Les Suisses prêts à renoncer à deux semaines de vacances
Pour les Suisses, «le travail c'est la santé» et la prospérité assurées, et il y a de fortes chances qu'ils refusent dimanche, lors de votations fédérales, 6 semaines de congés payés par an au lieu de 4 actuellement.
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(AFP). - Pour les Suisses, «le travail c'est la santé» et la prospérité assurées, et il y a de fortes chances qu'ils refusent dimanche prochain, lors de votations fédérales, 6 semaines de congés payés par an au lieu de 4 actuellement.
Selon un dernier sondage mené par la Télévision suisse sur ce sujet, seuls 30% des Suisses voteront pour les 6 semaines de congés par an.
Le gouvernement suisse est opposé à ce texte, ainsi que les milieux économiques, selon lesquels la compétitivité de la Suisse, où les coûts salariaux sont déjà très élevés, en pâtirait énormément, avec une hausse du chômage à la clé. Le patronat suisse, EconomieSuisse, est contre ce projet, à cause de l'exemple français jugé peu attractif. Avec leurs 35 heures par semaine, «les Français ont nettement plus de temps libre que les Suisses, et cela n'a pas apporté grand chose» au pays, indique l'organisation patronale. Et d'ajouter qu'en France «le taux de chômage est élevé, l'économie est affaiblie et les Français se font porter pâle deux fois plus souvent (8,5 jours) que les Suisses».
Contre les résidences secondaires
La votation du 11 mars est organisée sur l'initiative de l'organisation syndicale Travail.Suisse, selon laquelle un tiers des actifs en Suisse souffrent du stress au travail, et deux semaines de vacances supplémentaires pourraient y remédier. ll est temps selon eux que les travailleurs récoltent les fruits de la hausse de la productivité, qui a bondi de 20% entre 1992 et 2007, tandis que les salaires réels n'ont progressé que de 4,3% dans le même temps.
Autre sujet soumis au vote des Suisses dimanche, la limitation à 20% des résidences secondaires dans les communes, un sujet qui concerne surtout les stations de sports d'hiver dans les Alpes suisses, où d'énormes immeubles d'appartements de vacances poussent comme des champignons au grand dam de la population locale.
Pour ce texte, les sondages montrent que les avis restent encore partagés, avec cependant un léger avantage en faveur du texte.
L'initiative de ce projet revient à une Suissesse, Vera Weber, qui a intitulé son texte «pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires». «Nous visons à stopper la défiguration des paysages et l'explosion des prix de l'immobilier pour la population locale», a déclaré Vera Weber au journal suisse Le Temps. Selon elle, il faut que «l'hébergement hôtelier redevienne une priorité» dans les montagnes.
Vera Weber est fille d'un militant écologiste très connu en Suisse, Franz Weber, qui a créé une fondation s'occupant de la protection de la nature.
Un parking pour prostituées à Zurich?
Les votations, régulièrement organisées en Suisse, sont un élément essentiel de la démocratie directe en Suisse. Quatre fois par an, les Helvètes se rendent aux urnes pour se prononcer sur les questions les plus diverses, comme la fin de la semaine des 4 jours pour les écoliers genevois, la suppression du forfait fiscal réservé aux riches étrangers dans deux cantons de Suisse alémanique, ou la construction de parkings pour les prostituées à Zurich.
Quand il se rend aux urnes, l'électeur suisse se prononce en effet sur des questions fédérales posées à l'ensemble de la population, mais aussi cantonales et communales, selon son lieu de résidence.
Ainsi, à Zurich, la municipalité projette de faire construire un «parking pour prostituées», dans un quartier loin du centre ville, et demande à ses électeurs de donner leur avis. Le coût du projet est estimé à plus de 2 millions de francs suisses, mais les prostituées devraient acquitter un loyer tous les ans pour payer leur place.