La mission des informateurs belges prolongée
Après un mois de discussions avec les partis politiques, les deux informateurs royaux n'ont pu aboutir à une solution. Le roi Philippe leur demande de poursuivre le travail jusqu'au 28 janvier.
Le libéral Georges-Louis Bouchez est reparti pour un tour. Avec Joachim Coens, il doit clarifier les positions des différents partis. © PHOTO: AFP
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Treize mois se sont écoulés depuis la chute du gouvernement Michel en décembre 2018 et la Belgique n'a toujours pas de gouvernement. Lundi, les deux informateurs royaux Georges-Louis Bouchez et Joachim Coens ont remis leur rapport au souverain sans que l'once d'une solution viable n'apparaisse.
Ce constat semble devoir se passer de commentaires. Seul un communiqué de presse du palais a annoncé le prolongement de la mission des deux informateurs jusqu'au 28 janvier. A charge pour eux de «clarifier davantage les positions» des différents partis. Avec toujours, en bout de mire, la très hypothétique perspective d'une alliance entre le Parti socialiste francophone et la N-VA nationaliste flamande.
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Jusqu'à ce week-end toutefois, c'est une tout autre coalition qui était donnée favorite. La «Vivaldi» (ou «quatre couleurs») aurait rassemblé les socialistes, les écologistes, les libéraux, mais aussi les chrétiens-démocrates flamands du CD&V. C'est au son du «Printemps» des «Quatre Saisons» de Vivaldi qu'un montage vidéo avait été projeté la veille lors du congrès du Mouvement réformateur.
Mais c'était sans compter avec les chrétiens-démocrates flamands qui s'accrochent mordicus à l'idée d'un gouvernement impliquant la N-VA de Bart De Wever. L'un de leurs négociateurs, l'actuel ministre de la Justice Koen Geens, répète à l'envi que son parti veut «une large majorité en Flandre qui soutienne la coalition». Mathématiquement, elle devrait donc inclure les nationalistes de la N-VA.
Double jeu
Les chrétiens-démocrates flamands sont sur la défensive. Ils craignent de boire le bouillon en s'associant à un gouvernement dont seraient absents les nationalistes flamands. Leur échec profiterait en effet électoralement à la N-VA. L'alternative voudrait que les nationalistes disent clairement qu'ils ne veulent pas entrer au gouvernement, sachant que les socialistes francophones y seront en force dans tous les cas de figure.
Au contraire, la N-VA fait tout pour brouiller les pistes. Ce week-end, Bart De Wever a fait un appel du pied en direction de la gauche, plaidant pour un relèvement des petites pensions et laissant entendre qu'il était prêt à son tour à mener les discussions pré-gouvernementales. Mais cette intervention a été perçue par ses adversaires politiques, comme par une partie de la presse, comme une énième tentative de se poser en victime. La N-VA, estiment ceux-ci, ne veut pas gouverner, mais elle ne veut pas non plus porter la responsabilité de l'échec des pourparlers actuels.
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Le «front flamand» dont rêvent les chrétiens-démocrates n'est pas infaillible. Les libéraux flamands se disent ainsi prêts à s'aligner aux côtés des «bleus» francophones dans une coalition gouvernementale. En guerre contre Bart De Wever, leur présidente Gwendolyn Rutten affirme qu’il n'y a «pas de blocage, pas de front, mais un lien entre Flamands et Wallons. Il nous faut un pays meilleur, un projet positif, et le seul moyen de travailler ensemble est de trouver des solutions.» « L'axe libéral prime sur l'axe flamand», ajoute le vice-Premier ministre Alexander De Croo.
L'addition de ces paramètres plaide à nouveau en faveur d'une coalition qui réunirait les socialistes, les écologistes et les libéraux. Cet «arc-en-ciel» ne bénéficierait toutefois que d'une très courte majorité à la Chambre, d'où la nécessité d’emporter l'assentiment des chrétiens-démocrates. L'histoire repasse les plats…