Soupçons d'attentat en Belgique, coup de filet dans la mouvance jihadiste
Ce double coup de filet, dans des enquêtes ouvertes depuis quelques mois à Anvers et Bruxelles, a été annoncé mardi matin par le parquet fédéral, chargé du terrorisme et de la criminalité organisée.
Le 22 mars 2016, des attentats avaient frappé Bruxelles, à l'aéroport de Zaventem et au métro Maelbeck. Le coup de filet de ce mardi vient raviver le spectre de cette terrible journée. © PHOTO: AFP
(AFP) - Huit personnes ont été arrêtées lundi soir en Belgique dans la mouvance jihadiste, dans le cadre de deux enquêtes sur des soupçons d'attentat terroriste dont les cibles potentielles n'ont pas été déterminées à ce stade.
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Ce double coup de filet, dans des enquêtes ouvertes depuis quelques mois à Anvers et Bruxelles, a été annoncé mardi matin par le parquet fédéral, chargé du terrorisme et de la criminalité organisée. Il était question d'un projet d'attentat dans chacun de deux dossiers, qui comportent «des liens entre eux», a-t-on précisé de même source. Selon une source judiciaire jointe par l'AFP, les interpellés sont de «très jeunes radicalisés» de la mouvance jihadiste.
Des attaques sur le sol belge en préparation
Cinq perquisitions ont été effectuées à Molenbeek (région de Bruxelles), Eupen (est) et en Belgique néerlandophone (nord) dans les trois districts anversois de Merksem, Borgerhout et Deurne, dans le cadre du premier dossier, instruit à Anvers. Elles ont abouti à cinq interpellations, et au moins deux de ces cinq suspects sont soupçonnés de s'être «préparés à commettre un attentat terroriste en Belgique».
Dans la seconde enquête, pilotée par un juge d'instruction de Bruxelles, trois suspects ont été arrêtés à Molenbeek, Schaerbeek (autre commune bruxelloise) et à Zaventem, tout près de la capitale. Ces personnes sont également soupçonnées d'avoir préparé une attaque sur le sol belge.
D'après la RTBF, les enquêtes d'Anvers et Bruxelles ciblaient initialement «deux jeunes majeurs suspectés de radicalisme violent».
L'ombre des attentats de l'aéroport et du métro en 2016
La Belgique a été la cible d'attaques revendiquées par le groupe Etat islamique (EI) qui avaient fait 32 morts et plus de 340 blessés le 22 mars 2016, ce qui vaut à dix hommes - dont un absent, présumé mort en Syrie - d'être jugés actuellement aux assises.
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Ce matin-là, une double attaque-suicide avait dévasté le hall des départs de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem. Elle avait été suivie, une heure plus tard dans le métro dans la capitale européenne, d'une troisième également perpétrée par un kamikaze porteur d'explosifs. Ces attaques ont été menées par la cellule jihadiste déjà à l'origine des attentats du 13 novembre 2015 en France (130 morts).
Un groupe qui s'est constitué et préparé en bonne partie sur le sol belge, autour d'un noyau de jihadistes originaires des communes bruxelloises de Laeken et Molenbeek (c'est le cas du Français Salah Abdeslam, un des dix accusés au procès des attaques du 22 mars 2016).
«La menace demeure présente»
Depuis sept ans la Belgique a aussi connu plusieurs attaques mortelles contre des membres des forces prises pour cible par des radicalisés. En novembre 2022, un inspecteur de police de 29 ans a été mortellement blessé d'un coup de couteau au cou à Bruxelles par un homme qui a crié «Allah Akbar». Le suspect, Yassine M. un ancien détenu radicalisé en prison, a été inculpé pour «assassinat dans un contexte terroriste».
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La menace terroriste «demeure présente, avec des projets d'attentats qui sont régulièrement évités par nos services», déclarait le 24 mars à la RTBF le patron de la police judiciaire fédérale Eric Snoeck. Dans son dernier rapport annuel publié en janvier la Sûreté de l'Etat (renseignement civil) disait de son côté constater «une radicalisation inquiétante de personnes de plus en plus jeunes» en matière d'«idéologie extrémiste et religieuse».
Mardi, l'Ocam, agence fédérale chargée d'analyser la menace terroriste, a indiqué ne pas modifier son niveau actuel fixé à «moyen» (deuxième niveau sur quatre possibles).