«Non, ce n'est pas difficile de faire aimer le Luxembourg...»

Luxembourg Accueil Information fête cette année ses 45 ans d'existence. Pouvez-vous nous rappeler sa raison d'être?

L'objectif est toujours le même: accueillir les résidents du Luxembourg qui cherchent à découvrir le pays, à rencontrer des gens de manière informelle, en dehors de cadre professionnel ou d'une quelconque autre contrainte.

Combien de membres avez-vous?

Nous avons environ 40O familles...

Membres ou familles?

Quand une personne est membre, cela vaut aussi pour son partenaire et ses enfants. C'est pour cela que l'on parle de famille.

Quel est le profil de vos membres?

Nous comptons une cinquantaine de nationalités, donc il est difficile d'établir un «profil», mais, ce sont majoritairement des femmes qui poussent en premier les portes de Luxembourg Accueil. Mais c'est culturel et historique : à sa création, l'association touchait surtout les épouses de cadres européens qui se trouvaient un peu perdues à leur arrivée au Grand-Duché. Et notre but n'a pas changé: leur faire découvrir et aimer le Luxembourg.

Est-ce difficile?

Non, pas du tout ! Ce que les gens ne savent pas, c'est que tout existe au Luxembourg. La richesse de ce petit pays est incroyable ! La plus grande difficulté est de trouver ce que l'on cherche. Si vous voulez vous mettre à la cornemuse, c'est possible; si vous voulez pratiquer le tir à l'arc japonais, c'est possible aussi, etc. Quand on s'aperçoit de tout ce qu'il y a, c'est une mine. Alors non, ce n'est pas difficile de faire aimer le Luxembourg (rires)...

Luxembourg Accueil Information reflète en partie les mouvements de population que connait le pays. Avez-vous remarqué des mouvements notables?

Je dirai que la langue française est majoritaire. Maintenant, il n'y a pas eu de grands mouvements, même si on a vu beaucoup d'Espagnols rentrer en Espagne? Après on a évidemment des Ukrainiens. Les Japonais commencent à revenir, tant chez les amateurs que parmi les membres. Durant la crise du Covid, il y avait une réelle volonté de leur part d'isolation.

Et vous, quand êtes-vous arrivée au Grand-Duché?

C'était il y a dix ans, je débarquais de Paris où je travaillais dans l'immobilier et je n'avais pas envie de poursuivre dans cette voie. Je me suis inscrite à Luxembourg Accueil, et le jour des inscriptions, une fille m'a prêté un stylo pour remplir mon dossier. Elle m'a tout expliqué et cela m'a bien simplifié la vie. Et, cerise sur le gâteau, dix ans plus tard, on est toujours très copines !

Comment en êtes-vous devenue la présidente?

Pendant plusieurs années, j'étais investie dans l'association, je donnais des cours et un jour, la question s'est posée de savoir qui reprenait le flambeau au niveau du bureau exécutif, et voilà, quelques doigts se sont levés... Mais en général, de nouveaux talents nous ont aussi rejoints.

Quel regard portez-vous sur l'évolution de Luxembourg Accueil?

En raison notamment de la crise liée au Covid, de nombreux nouveaux arrivants ont vécu leur expatriation enfermés chez eux, ce qui est loin d'être idéal... Ceux-là, on les voit arriver au fur et à mesure et ils sont très contents de nous retrouver. D'ailleurs, on ressent chez eux une soif de retrouver l'autre qui est vraiment palpable.

Et concernant l'équipe?

Nouvelle équipe, autre dynamique, nouvelles idées et nouvelles envies, on a essayé de mettre des choses un peu plus variées. Luxembourg Accueil s'est toujours mis au rythme de l'évolution du Luxembourg. Et là, on s'aperçoit que les familles qui arrivent ont peut-être d'autres besoins que de faire simplement connaissance. Donc, on s'adapte à la femme qui travaille, à accueillir davantage les ados, mais aussi les maris... Avant, les activités étaient essentiellement prévues en matinée, désormais on en a sur l'ensemble de la journée, on fait même des soirées. Bref, on s'adapte au monde qui nous entoure...

Un monde duquel certains peuvent parfois se sentir exclus. Est-ce que Luxembourg Accueil a pour vocation de lutter contre la solitude...

Nous sommes là pour leur permettre de s'insérer, de s'intégrer dans une communauté qui, et c'est ce qui est sympa au Luxembourg, est internationale. Tout être humain a besoin d'appartenir à un groupe. Chez Luxembourg Accueil, vous frappez, on vous ouvre, on vous dit bonjour et on vous offre un café. Et, à partir de là, on peut papoter...

De quels moyens disposez-vous pour travailler à cette intégration?

Par la quarantaine d'activités que Luxembourg Accueil propose. Ça passe, par exemple, par la visite guidée de la ville de Luxembourg. Et, bien entendu, on ouvre notre carnet d'adresses si cela peut aider...

Le nombre d'activités proposées est important. Quelles sont celles qui ont le plus de succès?

Si l'activité est sur notre site, c'est qu'elle fonctionne bien. Cette année, on a ouvert un club théâtre car on s'aperçoit que sur Luxembourg-ville, et pas seulement, il y a des pièces de qualité et il a connu un beau succès. Après, on essaie de proposer des activités que l'on ne trouve pas forcément ailleurs. Comme la vannerie (Ndlr: art de tisser des fibres végétales comme des paniers en osier) par exemple. Il y a 30 ans, les gens venaient prendre des cours d'italien car on n’en trouvait pas ailleurs.

Vous proposez aussi un Café Parents-Ado...

C'est une proposition récente... Avant, on se disait que l'adolescence n'était qu'un passage, aujourd'hui les parents cherchent davantage à comprendre ce qui se passe chez l'adolescent. Au Café Parents-Ado, c'est l'occasion d'échanger, entre mamans, ce qui est sympa, mais aussi en compagnie d'un professionnel, capable de vous alerter si besoin.

Vos membres doivent-ils s'attendre à des nouveautés la saison prochaine?

Nos portes ouvertes, c'est l'occasion de montrer ce qui a été fait cette année. On a consulté, via un questionnaire, chacun de nos membres pour savoir ce qu'ils aimeraient voir être mis en place.

Quelle est la tendance?

Nous sommes dans une optique de développer la branche sport et bien-être. Cela peut se diriger vers la nutrition, la naturopathie, le relooking, etc. Tout ce qui peut vous permettre de vous sentir bien.

Vous parlez d'intégration, or depuis quelque temps, le monde politique préfère parler de «vivre-ensemble». Que vous inspire ce changement sémantique?

Au Luxembourg, on y est déjà. Dans le «vivre-ensemble», il y a aussi cette volonté du Luxembourg d'associer les frontaliers à la vie du pays.

Combien de temps restent vos membres?

Mais il y en a qui sont là depuis 45 ans ! C'est génial car ce sont un peu nos chaperons. D'abord, ils connaissent tout et sont suffisamment en forme pour avoir la curiosité de découvrir plein de choses. Ils sont vraiment de bon conseil.

On imagine que vous êtes fière de cette longévité...

C'est un âge vénérable pour une association comme la nôtre. Londres Accueil fêtait récemment ses 40 ans... Ensuite, en tant qu'ASBL, Luxembourg Accueil bénéficie du soutien de la ville de Luxembourg. Et nous sommes très fiers de la confiance qui nous est accordée.