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La N-VA de Bart De Wever fait durer le suspense

Les nationalistes flamands multiplient les déclarations contradictoires, rendant plus opaque que jamais le jeu politique belge.

Pour Bart De Wever et la N-VA, le «confédéralisme» constitue plus que jamais la solution.

Pour Bart De Wever et la N-VA, le «confédéralisme» constitue plus que jamais la solution. © PHOTO: AFP

Max Helleff

La question a fini par tourner à l'Arlésienne: la N-VA de Bart De Wever participera-t-elle (ou non) au prochain gouvernement fédéral?

Oui, s'il faut en croire l'un de ses hommes forts, l'ancien secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration Theo Francken. «Nous sommes le plus grand parti de Belgique, il est logique d’en faire partie», assure-t-il dans La Dernière Heure.

Non, à suivre le ministre-président flamand Jan Jambon, lui aussi N-VA, qui déplore que «de plus en plus de gens voient que ce pays est devenu ingouvernable». Alors pourquoi s'aventurer dans un gouvernement qui serait inopérant en raison de l'animosité opposée aux nationalistes flamands par ses partenaires? laisse-t-il entendre. «Je vois que la Belgique ne fonctionne pas», appuie Jambon dans les colonnes du Tijd.

«Agir en hommes d'Etat»

La N-VA n'a en réalité pas varié d'un iota: pour elle, le «confédéralisme» constitue plus que jamais la solution à ce qu'elle dénonce comme l'ingouvernabilité de la Belgique. «Il peut être mis en place maintenant. Il ne faut pas de nouvelles élections pour ça. Cela demande seulement de la volonté politique et d'agir en hommes d'Etat», affirme Jan Jambon. Quant à l'indépendance de la Flandre, il la juge précipitée. «C'est ce que veut mon parti. Mais il y a en ce moment trop peu de soutien pour cela, je le crains.»

A ce stade, les informateurs royaux Georges-Louis Bouchez et Joachim Coens ne peuvent qu'acter l'impossibilité d'une collaboration avec la N-VA - ils doivent faire rapport au roi lundi. A fortiori si l'on sait que Jan Jambon se déclare prêt à rompre le cordon sanitaire qui confine le Vlaams Belang (extrême droite) dans l'opposition depuis 40 ans, un véritable tabou dans la vie politique belge.

«Leur contribution est à peu près inoffensive»

«J'ai toujours dit, rappelle le ministre-président flamand, que je trouvais peu judicieux d'exclure par avance le Vlaams Belang des négociations. Nous leur faisons chaque fois un incroyable cadeau. Ils ne doivent jamais prouver que leur programme peut être confronté à la réalité. C'est pourquoi je peux imaginer de les prendre dans un gouvernement, certainement si un troisième parti est nécessaire. Cela prouverait que leur contribution est à peu près inoffensive.»

Et si Jan Jambon assure d'un côté qu’une telle alliance «n'est pas à l'ordre du jour», il affirme de l'autre qu’elle pourrait être «envisageable» pour aboutir à une nouvelle réforme de l'Etat…

Lire aussi :Un gouvernement belge dans l’année

En dépit de ces déclarations absolument indigestes pour le «camp» francophone, des voix continuent à s’élever pour que la N-VA reprenne les commandes des discussions entre partis, deux mois après l’échec du nationaliste flamand Geert Bourgeois. Le tandem qu'il formait alors avec le socialiste francophone Rudy Demotte avait rapidement jeté l'éponge. Aucun pont ne pouvait être tendu entre le PS et la N-VA, avaient-ils assuré au roi.

Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Mais la question reste fondamentalement la même. Elle consiste à savoir si les libéraux et les chrétiens-démocrates flamands sont prêts à laisser la N-VA dans l'opposition pour monter à bord du futur gouvernement fédéral - avec cette difficulté qu'ils collaborent déjà avec elle au sein de l'exécutif régional flamand. Les rangs des deux partis restent divisés. Même si leur futur ralliement aux libéraux francophones, ainsi qu'aux écologistes et aux socialistes du sud et du nord du pays, constitue aujourd'hui l'option la plus vraisemblable.

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