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La Belgique sévère pour les voyages à l’étranger

Tests et quarantaines pourraient être imposés pour des séjours de moins de 48 heures au-delà des frontières nationales.

Le biostatisticien Geert Molenberghs conseille néanmoins nécessaire d’exempter les déplacements professionnels, et notamment les va-et-vient des frontaliers.

Le biostatisticien Geert Molenberghs conseille néanmoins nécessaire d’exempter les déplacements professionnels, et notamment les va-et-vient des frontaliers. © PHOTO: Guy Jallay

Max Helleff

De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - Le ton est de nouveau à l’urgence en Belgique où les contaminations sont reparties à la hausse. Entre le 7 et le 13 janvier, il y a eu en moyenne 1.997 nouvelles infections au coronavirus par jour (+11%), selon les données publiées par l'Institut de santé publique Sciensano. 45.000 tests sont pratiqués journellement, avec un taux de positivité de 5%.

Le pays reste donc bien au-dessus du seuil des 800 infections par jour sous lequel un premier déconfinement pourrait être envisagé selon le gouvernement De Croo. En dépit de la baisse des hospitalisations et des admissions en soins intensifs, il faut s’attendre à un énième serrage de vis. La perspective de voir de nouveaux variants se propager n’arrange rien. On estime à 100 le nombre de Belges actuellement contaminés par le variant britannique. En réalité, ils seraient cent fois plus nombreux, avertit un scientifique.

D'autres mesures sous le coude

Toute l’attention se porte sur les voyages. La crainte d’une redite du retour calamiteux des vacances de Carnaval 2020 incite les autorités et les scientifiques à réfléchir à une autre gestion des frontières. Pour l’instant, toute personne ayant séjourné dans un pays de l’Union européenne pendant plus de 48 heures doit remplir un formulaire PLF à son retour et se mettre en quarantaine si elle se trouvait en zone rouge. Mais tous ceux qui reviennent au pays en un laps de temps plus court échappent à la mesure. Le délai de 48 heures pourrait donc être supprimé, ou raccourci, à défaut de pouvoir prononcer une interdiction générale de voyager.

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Un groupe d’experts qui conseille le gouvernement – le GEMS - préconise d’interdire les voyages non essentiels ou - si ce n’est pas possible - de tester et de mettre en quarantaine tous ceux qui ont voyagé, quelle que soit la durée de leur séjour à l’étranger. Ce groupe avance d’autres mesures en cas d’aggravation de la situation: extension du couvre-feu, nouvelle fermeture des magasins non essentiels, port d’un masque buccal à l’école dès le plus jeune âge... On n’en est toutefois pas encore là.

Fermeture «injustifiée» des frontières

Le biostatisticien Geert Molenberghs (KU Leuven/UHasselt) estime qu’il est «nécessaire de définir de manière aussi claire que possible ce que sont les voyages essentiels, et ceux qui peuvent les entreprendre». Il conseille toutefois d’exempter les déplacements professionnels (les va-et-vient des frontaliers, notamment), les membres des familles recomposées binationales ou encore les jeunes qui fréquentent une école située de l’autre côté de la frontière. «Nous ne pourrons pas interdire ces voyages-là», insiste-t-il.

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Le monde politique est circonspect. Le ministre-président wallon Elio Di Rupo juge que fermer les frontières sera «compliqué», tout en appelant à rester au pays. «Renoncer à partir au Carnaval, c’est être solidaire», dit-il. Dans les colonnes du ‘Soir’, son homologue germanophone, Oliver Paasch, se préoccupe du sort des transfrontaliers : «Une fermeture des frontières serait pour moi totalement inacceptable et injustifiée. Des milliers de personnes traversent chaque jour la frontière pour travailler, faire une course particulière, voir leurs enfants…» Que faire en effet «quand on perd sa carte de banque et que le compte est au Luxembourg ?»

Les jours qui viennent seront cruciaux. Entretemps, les statistiques officielles ont confirmé le triste bilan humain de l’année dernière. La mortalité a connu une hausse de 16% en 2020. Mars et avril n’avaient plus été aussi meurtriers depuis 1840.

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