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Justice

Le gouvernement belge a-t-il été berné par Avrox?

La société basée au Luxembourg avait livré des millions de protections anti-covid non conformes à la Belgique. Le parquet de Bruxelles confirme ses soupçons de faux, escroquerie et blanchiment d'argent.

Les responsables du marché signé sont à chercher du côté du ministère de la Défense.

Les responsables du marché signé sont à chercher du côté du ministère de la Défense. © PHOTO: Patrick Jacquemot

Patrick Jacquemot

Des masques, des masques, des masques... En ce printemps 2020, c'était l'obsession des particuliers mais aussi des gouvernements. Trouver les pièces qui permettraient de réduire au mieux la circulation de ce coronavirus qui se répandait -déjà- comme une traînée de poudre. Le Grand-Duché avait fait ses achats, et la Belgique aussi. Bruxelles, et plus précisément le ministère de la Défense, avait alors retenu la société Avrox pour lui assurer de quoi protéger sa population. Erreur.

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Erreur car si la commande a bien été passée, jamais l'entreprise n'a été en mesure de fournir dans les temps, dans la qualité requise et aux quantités exigées à chaque date-butoir (15 millions d'unités) lesdits masques. Pire, la distribution des protections buccales reçues a dû être interrompue. Trop de doutes sur une possible toxicité du tissus employé planant. Bref, la justice a fini par s'en mêler, procéder à l'arrestation des responsables de la société luxembourgeoise.

Laurent Hericord dixit

Le dirigeant d'Avrox mis en cause par la justice belge a contacté notre rédaction tenant à indiquer «La totalité des 15 millions de masques a bien été livrée à l'Etat belge, et tous étaient conformes aux exigences du contrat-cadre. Il ont d'ailleurs été validés par le commanditaire, à savoir la Défense belge».

Mais depuis l'été 2021, les magistrats se faisaient particulièrement discrets. Cependant lundi, le parquet de Bruxelles a finalement confirmé au quotidien De Tijd que l'instruction avait, en partie, fait la lumière sur ce qui, jusqu'alors, n'était qualifié que de «faits possibles» de fraude. Ainsi, d’après Sarah Durant, porte-parole du parquet de Bruxelles « quatre personnes sont soupçonnées pour des faits de faux, escroquerie et blanchiment d'argent» dans cette affaire à 32 millions d'euros..

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Selon la RTBF, la porte-parole du parquet a confirmé que «le juge d'instruction part du principe qu'il y a bien eu une fraude». La justice avait été saisie, peu de temps après l'attribution du marché public à Avrox, par plusieurs entreprises belges s'étant estimées injustement exclues de l'appel d'offres des autorités.

Dans une interview donnée à Wort.lu/fr, un des dirigeants de la société mise en cause -Laurent Hericord- confessait pourtant : «Nous n'avons pas à rougir de ce que nous avons fait avec la Belgique».

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