faut, les vannes des entreprises récalcitrantes pourraient être fermées. Des ménages seraient impactés dans certains cas si des conduites étaient bloquées. Mais les services sociaux essentiels, les services d'éducation ou les administrations devraient être épargnés un temps.

L'analyse de la consommation des industriels indique que certains d'entre eux ont déjà spontanément réduit leur consommation de gaz, afin d'alléger la facture. Un geste qui suppose une production moindre a priori, avec le risque théorique que l'entreprise réduise aussi sa main-d'œuvre si cette situation venait à perdurer.

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