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Un «budget responsable» controversé

Liz Truss fragilisée en plein congrès de son parti

La Première ministre britannique Liz Truss a cherché mardi à convaincre de son approche budgétaire «responsable», au lendemain d'une volte-face qui l'a fragilisée et laisse déjà augurer d'autres sujets de tensions au sein même de son camp.

Des manifestants ont brandi des pancartes lors d'une manifestation antigouvernementale sur la place Victoria le jour de l'ouverture de la conférence annuelle du parti conservateur à Birmingham.

Des manifestants ont brandi des pancartes lors d'une manifestation antigouvernementale sur la place Victoria le jour de l'ouverture de la conférence annuelle du parti conservateur à Birmingham. © PHOTO: AFP

Source AFP

(AFP) - Au pouvoir depuis à peine un mois, la dirigeante conservatrice âgée de 47 ans qui a succédé à Boris Johnson connaît des débuts difficiles, en plein congrès de son parti qui se tient jusqu'à mercredi à Birmingham (centre de l'Angleterre).

Lors d'une interview diffusée mardi matin sur la BBC, la cheffe du gouvernement britannique a défendu son approche budgétaire «responsable», alors que le «mini-budget» présenté le 23 septembre a suscité une foule de critiques pour ses baisses d'impôts financées par de la dette.

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Face au tollé, son gouvernement a dû annoncer lundi qu'il renonçait, sous la pression de sa propre majorité, à supprimer la tranche d'imposition la plus élevée, une mesure qui cristallisait l'opposition car bénéficiant aux contribuables les plus riches.

Selon le Financial Times et la BBC, le ministre des Finances Kwasi Kwarteng s'apprête dans un nouveau revirement à présenter d'ici la fin du mois, soit avant la date prévue du 23 novembre, le financement détaillé de ce plan, ainsi que les prévisions qui le soutiennent.

«J'ai exercé une forte pression sur le Chancelier à ce sujet et, à son honneur, il a écouté», a réagi dans un communiqué le chef de la commission parlementaire du Trésor, Mel Stride.

C'est l'absence de chiffrage sur le montant du méga-paquet budgétaire, de projections sur l'impact de ce plan de dépenses massif, sans réductions de dépenses envisagées et avec un financement par emprunt à l'heure où l'inflation flambe et les taux grimpent, qui a mis le feu aux marchés financiers la semaine dernière.

La banque centrale a dû intervenir en urgence en rachetant des bons du Trésor à long terme pour éviter une banqueroute de fonds de pensions et le Fonds monétaire international (FMI) a lancé un cinglant appel à réduire les dépenses et à ne pas accroître les inégalités, en pleine crise du coût de la vie, par des baisses d'impôts favorisant les plus riches.

Les promesses de Johnson

Un autre front s'annonce d'ores et déjà délicat pour le gouvernement Truss, celui des prestations sociales.

Sur la radio privée LBC, la cheffe du gouvernement a indiqué qu'«aucune décision» n'a encore été prise à propos de la base sur laquelle elles seraient réévaluées, alors que l'inflation approche les 10%.

Mel Stride (conservateur) a averti sur la BBC qu'il y réfléchirait à deux fois s'il avait à voter pour une augmentation de ces prestations alignée sur les salaires plutôt que sur l'inflation, laissant à nouveau augurer d'un risque de rébellion dans les rangs de la majorité.

Le sujet crée déjà des dissensions au sein même du gouvernement. La secrétaire d'Etat chargée de relations avec le Parlement, Penny Mordaunt, a souligné sur Times Radio qu'elle a «toujours soutenu, qu'il s'agisse des retraites ou de notre système de protection sociale, le fait de suivre l'inflation».

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«C'est logique de le faire», a souligné la ministre, qui était initialement candidate à la succession de Boris Johnson et même brièvement favorite.

Plusieurs anciens ministres de Boris Johnson, aujourd'hui redevenus simples députés, ont rappelé à Liz Truss de rester dans la ligne du programme de M. Johnson lors des élections triomphales de décembre 2019.

Au congrès du parti, l'un des poids lourds de la majorité, l'ex-ministre Michael Gove, a souligné lors d'une rencontre que les conservateurs doivent faire en sorte que les engagements du programme de 2019 soient «honorés», après que Liz Truss fut revenue sur le moratoire sur la fracturation hydraulique.

Interrogé par des journalistes pour savoir si elle pourrait se maintenir à son poste jusqu'à la fin de l'année, il a néanmoins répondu par l'affirmative.

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