Les Vingt-Sept acceptent un compromis sur l'embargo
Les dirigeants des 27 pays de l'UE ont trouvé un accord lundi qui devrait permettre de réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d'ici la fin de l'année. Le Premier ministre Xavier Bettel a salué cette décision.
Xavier Bettel s'est montré compréhensif vis-à-vis de la position de la Hongrie. © PHOTO: AFP
(dv/dpa/AFP) - Cet embargo sur le pétrole brut dans les six mois et les produits raffinés dans les huit mois est la mesure phare mais aussi la plus épineuse du sixième paquet de sanctions contre la Russie, qui était bloqué jusqu'à présent par la Hongrie.
Lire aussi :210 milliards d'euros pour s'affranchir du gaz russe
Les chefs d'Etat et de gouvernement réunis en sommet à Bruxelles lundi ont donné leur feu vert à un arrêt progressif des importations de pétrole russe transporté par bateau, soit les 2/3 des achats européens. Une exemption temporaire a été prévue pour le pétrole acheminé par oléoduc, afin de lever le veto de Budapest.
«Cela va couper une énorme source de financement de la machine de guerre de la Russie», a tweeté le président du Conseil européen, Charles Michel.
Selon les estimations du groupe de réflexion européen Bruegel, jusqu'à récemment, les pays de l'UE dépensaient environ 450 millions d'euros par jour en pétrole russe, ainsi que 400 millions d'euros en moyenne quotidiennement en gaz.
Xavier Bettel salue la décision
«Le but était d'avoir un accord : nous l'avons maintenant. C'est la chose la plus importante», a commenté le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel (DP) après l'accord.
Le politicien du DP a loué la capacité des chefs d'État et de gouvernement de l'UE à faire des compromis et a fait preuve de compréhension pour les exceptions et les concessions faites à la Hongrie. «La Hongrie a le temps d'initier des changements. Je comprends qu'un Premier ministre puisse insister sur la sécurité d'approvisionnement de son pays», a expliqué Xavier Bettel à Bruxelles.
Berlin et Varsovie s'étant engagés de leur côté à arrêter leurs importations par l'oléoduc Droujba, au total c'est 90% des exportations de pétrole russe vers l'UE qui seront arrêtées d'ici la fin de l'année, affirment la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président français Emmanuel Macron.
L'extension de l'embargo aux livraisons par oléoduc sera ensuite discutée «dès que possible» sans qu'une date butoir ne soit fixée.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait appelé les dirigeants de l'UE à «cesser leurs querelles» pour adopter rapidement le sixième paquet de sanctions.
Sberbank exclue de Swift
Budapest avait conditionné son feu vert à des garanties sur sa sécurité énergétique. En arrivant au sommet, le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait réclamé des assurances en cas de coupure de l'oléoduc Droujba qui approvisionne son pays en passant par l'Ukraine.
Il a exigé que son pays puisse être alimenté en pétrole russe par voie maritime si l'arrivée par oléoduc venait à être arrêtée. «C'est la garantie dont nous avons besoin», avait lancé M. Orban.
L'unanimité est requise pour l'adoption des sanctions. Le feu vert politique des dirigeants doit encore donner lieu à des discussions mercredi entre les ambassadeurs des Vingt-Sept, en vue de finaliser l'accord.
En négociation depuis un mois, le nouveau paquet de sanctions prévoit aussi un élargissement de la liste noire de l'UE à une soixantaine de personnalités, dont le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill. Il comprend l'exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, principal établissement du pays.
Les dirigeants ont aussi approuvé l'octroi de 9 milliards d'euros au gouvernement ukrainien pour couvrir ses besoins immédiats en liquidités afin de faire fonctionner son économie.
La transition énergétique en débat
Kiev a chiffré ses besoins à 5 milliards de dollars par mois. Les financements européens prendront la forme de «prêts à longue maturité» avec des taux d'intérêts bonifiés, a-t-on précisé de source européenne.
Le sommet de deux jours doit aussi aborder ce mardi la transition énergétique du continent pour se passer du gaz russe et la crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine qui menace en particulier le continent africain.