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Défense

Pas de fétichisme du 2% en Belgique

Le royaume veut reconstruire son armée tout en invitant ses partenaires à en faire de même dans le cadre européen et atlantique.

Le budget de la Défense qui est actuellement de 1,2 % doit passer à 1,54 % du PIB à l'horizon 2030.

Le budget de la Défense qui est actuellement de 1,2 % doit passer à 1,54 % du PIB à l'horizon 2030. © PHOTO: Armand Thill

Max Helleff

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Jusqu'à quel point la Belgique doit-elle se réarmer? La question est sur la table du gouvernement au moment où le président américain Joe Biden débarque à Bruxelles pour y enchaîner trois sommets consacrés au conflit russo-ukrainien.

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Depuis le 24 février, jour de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, la Belgique a répondu à plusieurs reprises aux demandes pressantes du président Zelensky d'envoyer des armes. 300 militaires ont rejoint la Roumanie pour s'inscrire dans la force de réaction dépêchée sur place par l'Otan en cas de conflit. Des critiques ont toutefois dénoncé une logistique insuffisante pour accompagner cette mission.

Alors faut-il en faire plus, notamment en réinvestissant massivement dans l'armement et dans la troupe? Aujourd'hui, l'armée belge emploie quelque 25.000 personnes là où elle en comptait 92.000 à la fin des années 80. La chute du Mur et la fin de la Guerre froide ont conduit les gouvernements successifs à désinvestir dans les forces armées, en dépit des admonestations atlantiques et américaines. Le service militaire obligatoire a été suspendu, mais non abrogé.

Investir pour rénover l'armée

Dans les colonnes du Soir, un syndicaliste fait le bilan de ce désarmement: «Au début des années 90, la Défense possédait encore des obusiers chenillés M108 et M109, des chars Léopard, des missiles antiaériens à moyenne portée et à longue portée ou encore des chars antiaériens Guépard et des canons antiatomiques. De tous ces moyens, il ne reste plus rien. A la même époque, la Belgique disposait de 106 Mirage V et de 160 F-16. Il reste aujourd'hui une cinquantaine de F-16 modernisés en état de combattre.»

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Le remplacement du chasseur-bombardier américain F16 par le F-35 a cristallisé sous l’ancien gouvernement Michel le débat entre partisans d'une armée moderne, fidèle aux engagements atlantiques, et ceux qui prônaient une défense à moindre coût, davantage tournée vers l’industrie militaire européenne. La N-VA pro-atlantique de Bart De Wever était alors aux affaires. Aujourd'hui, depuis les bancs de l'opposition, elle demande que 2% du PIB soit investi dans la rénovation de l'armée.

Mais ce sont les socialistes francophones de Paul Magnette qui ont désormais le ministère de la Défense entre leurs mains. Il y a belle lurette qu'ils ne se retranchent plus derrière une posture antimilitariste. Ne fût-ce que parce que la FN et d'autres entreprises wallonnes vendent des armes sur toute la planète. Mais il importe, fait valoir le PS, de ne pas donner dans le «fétichisme du 2%» et de conserver un équilibre entre les différentes politiques menées par le gouvernement De Croo. Plusieurs partis gouvernementaux sont sur la même longueur d'onde.

Objectif 29.000 militaires en 2030

Dès avant le conflit russo-ukrainien, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS) a engagé le pays dans un programme de réinvestissement militaire. Le budget de la Défense qui est actuellement de 1,2 % doit passer à 1,54 % du PIB à l'horizon 2030. 10,4 milliards d'euros sont mis sur la table. 29.000 femmes et hommes devraient être sous les drapeaux en 2030. Du moins si l'armée trouve enfin les moyens et les arguments pour pérenniser les carrières en son sein.

La ministre Dedonder plaide pour que chaque pays allié se rééquipe au niveau national, prenne sa juste place dans l'Otan tout en soignant les partenariats au niveau européen. Dans un passé récent, un contrat portant sur l'achat de 400 véhicules blindés a été conclu avec la France. Un autre lie la Belgique aux Pays-Bas pour l'acquisition de six chasseurs de mines et de deux frégates.

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