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Du matériel mais pas de soldats

La «ligne rouge» ukrainienne de la Belgique

Pas de soldats belges sur le champ de bataille, promet le Premier ministre Alexander De Croo.

Pas de soldats belges sur le théâtre de la guerre en Ukraine, c'est la promesse d'Alexander De Croo.

Pas de soldats belges sur le théâtre de la guerre en Ukraine, c'est la promesse d'Alexander De Croo. © PHOTO: Shutterstock

Max Helleff

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles)

A l'approche du 24 février, jour anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les alliés de Kiev réitèrent leur soutien. Le Français Emmanuel Macron vient ainsi de déclarer, à l'occasion de la 59e conférence de Munich, que la Russie était devenue «une puissance du désordre», dont les projets en Ukraine doivent «échouer». «L'heure n'est pas au dialogue» avec Vladimir Poutine, estime encore le président, qui se dit prêt à «un conflit prolongé».

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Dans un tel contexte, la position de la Belgique est délicate. L'appui du royaume à l'Ukraine est indéfectible, a rappelé en janvier dernier le Premier ministre Alexander De Croo lors d'une rencontre avec le président Zelensky. Mais ses ressources militaires ne sont pas celles de la France ou de la Grande-Bretagne, son incapacité à envoyer des chars d'assaut sur le champ de bataille rappelant cette réalité.

Du matériel mais pas de militaires

A lire les éditoriaux de la presse, la crainte de voir la Belgique embarquée dans un conflit ouvert avec la Russie répond en écho aux déclarations officielles de soutien à l'Ukraine. Alexander De Croo se veut toutefois rassurant: il n'est pas question que des Belges aillent se battre sur le sol ukrainien. Ce serait la ligne rouge à ne pas franchir.

«Soyons clairs, ce que l'on veut, nous, Européens, c'est la paix en Ukraine», confiait récemment De Croo au Soir. «Ce que nous faisons, c'est tout pour que les Ukrainiens puissent revivre en paix. A court terme, cela veut dire les aider à se défendre contre l'offensive de l'extérieur, et cela, on le fait en leur donnant du matériel militaire, aussi humanitaire bien sûr ».

L'épineuse question des avions

Le Premier ministre explique alors pourquoi la Belgique a refusé d'envoyer des avions: «Nous en avons besoin, notamment pour les actions défensives dans les pays baltes, mais aussi pour sécuriser notre espace aérien (NDLR : ainsi que celui des Pays-Bas et du Luxembourg), ou encore pour former nos pilotes. D'autres pays sont plus à même d'être concernés par ce type de demande, c'est à eux de juger.»

Mais à suivre Alexander De Croo, «la ligne rouge de la Belgique reste celle-ci : pas de troupes sur le terrain.» Pour revenir à l'aviation, «c'est du matériel, ce ne sont pas des hommes ou des femmes qui partent faire la guerre»...

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Une telle déclaration suggère que la Belgique continuera à suivre ses alliés occidentaux plus ou moins à distance, et cela alors que la fourniture des avions à l'Ukraine revient sur le tapis. La Pologne est en effet favorable à l'envoi de chasseurs pour aider Kiev si cela se fait dans le cadre d'une «coalition élargie» sous la direction des Etats-Unis. La course contre-la-montre redouble ainsi alors que les forces russes ont repris l'initiative et mènent l'offensive dans la région de Lougansk.

Les F-35 belges encore sur la chaîne d'assemblage

Dans de telles conditions, il reste à voir si les F-16 belges resteront au hangar. Modernisés à plusieurs reprises, ces appareils sont réputés dépassés bien qu'ils aient donné toute satisfaction lors des opérations contre Daech en Irak et en Syrie. Leurs successeurs, les F-35 chasseurs-bombardiers américains, n'ont pas encore été livrés. En novembre dernier, la Défense avait annoncé que le premier des avions destinés à la force aérienne belge se trouvait sur la chaîne d'assemblage du groupe américain Lockheed Martin située à Fort Worth, dans l'État du Texas.

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Le timing n'est donc pas idéal pour la Belgique. Mais pour l'instant, chacun se raccroche à cette promesse du Premier ministre De Croo: pas de troupes belges en Ukraine.

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