Les Etats européens sous pression pour adopter un texte antiblanchiment
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a appelé vendredi les pays de l'UE et le Parlement européen à "adopter rapidement" une directive antiblanchiment qui permette d'identifier les bénéficiaires effectifs de sociétés ou de trusts, afin de mieux lutter contre la corruption.
(AFP) - Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a appelé vendredi les pays de l'UE et le Parlement européen à "adopter rapidement" une directive antiblanchiment qui permette d'identifier les bénéficiaires effectifs de sociétés ou de trusts, afin de mieux lutter contre la corruption.
"La transparence et la bonne gouvernance sont des piliers de notre action. La nécessité d'une information exacte et mise à jour sur les bénéficiaires effectifs est un facteur clé pour pister des criminels qui, sans cela, pourraient cacher leur identité derrière une structure d'entreprise", affirme M. Juncker dans une lettre datée de vendredi.
Ce courrier, dont l'AFP a obtenu copie, répond à 43 journalistes d'investigation, qui lui ont écrit quelques semaines après le scandale LuxLeaks pour lui demander de s'engager à lutter contre la corruption.
"J'appelle le Parlement européen et le Conseil (qui représente les Etats, ndlr) à adopter rapidement la proposition de la Commission pour renforcer la législation anti-blanchiment de l'UE", écrit-il.
En mars dernier, le Parlement européen avait voté à une écrasante majorité un texte issu d'une proposition de la précédente Commission, présidée par José Manuel Barroso, prévoyant notamment l'inscription du nom des bénéficiaires effectifs des sociétés, fondations et fiducies, dans des registres publics afin d'empêcher de fausses entreprises de transférer de l'argent sale.
Mais le nouveau Parlement issu des élections européennes de mai et les Etats doivent encore se mettre d'accord pour que cette directive entre en vigueur.
Dans un communiqué, l'ONG ONE France accuse "une minorité d'Etats membres, dont l'Allemagne, la Pologne et l'Espagne", de "bloquer ce qui pourrait être une avancée majeure et un premier pas indispensable pour lutter efficacement" contre le blanchiment.
Quant à l'Italie, qui assure jusqu'à fin décembre la présidence tournante de l'UE, elle "souhaite conclure un accord à n'importe quel prix" et "fait pression sur le Parlement pour qu'il revoie ses ambitions à la baisse et ne rende pas publics ses registres", poursuit l'association.