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Le gouvernement Wilmès joue les prolongations

Le covid-19 oblige les partenaires de la future coalition «Vivaldi» à revoir le calendrier des négociations. L'échéance du 17 septembre, date à laquelle la Première ministre devait demander la confiance à la Chambre, a été reportée d'une quinzaine de jours.

Sophie Wilmès et son gouvernement resteront en place jusqu'à la fin du mois de septembre. Une décision qui suscite l'irritation au sein de l'opposition.

Sophie Wilmès et son gouvernement resteront en place jusqu'à la fin du mois de septembre. Une décision qui suscite l'irritation au sein de l'opposition. © PHOTO: dpa

De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles) - Le gouvernement minoritaire de Sophie Wilmès restera en place au moins jusqu'au 1er octobre. A cette date, la Première ministre demandera de nouveau la confiance à la Chambre. Telle est la conséquence de la quarantaine que s'impose depuis mardi le co-préformateur Egbert Lachaert.

Le libéral flamand avait de bonnes chances de réunir enfin sept partis autour d'un projet de gouvernement fédéral lorsqu'il a été dépisté positif au coronavirus. Cette contamination a forcé les négociateurs à revoir leur calendrier. L'échéance du 17 septembre, date à laquelle la Première ministre Sophie Wilmès devait initialement demander la confiance à la Chambre, a été reportée d'une quinzaine pour ne pas ajouter à la pression.

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Cette décision est mal prise par les partis qui ne feront pas partie du prochain gouvernement fédéral. «Ce n'est pas à une majorité en constitution, encore fragile, d'offrir d'autorité deux semaines de plus à ce gouvernement, sans consultation. Le Parlement fédéral n'est pas respecté », estime François De Smet, le président du parti libéral Défi. Pour Peter De Roover (N-VA nationaliste flamande), «la Première ministre s'assoit sur la promesse qu’elle a elle-même faite au Parlement le 17 mars. Quel dédain!».

Ces partis devraient logiquement ne pas voter la confiance, affaiblissant ainsi le gouvernement Wilmès qui avait obtenu il y a six mois un large soutien parlementaire pour traverser la crise du coronavirus.

Fausse note

Théoriquement, toutefois, ce scénario devrait rester lettre morte. Du moins, si l’émergence du gouvernement «Vivaldi» à laquelle s'attellent en ce moment Egbert Lachaert et son binôme Conner Rousseau est confirmée. Le 21 septembre, le libéral et le socialiste flamands feront rapport au roi. Qui, en toute logique, les déchargera de leur mission pour nommer cette fois le formateur et (probable Premier ministre) du nouvel exécutif. Le tout par téléphone, distanciation sociale oblige…

Si la partition est pleinement respectée, le gouvernement «Vivaldi» promis pour la fin septembre sera composé des socialistes, libéraux et écologistes du nord et du sud du pays, auxquels se joindront les chrétiens-démocrates flamands (CD&V). Le risque d'entendre d'ici là l'une ou l'autre fausse note n'est toutefois pas nul: en début de semaine, le CD&V a de nouveau refroidi ses partenaires en arguant que l'accord de départ n'était pas respecté. Le ton est monté, on s'est parlé, et tout s'est (apparemment) arrangé.

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Pour l'heure, les négociations se poursuivent par vidéoconférence interposée. Cette méthode qui éclipse le style théâtral des négociations politiques «à la belge» (claquements de porte, fâcheries, menaces…) en vaudrait une autre selon une chercheuse de l'UCLouvain pour qui «les études récentes ne constatent pas de différence entre des négociations qui se déroulent avec une présence physique ou par visioconférence». Plutôt que de claquer la porte, il suffirait de quitter l'écran d'un clic de souris. Reste à voir comment on se réconciliera à distance…

Il y a tout de même une bonne nouvelle sous le ciel belge. La crise sanitaire aurait fait moins de dégâts qu'annoncé au niveau économique. Selon le Bureau du Plan, la déglingue de la croissance se limiterait à -7,4 % (contre -10,6% pronostiqués en juin). Une récession qui reste «la plus forte de l'histoire moderne de la Belgique», selon Philippe Donnay, Commissaire au Plan.

Le préformateur Egbert Lachaert évoque pour sa part un retour à l’équilibre en 2030. La rigueur qui devrait aller de pair avec le redressement de l'économie ne serait pas d'actualité avant 2022.

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