Les centrales au gaz belges ont le vent en poupe
Engie se positionne en tant qu’acteur numéro 1 d’une technologie appelée à remplacer (peut-être) le nucléaire.
Fermer ou non les réacteurs nucléaires belges? Telle est la question qui se pose à la coalition Vivaldi. © PHOTO: Chris Karaba
De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Les anti-nucléaires ont l’avantage. C’est du moins ce qu’on peut déduire de la perspective de voir deux nouvelles centrales au gaz mises en chantier par la Belgique. L’une à Vilvorde, en Flandre. L’autre aux Awirs, en Wallonie, à une centaine de kilomètres au nord-ouest du Luxembourg.
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Rappelons que la fin de l’atome belge est programmée pour 2025. Officiellement, le gouvernement De Croo entend respecter cette décision vieille de près de vingt ans pourvu qu’elle soit «faisable et finançable». A la fin novembre, il aura à choisir entre deux scénarios : soit la fermeture des sept réacteurs que compte le royaume, soit le maintien en activité des deux réacteurs les plus récents.
Ce choix dépendra en bonne partie de la capacité du pays à se donner les infrastructures capables de fournir l’électricité que ne pourra plus produire le nucléaire. Parmi les solutions sur la table, la construction de nouvelles centrales au gaz agite les esprits depuis des mois. Celles-ci risquent en effet d’émettre de grandes quantités de gaz à effet de serre à un moment où la planète ne sait plus à quel saint se vouer pour les réduire.
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Si l’on ajoute à la capacité de deux centrales au gaz d’autres moyens de production mais aussi d’économies, presque 2 gigawatts d’électricité non nucléaire devraient être mis dans un premier temps à la disposition du pays.
Engie tient ici la corde. L’actuel exploitant du parc nucléaire belge propose de construire deux centrales au gaz d’une capacité de 875 MW. Ses offres sont considérées comme les meilleures car moins gourmandes en subsides publics, note Le Soir.
Engie explique avoir «une expertise et une compétence, et veut continuer un rôle dans la production d’électricité en Belgique, en augmentant sa capacité renouvelable, mais aussi en contribuant à la sécurité d’approvisionnement avec des outils pilotables et locaux». L’énergéticien français, qui en eut assez d’attendre le feu vert du gouvernement De Croo nécessaire pour lancer la rénovation de certaines centrales nucléaires, demeure ainsi malgré tout dans une position d’acteur majeur.
Manque de puissance
Il lui reste toutefois à obtenir le permis d’environnement pour la nouvelle centrale de Vilvorde. Les autorités provinciales flamandes n’en veulent pas. L’affaire fait l’objet d’un appel devant la ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir, dont le parti (la N-VA de Bart De Wever) est un partisan inconditionnel du nucléaire.
Les jeux sont donc loin d’être faits. Les détracteurs des centrales au gaz n’auront aucun mal à faire valoir que 2 gigawatts restent largement insuffisants par rapport aux 13,6 GW d’électricité dont a besoin le pays pour couvrir la demande. La coalition Vivaldi d’Alexander De Croo est donc attendue au tournant à la fin de ce mois, moment où elle devra prendre la décision de fermer complètement ou partiellement le robinet nucléaire.
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Sa décision sera fondée sur deux critères : la garantie de la sécurité d’approvisionnement et l’impact de la sortie complète du nucléaire sur le prix de l’électricité.
Précision: même en cas de fermeture du nucléaire, la facture des ménages ne devrait augmenter que de 15 euros par an. C’est en tout cas ce qu’affirme une étude de l’université de Gand commandée par… la ministre écolo Tinne Van der Straeten qui veut en finir avec l'atome.
En face, le mouvement réformateur de Georges-Louis Bouchez, lui aussi membre de la Vivaldi, se montre inquiet. Et pour le prix de l’électricité. Et pour la sécurité d’approvisionnement du pays. Chacun fourbit ainsi ses armes. Et tout le monde a bien compris que la lutte sera en partie dogmatique.