Le bilan du président Emmanuel Macron
Emmanuel Macron brigue un deuxième mandat de président. Son bilan est toutefois mitigé.
Emmanuel Macron, candidat de La République en marche (LREM) à la présidentielle, fait campagne à Dijon. © PHOTO: AFP
De notre correspondante Christine LONGIN (Paris) - Le cabinet d'Emmanuel Macron publie chaque semaine son agenda officiel, même en période de campagne électorale. Les appels téléphoniques sur la guerre en Ukraine, les sommets à Bruxelles et les réunions hebdomadaires du cabinet y figurent. Les obligations d'un chef d'État, en somme.
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Mais Emmanuel Macron est également candidat à l'élection présidentielle qui aura lieu dans dix jours. Comme l'homme de 44 ans n'a guère le temps de faire campagne, son parti publie chaque semaine une vidéo sur Internet. «Le candidat» est le nom de la série, qui commence généralement par un trajet en voiture. On y voit un chef d'État en dialogue avec les citoyens, un homme d'action en manque de chemise ou un père de la nation pensif. Mais ces courts métrages ne peuvent pas non plus répondre à la question de savoir pourquoi Emmanuel Macron se présente pour un deuxième mandat.
Plutôt conservateur de droite
Bien sûr, l'ancien ministre de l'Économie veut achever ce qu'il n'a pas pu terminer au cours des cinq premières années. «Je veux encore faire bouger les choses», dit-il. La réforme des retraites, par exemple, qui est officiellement restée en plan à cause de la pandémie. Au cours d'un deuxième mandat, Emmanuel Macron veut désormais faire passer l'âge de la retraite de 62 à 65 ans.
Lors de la conférence de presse de quatre heures au cours de laquelle il a présenté son programme mi-mars, il a également annoncé une réforme de l'aide sociale. Il faudra à l'avenir travailler au moins 15 heures pour recevoir l'argent de l'État. Du candidat qui, avec son parti La République en marche, se voulait il y a cinq ans «à la fois de droite et de gauche», il ne reste donc plus que le pilier de la droite conservatrice.
Plus jeune président de France
Lorsqu'Emmanuel Macron a été élu plus jeune président de France en 2017, les attentes étaient élevées. Ce fils d'un couple de médecins avait montré dans sa vie privée qu'il était capable de franchir les limites. Au lycée, il a entamé une relation avec son enseignante Brigitte Trogneux, de 24 ans son aînée, qu'il a épousée en 2007.
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Après avoir été diplômé de plusieurs écoles d'élite, il a d'abord suivi le chemin de nombreux hauts fonctionnaires en tant qu'inspecteur des finances. En 2008, il a toutefois brisé le schéma habituel et est devenu banquier d'affaires chez Rothschild. Quatre ans plus tard, il quitte ce poste lucratif pour rejoindre l'Élysée aux côtés du président socialiste François Hollande en tant que secrétaire général adjoint. En 2014, Hollande l'a appelé à devenir le plus jeune ministre de l'Économie de France.
Un élan réformateur brisé
Lorsque le socialiste ne s'est pas présenté pour un second mandat en raison de sondages catastrophiques, son protégé s'est porté candidat à la présidence. Le calcul d'Emmanuel Macron, qui consistait à briser l'ancien clivage droite-gauche et à créer une force du centre, a fonctionné : il a remporté les élections avec 66% contre la populiste de droite Marine Le Pen. Il a nommé dans son gouvernement avant tout des conservateurs de premier plan, comme le chef du gouvernement Edouard Philippe.
Le président Emmanuel Macron n'a guère de temps à consacrer à la campagne électorale. © PHOTO: AFP
Dès le soir de sa victoire électorale, Macron s'est mis en scène comme un Européen dans la cour du Louvre. Quelques semaines plus tard, il a présenté une série d'idées de réformes pour l'UE dans son discours à la Sorbonne. Parallèlement, il a également fait avancer les réformes dans son propre pays. Sans grande résistance, il a modifié le droit du travail et réformé la SNCF.
Mais l'arrogance dont il a fait preuve dans ses commentaires désobligeants à l'égard des chômeurs et des personnes défavorisées lui a ensuite été fatale. A l'automne 2018, des centaines de milliers de manifestants vêtus de gilets jaunes sont descendus dans la rue contre le «président des riches», à qui ils reprochaient de ne rien connaître de la réalité de leur vie. Des mesures à coups de milliards et des heures de discussion avec les citoyens ont désamorcé les violentes manifestations, mais l'élan réformateur d'Emmanuel Macron était brisé.
Rôle de médiateur
Dans la pandémie de coronavirus, le président n'a pas non plus fait bonne figure dans un premier temps. Il s'est adressé à ses compatriotes avec des mots martiaux et leur a imposé des mesures draconiennes. Ce n'est que lorsqu'il s'est décidé à laisser les écoles ouvertes et à imposer une sorte d'obligation vaccinale atténuée qu'il a obtenu, outre les protestations, une grande reconnaissance. 43 % des Françaises et des Français étaient satisfaits de sa gestion de la pandémie à la fin de l'année 2021.
De même, 60 % de ses compatriotes voient d'un bon œil son rôle de gestionnaire de crise dans la guerre en Ukraine. Cela pourrait suffire pour remporter les élections. Mais le second mandat de Macron ne devrait pas être de tout repos.