Les domestiques sortent du placard
A l'occasion de la 100e conférence de l'Organisation internationale du travail sera finalisée mercredi à Genève une convention pour mieux protéger les travailleurs domestiques, les esclaves des temps modernes. Un projet qui touche à l'économie informelle, à l'immigration, à l'égalité des sexes et au travail des enfants.
Mardi, la chancelière allemande, Angela Merkel, qui avait fait le déplacement à Genève, a appelé à ratifier le texte © PHOTO: (AFP
A l'occasion de la 100e conférence de l'Organisation internationale du travail (OIT) sera finalisée jeudi à Genève une convention pour mieux protéger les travailleurs domestiques, les esclaves des temps modernes. Un projet qui touche à l'économie informelle, à l'immigration, à l'égalité des sexes ou au travail des enfants.
Selon le rapport du Bureau international du travail (BIT) qui a préparé le texte dont discutent les délégations depuis une semaine, le travail domestique absorbe de 4 à 10% de la main d'oeuvre dans les pays en développement et jusqu'à 2,5% dans les pays industrialisés, soit au minimum 52,6 millions de personnes dans le monde.
Pour les spécialistes, le total de ces employés souvent hors des cadres légaux du travail se monterait à 100 millions de personnes. Leur travail "reste bien souvent synonyme de charge écrasante, sous-payée et ne bénéficiant d'aucune protection".
Un jour de congé par semaine
La convention entend donc offrir un traitement similaire à celui dont bénéficient les autres employés et exige des gouvernements de vérifier que les travailleurs domestiques comprennent les termes de leur contrat de travail. Ils devraient aussi bénéficier d'une journée de repos par semaine et ne pas être obligés de rester sur leur lieu de travail pendant leur congé.
Les travailleurs domestiques peuvent occuper de nombreux emplois, de cuisinier particulier à voiturier en passant par majordome, garde d'enfants, personnel de blanchisserie, soignant pour personnes âgées, travailleur agricole, jardinier ou encore baby-sitter, jeune fille au pair.
Dans la définition du BIT, le travailleur domestique est actif "dans un ménage" et sa tâche a un "caractère non lucratif". La convention est finalisée au moment même où le boom des services à la personne doit être mis sur de bons rails, ce qui explique peut-être pourquoi il voit le jour 46 ans après que l'OIT s'est saisie pour la première fois du sujet.
280 milliards de dollars envoyés dans leur pays d'origine
D'autant que les travailleurs domestiques, souvent obligés de s'exiler, ont largement contribué, selon le BIT, à l'envoi d'argent dans leur pays d'origine: 280 milliards d'euros en 2006, les trois quarts vers des pays en développement. Leurs envois représentent même 10% du PIB de 22 de ces pays et 20% du PIB de six pays.
Il faut que deux pays la ratifient pour que cette convention entre en vigueur. Mardi, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, ont appelé leurs homologues à s'engager autour de cette "première historique". Les pays du Golfe, le bloc africain ou encore le Brésil ont déjà fait savoir qu'ils la ratifieraient même si elle n'est pas juridiquement contraignante.