Réforme des retraites: Véran, un discours mêlant peur et division
Alarmistes et culpabilisateurs, les propos du porte-parole du gouvernement d'Emmanuel Macron tentent d'affaiblir la mobilisation prévue mardi 7 mars. Comme un air de déjà-vu...
Les propos d'Olivier Véran ont été l'objet de nombreuses moqueries. © PHOTO: AFP
(Ch.M avec AFP) - Les manifestations monstres et les grèves reconductibles prévues à partir de mardi 7 mars dans des secteurs stratégiques inquiètent le gouvernement français (voir la vidéo ci-dessous). La mobilisation passe à «la vitesse supérieure», assure le N.1 de la CGT Philippe Martinez ce dimanche au Journal du Dimanche. «Le 7 mars va être très gros», juge Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires. «On va casser la baraque», renchérit le secrétaire général adjoint de l'Unsa, Dominique Corona.
Lire aussi :Grève reconductible à partir du 7 mars à la SNCF
De fortes perturbations sont attendues dans les transports urbains et ferroviaires, l'ensemble des syndicats ayant appelé à la grève reconductible à la RATP et à la SNCF. Dans les airs, la direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer mardi et mercredi à entre 20 et 30% de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens.
D'autres professions sont appelées à la grève reconductible «jusqu'au retrait de la réforme», à l'invitation de la CGT : raffineurs, électriciens et gaziers, éboueurs, dockers, ouvriers du verre et de la céramique... le secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine, se disant prêt à «mettre à genoux l'économie française» pour obtenir gain de cause.
Lire aussi: «L'OGBL s'alliera à ce mouvement jusqu'au bout»
Dans l'énergie, la grève a débuté dès vendredi après-midi avec des baisses de production dans plusieurs centrales nucléaires, manière pour la CGT d'accompagner le débat qui s'ouvrait au Sénat sur la suppression des régimes spéciaux de retraite. Les enseignants seront à nouveau en grève, parfois de manière reconductible. Les syndicats s'attendent en outre à des initiatives plus inhabituelles: chantiers à l'arrêt, rideaux de magasins fermés, péages ouverts, routes bloquées...
Bloquez tout ce que vous pouvez
La semaine sera émaillée d'autres mobilisations, en parallèle des débats au Sénat, qui s'achèveront quoi qu'il arrive vendredi. Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, sera cette année placée sous le signe d'une réforme des retraites jugée particulièrement injuste pour elles. Et les mouvements lycéens et étudiants ont annoncé une journée de mobilisation le 9. «Bloquez tout ce que vous pouvez», les a encouragés vendredi soir le leader LFI Jean-Luc Mélenchon.
Lire aussi: TER Nancy-Metz-Luxembourg: «Beaucoup de décisons auraient déjà pu être prises»
Alors, face à cette mobilisation, le gouvernement d'Emmanuel Macron fait le pari de la division. Au point de voir son porte-parole, Olivier Véran, tenir un discours pour le moins absurde, tentant d'établir désespérément des liens de causalité entre des sujets déconnectés les uns des autres, suscitant railleries et incompréhension.
En ordre dispersé, le ministre du Travail Olivier Dussopt a défendu samedi auprès du Parisien une «réforme de gauche» et «sans perdants» tandis qu'en marge d'une visite du salon de l'agriculture, son homologue des comptes publics Gabriel Attal haussait le ton en dénonçant des grèves qui vont bloquer les Français «qui triment». Il a également fait référence aux «cols blancs» pour qui, la grève ne devrait pas affecter leur emploi du temps sous prétexte qu'il peuvent «télétravailler».
«Quand j'entends certains dire qu'ils vont bloquer la France, en réalité ce sont les Français qu'ils vont bloquer», ose Gabriel Attal avant de poursuivre: «Quand j'entends certains dire qu'ils vont mettre l'économie à genoux, ce sont les travailleurs qu'ils vont mettre à genoux. Ceux qui trinquent, ce sont ceux qui triment.» Nul doute que le report de l'âge légal de la retraite à 64 ans viendra soulager leur peine...