Prix Charlemagne: Macron honoré devant Bettel et le Grand-Duc
Jeudi, le président de la République française, Emmanuel Macron, s'est vu remettre le prestigieux prix Charlemagne d’Aix-la-Chapelle, en Allemagne, en présence de Xavier Bettel et du Grand-Duc.
© PHOTO: Ina Fassbender/dpa
(AFP) - La crise diplomatique ouverte par l'annonce du retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien a pesé sur la cérémonie de remise du prix Charlemagne, décerné au président français pour «sa vision forte pour une nouvelle Europe».
Emmanuel Macron a exhorté l'Allemagne à être «à la hauteur» des réformes en Europe rendues plus nécessaires que jamais par l'abandon croissant du multilatéralisme par Donald Trump.
Le Premier ministre du Luxembourg, Xavier Bettel, ainsi que le Grand-Duc et le ministre des Affaires européennes et étrangères, Jean Asselborn, ont fait le déplacement pour assister à l'événement. Le Premier ministre n'a pas manqué de tweeter quelques photos du dîner officiel organisé mercredi soir, et de la remise du prix:
Xavier Bettel a déclaré que le prix de cette année a "honoré un défenseur de l'idée européenne convaincu et positif, qui permet à l'Europe de s'enthousiasmer et d'avancer".
De même, Jean Asselborn a félicité le Président Macron et a dit compter sur son discours très engagé "pour stimuler une Union qui aujourd’hui a plus que jamais besoin de solidarité, du respect de l’Etat de droit et de conviction, dans l’esprit d’une véritable souveraineté européenne".
Jean Asselborn avec le Président de la République francaise, Emmanuel Macron © PHOTO: SIP
Le peuple luxembourgeois honoré en 1986
Le prix international Charlemagne d’Aix-la-Chapelle a été décerné pour la première fois en 1950: il s'agit de la distinction la plus ancienne et la plus célèbre récompensant des personnalités ou des institutions pour leur engagement en faveur de l’unification européenne.
Depuis 2004, le prix Charlemagne est placé sous le parrainage du Grand-Duc. Le couple grand-ducal avait assisté aux précédentes remises de ce prix, en 2009, au professeur d'histoire des religions, Andrea Riccardi, et en 2016, au Pape François.
Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, aujourd'hui président de la Commission européenne, Premier ministre du Luxembourg à l'époque, a reçu le prix Charlemagne en 2006, et en 1986, c'est le peuple luxembourgeois qui avait été honoré.
«Nous sommes à un moment historique pour l'Europe»
C'est la chancelière allemande qui a été désignée pour faire l'éloge européen du jeune chef d'Etat, un an après son entrée en fonction. Mais, dès son arrivée mercredi soir dans la capitale de l'empereur Charlemagne, Emmanuel Macron a donné le ton du débat.
«Nous sommes à un moment historique pour l'Europe», a-t-il déclaré moins de 24 heures après l'intervention choc de Donald Trump.
L'Europe est désormais «en charge de garantir cet ordre multilatéral que nous avons créé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qui est parfois aujourd'hui bousculé», a-t-il ajouté dans une interview à la télévision publique allemande.
Sur le dossier iranien, les Européens font jusqu'à présent bloc face à Washington. Paris et Berlin ont ainsi vite réagi avec Londres mardi soir pour «regretter» la décision de Donald Trump, qu'ils n'ont pas réussi à faire changer d'avis.
«Opportunité»
«L'Allemagne va avoir à formuler d'ici au mois de juin sa réponse, c'est celle-ci que j'attends et j'espère beaucoup de la chancelière et de son gouvernement pour être à la hauteur de ce moment historique», a déclaré Emmanuel Macron à la télévision publique allemande.
Il a pu se réjouir des propos du ministre allemand de l'Economie, Peter Altmeier, pour lequel la période qui s'ouvre représente «la plus grande fenêtre d'opportunité» pour faire avancer l'intégration européenne «depuis les années 1990», celles de François Mitterrand et Helmut Kohl.
Une dizaine de dirigeants européens ont assisté à la remise du prix Charlemagne, dont les Premiers ministres roumain, bulgare, la présidente de Lituanie ou le roi d'Espagne. La plupart d'entre eux se retrouveront la semaine prochaine à Sofia pour un sommet UE-Balkans, où le dossier du nucléaire iranien a été ajouté au menu des discussions.