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Procès des attentats de Bruxelles

La défense minimise le rôle des accusés bruxellois

Mohamed Abrini et Salah Abdeslam seraient restés en retrait de la préparation des attentats du 22 mars 2016, selon leurs avocats.

Salah Abdeslam avait en effet affirmé aux enquêteurs français qu'il aurait dû actionner sa ceinture explosive devant le Stade de France, avant de requalifier sa cible.

Salah Abdeslam avait en effet affirmé aux enquêteurs français qu'il aurait dû actionner sa ceinture explosive devant le Stade de France, avant de requalifier sa cible. © PHOTO: AFP

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles)

Le procès des attentats de Bruxelles poursuit son petit bonhomme de chemin, amenant ici des précisions, là des contradictions. Mais l'on attend toujours de comprendre pourquoi les accusés- qui sont ou non présents dans le box- ont un jour entrepris de frapper la capitale de l'Europe.

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Tout au long de la semaine, les avocats de la défense ont interrogé les enquêteurs et les juges d'instruction, lesquels s'étaient succédé à la barre entre le 21 décembre et le 10 février. À ce titre, tout ce qui concerne Mohamed Abrini est de première importance, puisque «l'homme au chapeau» a été mêlé aux préparatifs des attentats jusqu'au dernier moment. Ce n'est que quelques minutes avant les explosions qui ont tué 16 personnes dans le hall des départs de Brussels Airport le 22 mars 2016 qu'il a renoncé à faire exploser sa bombe.

Laura Pinilla, l'avocate d'Abrini, a relevé certaines contradictions dans le chef des enquêteurs. Et par là, un manque de précisions qui soulève fatalement des questions quant à l'exactitude de leur version. Ainsi, dit-elle, du Nustasium, un médicament aidant à l'endormissement, a bien été retrouvé dans la planque de la rue Max Roos, contrairement à ce qu'ont affirmé les policiers. Une photo en atteste. Ainsi, poursuit-elle en s’opposant au procureur général, «Mohamed» s'est bien rendu en Syrie. «Il voulait aller sur la tombe de son frère, car il n'a pas vraiment pu faire son deuil, étant donné qu'il était en prison» au moment du décès.

Un fardeau?

La défense tente ainsi de réduire la responsabilité de Mohamed Abrini. Lors de ses interrogatoires, l'«homme au chapeau» a répété qu'il n'a eu d'autre choix que de suivre les kamikazes de Zaventem et de Maelbeek. Lui, il voulait se marier. Son avocate explique en outre que ses connaissances en matière d’explosifs se bornaient à ce que lui avait appris Najim Laachraoui, l'artificier de la cellule terroriste qui allait se faire exploser avec Ibrahim El Bakraoui à l’aéroport.

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Abrini aurait en outre posé le sac qui contenait sa bombe à l'horizontale dans le hall des départs, alors que ses deux complices ont dressé le leur à la verticale pour tuer avec plus d'efficacité. Me Pinilla en arrive à se demander si son client n'était pas «un fardeau pour les deux autres ce jour-là». La défense doute encore que les testaments retrouvés dans l'ordinateur abandonné par les terroristes dans une poubelle de la rue Max Roos, là où ils étaient en planque, soient bien ceux de leur client.

Dans de tels moments, tous les regards se tournent habituellement vers l'accusé, à la recherche d'un tressaillement, d'une expression. Mais Mohamed Abrini est absent. Il veut de nouveau protester contre les fouilles à nu et les conditions de transfert. Pour ses défenseurs, le dossier des conditions de transfert est directement lié au procès d’assises.

Abdeslam aurait dû se faire exploser dans un bistro

Une stratégie assez proche a été adoptée par la défense de Salah Abdeslam. Elle a cherché à minimiser le rôle que le terroriste survivant des attentats de Paris a pu jouer dans ceux de Bruxelles. En renonçant au suicide dans la capitale française le 13 novembre 2015, Abdeslam se serait mis en marge du commando. Devant la cour bruxelloise, son avocate a relevé que l'accusé était censé déclencher sa ceinture d'explosifs dans un café après avoir déposé les autres kamikazes au stade de France, élément qui figure bien dans l'arrêt de la cour d’assises de Paris, mais qui n’avait pas encore été souligné devant les jurés bruxellois.

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Dans un premier temps, Salah Abdeslam avait en effet affirmé aux enquêteurs français qu'il aurait dû actionner sa ceinture explosive devant le Stade de France, avant de requalifier sa cible. Pour rappel, la cour d'assises de Paris l'a condamné en juin dernier à la réclusion perpétuelle, cette peine étant incompressible.

Le renoncement parisien de Salah Abdeslam aurait en quelque sorte scellé la fin de sa quête. Revenu à Bruxelles, dira son avocate, il n'a pas été accueilli très chaleureusement par ses complices dans l'appartement de l'avenue Henri Bergé, à Schaerbeek. Aucun élément le concernant n'a été en outre retrouvé dans les planques bruxelloises où ont été préparées les bombes.

Un homme est toutefois mort pour avoir voulu couvrir la fuite de Salah Abdeslam. Le 15 mars 2016, soit une semaine avant les attentats de Bruxelles, un certain Mohamed Belkaïd a perdu la vie dans un affrontement avec les policiers à la rue du Dries, à Forest. Ce sera le début de la fin de la cavale de Salah Abdeslam et de Sofien Ayari qui seront arrêtés le 18 mars à Molenbeek. Quatre jours encore, et les attentats ensanglanteront la capitale belge. On ne sait pas à ce stade si Abdeslam y fut pour quelque chose.

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