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Brésil

Les soutiens de Bolsonaro bloquent le pays

Les barrages routiers se sont multipliés ce mardi au Brésil au surlendemain de l'élection de Lula à la présidence. Des centaines de camionneurs et de manifestants refusent de reconnaître la défaite du président d'extrême droite.

Pire que sur l'A31...

Pire que sur l'A31... © PHOTO: AFP

Source AFP

Jair Bolsonaro reste muré dans son silence depuis l'annonce dimanche soir de sa défaite de peu (49,1% contre 50,9% face à Lula), et n'avait toujours pas reconnu la victoire de son ennemi juré. Lancé la veille, le mouvement de protestation sur les axes routiers a fait tache d'huile mardi. La police routière fédérale (PRF) faisait état de 250 barrages, totaux ou partiels, dans au moins 22 des 27 Etats du Brésil. Lundi soir, seulement une douzaine d'Etat étaient concernés.

Lire aussi :Lula élu pour un 3e mandat au Brésil

«Lula non!» était-il inscrit sur un panneau accroché au-dessus d'un viaduc à Sao Paulo, la capitale économique, où plusieurs routes étaient également bloquées, notamment celle qui relie la mégalopole à Rio de Janeiro, empêchant le départ des autocars entre les deux villes.

À Novo Hamburgo, près de Porto Alegre, la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Santa Catarina, où Jair Bolsonaro a remporté près de 70% des voix, est l'Etat qui comptait le plus de routes bloquées. «J'espère rentrer chez moi» à Rio. «J'ai pu payer une nuit dans un hôtel ici mais beaucoup de gens ont dû dormir ici à la gare routière», déclare Rosangela Senna, agent immobilier de 62 ans, à Sao Paulo.

Un juge de la Cour suprême a ordonné le «déblocage immédiat des routes et des voies publiques», a indiqué l'institution dans un communiqué lundi soir. Il a ordonné à la PRF de prendre «toutes les mesures nécessaires» pour dégager les routes, sous peine d'infliger une amende à son directeur général ou de l'emprisonner pour «désobéissance».

Bolsonaro, nous sommes avec toi quoiqu'il arrive
Messages des soutiens de Jair Bolsonaro

Plus de 36 heures après les résultats officiels, le président sortant Jair Bolsonaro n'a toujours pas reconnu sa défaite sur le fil, contrairement à plusieurs alliés de son gouvernement ou du Parlement. De très nombreux chefs d'Etat étrangers ont félicité depuis dimanche soir Luiz Inacio Lula da Silva, le candidat de gauche, pour son troisième mandat à la tête du pays, après ceux de 2003 à 2010. Il prendra officiellement ses fonctions au 1er janvier, mais dès maintenant une transition du pouvoir devrait avoir lieu - si le gouvernement sortant accepte de coopérer.

Brasilia était calme ce mardi matin après que la police a restreint depuis la veille au soir l'accès des véhicules à la place des Trois pouvoirs, où se trouvent le Palais présidentiel, le Parlement et la Cour Suprême, proche de l'immense esplanade des ministères, lieu traditionnel de rassemblement dans la capitale. Cette mesure «préventive» a été prise «après l'annonce d'une possible manifestation à cet endroit, sur les réseaux sociaux», avait indiqué le secrétariat de la Sécurité publique du district fédéral de Brasilia .

Appels à manifester

Les appels de bolsonaristes à rejoindre les barrages se multipliaient en effet sur les réseaux sociaux, notamment Twitter et Telegram.

L'un d'entre eux appelait les bolsonaristes à un grand rassemblement sur l'immense esplanade des ministères de Brasilia. «Le Brésil ne sera pas le Venezuela», disait le message sur fond jaune et vert, comme le drapeau national, affectionné par la droite radicale. Il reproduisait le texte adressé à son père par le sénateur Flavio Bolsonaro lundi: «Bolsonaro, nous sommes avec toi quoiqu'il arrive».

À Sao Paulo, des bolsonaristes misant sur une poursuite du mouvement appelaient pour mercredi après-midi à «la plus grande mobilisation de l'Histoire» sur l'avenue Paulista - cette même avenue inondée dimanche soir par une marée de centaines de milliers de sympathisants de Lula vêtus de rouge, qui avaient célébré dans la liesse la victoire de leur champion.

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