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Sénat: Benalla tente de se disculper tant bien que mal

Alexandre Benalla a tenté mercredi tant bien que mal de se disculper devant les sénateurs, assurant qu'il n'était pas le garde du corps d'Emmanuel Macron même s'il lui arrivait de porter une arme lors de déplacements officiels.

© PHOTO: AFP

AFP- Mis en difficulté sur ce point par la commission d'enquête sénatoriale, l'ex-collaborateur de l'Élysée a affirmé que le port d'arme dont il disposait «n'était pas lié à la sécurité du président de la République mais à (s)a sécurité personnelle», une version accueillie avec scepticisme par les parlementaires.

«Ce qui est très gênant c'est qu'on se sent baladés et qu'on puisse nous asséner des contre-vérités comme ça sous serment», a réagi le sénateur LR François Grosdidier, membre de la commission d'enquête.

Tiré à quatre épingles, M. Benalla, 27 ans, a déclaré n'avoir «jamais été le garde du corps d'Emmanuel Macron», que ce soit pendant la campagne présidentielle ou après l'arrivée de M. Macron à l'Élysée. Il a ajouté qu'il était «chargé de mission, c'est-à-dire le niveau le plus bas» dans le cabinet de l'Élysée, pour un salaire de 6.000 euros nets par mois.

Cette question est au centre des débats de la commission d'enquête qui cherche à connaître les fonctions précises qu'occupait auprès du président M. Benalla, mis en examen pour avoir malmené des manifestants le 1er mai à Paris. La protection du chef de l'État est dévolue à deux unités d'élite, le Groupe de Sécurité de la présidence de la République (GSPR) et, à l'intérieur de Élysée, le commandement militaire.

Mais sur de nombreuses images, on a pu apercevoir M. Benalla aux côtés du président. «Je n'étais pas le garde du corps d'Emmanuel Macron et je ne l'ai jamais été,» a insisté M. Benalla. «J'ai dû monter dans la voiture à trois reprises, c'est possible mais je n'ai jamais été son siège», désignant la personne assise à la droite du chauffeur dans la voiture d'une personnalité.

«Caprice»

En revanche, M. Benalla a concédé qu'il a pu lui arriver «trois fois en un an» de porter une arme sur des déplacements officiels et privés du président. Il a également indiqué qu'il arrivait et repartait de l'Élysée avec son «arme à la ceinture», un Glock 43.

Il est apparu en difficulté lorsque le président de la commission Philippe Bas (LR) lui a rappelé que la préfecture de police, dans sa décision de lui accorder un port d'arme, indiquait que «M. Benalla est chargé d'une mission de police dans le cas de son action de coordination de la sécurité de la présidence de la République avec les forces militaires et le GSPR».

«Cet arrêté a été rédigé par un service, qui s'appelle la direction de la police générale, et qui a essayé de faire rentrer mon cas qui n'est pas un cas conforme dans les clous», a répondu M. Benalla. Selon lui, cette pratique était courante: «Michel Charasse, lorsqu'il était collaborateur de François Mitterrand, disposait d'une autorisation de port d'arme: est-ce que Michel Charasse était le garde du corps de François Mitterrand? Je ne le crois pas...», a lancé M. Benalla, suscitant la circonspection de la commission.

Quant au badge d'accès à l'Assemblée nationale qu'il a obtenu, il a reconnu un «caprice personnel» pour aller à la salle de sport et à la bibliothèque du Palais Bourbon. Auparavant, M. Benalla avait tenté d'amadouer les sénateurs et Philippe Bas qu'il avait qualifié la semaine dernière de «petit marquis», en leur présentant ses excuses.

«Je voulais vous assurer de mon respect total, et vous présente mes excuses», a-t-il déclaré à Philippe Bas, qui lui a répondu en «prendre acte». En fin de matinée, la commission a commencé par auditionner Vincent Crase, chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie, filmé aux côtés de M. Benalla lors des incidents du 1er mai et également mis en examen.

Révélée en juillet par le journal Le Monde, l'affaire a été qualifiée de «tempête dans un verre d'eau» par le président Macron. Mais, loin de s'évanouir, elle continue d'occuper le devant de la scène et a donné lieu ces derniers jours à des échanges musclés entre exécutif et sénateurs, s'écharpant sur la question de la séparation des pouvoirs.

La convocation de M. Benalla au Sénat, avait viré au feuilleton. L'ex-chargé de mission avait d'abord laissé entendre qu'il souhaitait être auditionné. Puis qu'il ne préférait plus. Avant de finalement céder afin d'éviter des «poursuites judiciaires».

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