Le gouvernement De Croo s'accorde sur le prix de l'électricité
Depuis plusieurs semaines, ce dossier sensible menaçait l'équilibre de la coalition Vivaldi au pouvoir.
Le gouvernement fédéral belge a décidé d'abaisser la TVA sur l'électricité de manière temporaire à 6%, du 1er mars au 1er juillet. © PHOTO: Luxemburger Wort
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Le gouvernement De Croo s'offre une paix des braves au moment où il offre aux Belges une réduction sur leur facture énergétique. Mais il s'en est fallu de peu que les tensions des dernières semaines ne ruinent le fragile équilibre de la coalition Vivaldi d'Alexander De Croo.
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Concrètement, le gouvernement fédéral a décidé d'abaisser la TVA sur l'électricité de manière temporaire à 6%, du 1er mars au 1er juillet ; le gaz reste, lui, à 21%. Un chèque de 100 euros, sous forme de réduction directe sur la facture d'électricité, sera accordé. Un tarif social renforcé dédié aux plus fragiles est prolongé jusqu'à la fin du mois de juin. Au total, ces nouvelles mesures représenteraient un coût de 1.1 milliard d'euros.
Mais ce sera un prêté pour un rendu. Parallèlement aux mesures d'allégement, le gouvernement met en place un «système de cliquet inversé» qui régulera les taxes pesant sur les énergies en fonction des fluctuations de prix. Les droits d'accises pourront ainsi de nouveau augmenter lorsque les prix descendront sous un certain niveau. Les accises se réduiront en revanche lorsqu'ils remonteront.
Pas d'aide pour le gaz domestique
Le «cliquet inversé» répond aux exigences de ceux qui, tel le Premier ministre Alexander De Croo, craignent que la baisse des accises ne plombe plus encore les caisses publiques.
Un bémol: les utilisateurs du gaz domestique ne bénéficieront pas de la baisse de la TVA et de la réduction de la facture au motif que tous les Belges ne l'utilisent pas, contrairement à l'électricité. C'est pourquoi ce train de mesures longuement attendu risque de braquer une large partie de la population.
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Ces dernières semaines, la facture de gaz de certains ménages a doublé, voire triplé. Les opérateurs exigent désormais des acomptes fortement revus à la hausse auprès des titulaires de contrat à tarif variable. C'est la conséquence de la montée des prix des énergies sur les marchés internationaux, dopée par la reprise de l'économie mondiale mais aussi par l'incertitude résultant du bras de fer que se livrent la Russie et les Etats-Unis.
Le gouvernement De Croo était attendu au pied du mur énergétique. Depuis octobre 2020 et son arrivée au pouvoir, il s'est pleinement consacré à la lutte contre la pandémie, mais n'a fait qu'effleurer une série de réformes pourtant nécessaires à l'avenir du pays. La fiscalité, les pensions, le travail, l'énergie, le nucléaire, etc.
A la Chambre, Alexander De Croo avait expliqué jeudi dernier qu'une première prolongation du tarif social avait déjà profité à deux millions de Belges, leur facture d'électricité étant allégée de 760 euros par an.
Une opposition déçue
Les nouvelles dispositions annoncées ce mardi s'accompagnent d'une mini-réforme fiscale qui bénéficiera au pouvoir d'achat des bas revenus, particulièrement confrontés à la hausse de l'inflation.
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Toutes ces mesures décevront comme il se doit l'opposition. Les communistes du PTB avaient réclamé ces dernières semaines une réduction de la TVA à 6% pour tous les clients des fournisseurs de gaz et d'électricité. Ils jugeaient trop faible l'octroi d'un chèque de 200 euros proposé par d'autres partis. Et pointait les «2,6 milliards d'euros de surprofits» réalisés par Engie-Electrabel grâce à la montée des prix de l'énergie.
En 2021, les sept réacteurs nucléaires belges gérés par Engie-Electrabel ont tourné à plein régime. L'exploitant a relevé une disponibilité moyenne de 91,8%. Celle-ci souligne au passage le lien particulièrement fort qui unit toujours le Belge à l'atome.