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Le PC chinois a 90 ans

Fondé par une douzaine d'intellectuels il y a 90 ans, le Parti communiste chinois (PCC) préside aujourd'hui aux destinées de la deuxième économie mondiale, mais les déséquilibres du pays et l'absence de démocratie menacent à terme la survie du régime, selon des analystes.

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Fondé par une douzaine d'intellectuels il y a 90 ans, le Parti communiste chinois (PCC) préside aujourd'hui aux destinées de la deuxième économie mondiale, mais les déséquilibres du pays et l'absence de démocratie menacent à terme la survie du régime, selon des analystes.

L'approche de l'anniversaire, célébré le 1er juillet bien que la réunion fondatrice se soit tenue vers la fin juillet 1921 à Shanghai, a donné lieu à un grand renfort de propagande, dont un film «Le début de la grande renaissance» qui a réalisé 218 millions d'entrées en deux semaines.

Le PCC, qui a conquis le pouvoir en 1949 après deux alliances et deux guerres fratricides avec les nationalistes du Kuomintang, a imposé à la Chine, sous la direction de Mao Tsé-toung, d'incessantes purges politiques et des campagnes de collectivisation forcées qui ont fait des dizaines de millions de morts.

La corruption, fléau dénoncé partout

Trois décennies de «réformes et d'ouverture» ont suivi après la mort du Grand timonier sous la houlette de Deng Xiaoping et de ses successeurs qui ont fait de la Chine une puissance économique, mais le Parti, tout en se débarrassant progressivement des oripeaux de l'idéologie maoïste, n'a jamais envisagé de renoncer au monopole du pouvoir.

«Comme l'économie n'est pas gérée démocratiquement, l'environnement paye un lourd tribut à la croissance, et le système de santé est défaillant», souligne James Seymour, enseignant à l'Université chinoise de Hong Kong.

Le système centralisé par lequel le Parti nomme à tous les échelons les responsables d'un pays de 1,34 milliard d'habitants est perverti par un degré élevé de corruption qui a conduit par endroits à la formation d'un véritable marché sur lequel s'achètent et se vendent des postes convoités, explique Richard McGregor dans son livre «Le Parti, l'univers secret des dirigeants communistes chinois».

«Ces faiblesses inhérentes au système font que le Parti ne sera pas là pendant des siècles», prédit M. Seymour. «A en juger par l'expérience du Kuomintang et de l'Union soviétique, ils en ont encore pour dix ans», estime-t-il.

Le président Hu Jintao a lui-même reconnu que la corruption représentait une menace importante pour la légitimité du PCC, et des campagnes sont régulièrement menées aux échelons inférieurs pour éviter que le pouvoir central soit éclaboussé par les scandales.

80 millions de membres, souvent âgés

«Beaucoup de gens ont une bonne opinion des plus hauts dirigeants, mais ne font pas confiance aux gouvernements et aux responsables locaux», a de son côté déclaré à l'AFP Hu Xingdou, professeur à l'Institut de technologie de Pékin.

Considéré par beaucoup comme un ascenseur social, le Parti vient d'annoncer avoir dépassé les 80 millions de membres, dont plus d'un quart ont plus de 60 ans. Aussi l'organisation cherche-t-elle à recruter davantage de personnes qualifiées et des jeunes, notamment des étudiants qui n'osent pas, la plupart du temps, refuser une offre de recrutement.

Exalté depuis plusieurs semaines par les médias officiels, l'enthousiasme pour célébrer les célébrations du 1er juillet n'est pas partagé par tous, loin s'en faut: «Je ne suis pas membre du Parti et ne devrais rien avoir à faire avec le 90e anniversaire, mais on m'oblige à chanter après le travail», se plaint un usager de Weibo, l'équivalent de Twitter en Chine.

D'autres internautes se plaignent d'avoir dû écrire des textes à la gloire du Parti ou payer des cotisations alors qu'ils ne sont pas membres. Un internaute en revanche se félicitait d'avoir reçu 500 yuans (54 euros) de son employeur pour marquer l'évènement.

Le changement de génération qui se profile à la tête du PCC, et par conséquent du pays, pour l'automne 2012 risque également de ne pas susciter un grand intérêt dans la population. «Ce ne sera que la poursuite de la politique de la précédente génération de dirigeants. Il y aura peut-être de petits ajustements, mais pas de virage important», estime Hu Xingdou.

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