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Tensions belges au pied du sapin de Noël

La décision d’interdire le Noël en famille met à l’épreuve la cohésion de l’équipe emmenée par le Premier ministre Alexander De Croo.

En Belgique cette année, pas question de fêter Noël en famille.

En Belgique cette année, pas question de fêter Noël en famille. © PHOTO: AFP

Max Helleff

De notre correspondant, Max Helleff (Bruxelles) - Lundi, la ville de Bruxelles a pris une série de mesures limitant le nombre de visiteurs sur la Grand-Place. Deux jours auparavant, une foule compacte s’était massée au pied de l’hôtel de ville pour admirer le traditionnel sapin de Noël. Dans les petites rues adjacentes, on se bousculait carrément. Une pompe à bière plantée à l’extérieur d’un bistrot créait l’attroupement.

Depuis, les autorités bruxelloises ont mis en place un large dispositif fait de barrières nadar, de marquages au sol et de signaux préventifs pour éviter une trop forte affluence et le non-respect des mesures anticovid.

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Cet afflux est un avertissement. Il indique clairement aux autorités qu’il ne sera pas simple de faire respecter les mesures de distanciation réitérées vendredi lors du dernier Comité de concertation réunissant les différents niveaux de pouvoir. Les Belges ont pris ce jour-là une douche froide : si la plupart des commerces non essentiels ont été rouverts, le Noël en famille a été (presque) interdit.

«J’aurais aussi voulu fêter Noël avec mes parents, ma sœur, mes beaux-parents mais on ne peut pas gâcher tout ce qu’on a réalisé pendant un mois. Noël ne peut pas être le point de départ d’une nouvelle année catastrophique.», avait déclaré le Premier ministre Alexander de Croo en mettant en garde contre le risque d’une troisième vague pandémique.

La règle ne change donc pas. Un ménage, qu’importe le nombre de ses membres, peut recevoir une seule personne à la maison. Pour les isolés, deux personnes sont autorisées.

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Une telle perspective en a révolté plus d’un, a fortiori sur les réseaux sociaux. Un assouplissement de dernière minute des mesures de limitation des contacts, avant les fêtes de fin d’année, est exclu, a répliqué le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke sur RTL-TVi. Pour lui, le nombre de contaminations par jour devrait descendre à une moyenne de 800, pendant 3 semaines, avant de penser à autoriser un Noël en famille. Or cet indicateur est aujourd’hui de 3300. «C’est totalement exclu que l’on soit à 800 d’ici une semaine, annonce Vandenbroucke. C’est pourquoi on se reverra début janvier. Eviter une troisième vague serait le plus beau cadeau de Noël.»

Mais tout le monde n’est pas de cet avis. Des fausses notes s’échappent du gouvernement. La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden estime que des assouplissements ne peuvent être «exclus», même si toute marche arrière lui semble peu probable. Chez les libéraux francophones, Denis Ducarme peste : «J’ai parlé d’autosatisfaction de la part de Frank Vandenbroucke, je maintiens. Je pense au fameux «choc psychologique», à son air ravi en conférence de presse vendredi soir, un peu comme s’il annonçait des mesures excellentes… Ça fait beaucoup.» Les libéraux demandent que les mesures soient potentiellement revues d'ici Noël.

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Denis Ducarme fait ainsi référence à une autre déclaration du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke qui fait grand bruit. Le socialiste flamand a en effet expliqué sur la chaîne publique VRT que la fermeture des commerces non essentiels il y a un mois n’avait pas vraiment été décidée en raison du risque épidémiologique qu’ils présentent, mais parce qu’il fallait créer un «électrochoc» dans la population. De là à penser que l’interdiction de fêter Noël en famille ne serait motivée que par un autre «électrochoc», il y a un pas que d’aucuns ont rapidement franchi.

Le sujet est sensible, porteur de divisions et d’impopularité gouvernementale. L’opposition ne s’y trompe pas. Bart De Wever, le président de la N-VA accuse le ministre de la Santé de renforcer le manque d'adhésion de la population aux mesures sanitaires. «Nous partions du principe que le Premier ministre et le ministre de la Santé se basaient sur la raison et la science. On ne dirait pas. Si vous voulez ruiner les petites et moyennes entreprises et faire disparaître le soutien aux mesures, alors c’est la bonne façon de procéder», a vociféré le nationaliste flamand.

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