Sarkozy annonce un nouveau tour de vis sur l'immigration
Nicolas Sarkozy, qui s'est défendu mardi d'effectuer «un virage à l'extrême droite», veut durcir davantage la politique d'immigration, en sabrant les droits sociaux des immigrés et en divisant par deux le nombre d'étrangers accueillis chaque année en France.
© PHOTO: AFP
(AFP). - Nicolas Sarkozy, qui s'est défendu mardi d'effectuer «un virage à l'extrême droite», veut durcir davantage la politique d'immigration, en sabrant les droits sociaux des immigrés et en divisant par deux le nombre d'étrangers accueillis chaque année en France.
Pour la première fois, le président a évoqué sur France 2 une restriction de l'accès des étrangers aux droits sociaux qui sont jusque-là les mêmes que ceux des Français, dès lors qu'ils sont en situation régulière.
«Le RSA il y a 165.000 étrangers qui en bénéficient, et pour le minimum vieillesse 20.000 étrangers qui en bénéficient. Nous allons mettre pour les deux des conditions de présence sur le territoire et d'activité», a déclaré le président-candidat. Selon lui, «pourront bénéficier du Revenu de Solidarité active et du minimum vieillesse les immigrés qui auront résidé 10 ans en France et travaillé 5 ans».
En revanche, M. Sarkozy n'entend pas supprimer l'Aide Médicale d'Etat (AME) accordée aux étrangers en situation irrégulière, une suppression pourtant revendiquée par l'aile la plus à droite de l'UMP.
Le regroupement familial rendu plus difficile
«S'agissant de la Couverture médicale universelle (CMU) et de l'aide médicale d'Etat (AME), la tradition de la France c'est de soigner quelle que soit la nationalité. Je ne souhaite pas qu'on remette en cause cette générosité française», a-t-il dit.
M. Sarkozy, qui a mis en oeuvre depuis 2007 une politique de maîtrise des flux migratoires sans y parvenir, affiche cette fois des objectifs précis en terme d'accueil des étrangers en s'appuyant sur les leviers du regroupement familial et du mariage des étrangers avec des ressortissants français.
«Sur le quinquennat, je considère que pour relancer dans de bonnes conditions l'intégration, il faut diviser par deux le nombre de gens que nous accueillons, c'est-à-dire passer de 180.000 autour de 100.000», propose M. Sarkozy. Son ministre de l'Intérieur Claude Guéant avait auparavant fixé un objectif de 150.000. «Il y a trop d'étrangers sur notre territoire», a observé le candidat selon lequel «notre système d'intégration fonctionne de plus en plus mal parce que nous ne pouvons plus leur trouver un logement, un emploi, une école».
Il a confirmé vouloir soumettre à des conditions plus difficiles de revenus et de logement le regroupement familial et la délivrance des visas d'installation aux étrangers mariés à des ressortissants français.
Le nombre de conjoints étrangers de Français obtenant un visa n'a cessé d'augmenter durant le quinquennat et a atteint 36.669 en 2010, soit une hausse de 61% depuis 2006 due à l'augmentation des mariages mixtes, selon le dernier rapport au parlement sur l'immigration.
22.000 naturalisations en 2011
En 2011, selon l'Intérieur, 22.000 personnes ont obtenu leur naturalisation par mariage.
Alors que l'UMP accuse souvent la gauche d'avoir fait exploser l'immigration, c'est sous la droite que le record a été battu avec 214.000 personnes accueillies en 2004, selon des chiffres officiels obtenus mardi par l'AFP.
Le nombre d'immigrés admis à séjourner légalement en France a augmenté depuis 1995, année de la victoire de Jacques Chirac à la présidentielle. Il était de 76.663 étrangers. Le chiffre a atteint 197.751 personnes en 2002 et 206.151 l'année suivante alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur. Depuis son arrivée à l'Elysée, ce chiffre est resté légèrement sous les 200.000: 193.045 en 2007, 197.942 en 2008, 183.714 en 2009 et 198.525 en 2010.
Durant son quinquennat, des dizaines de milliers de personnes (autour de 30.000 par an selon les associations) ont été régularisées même si son gouvernement a choisi de mettre la lumière sur les expulsions.