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Trump menace de déployer l'armée

Le président américain a promis lundi de restaurer l'ordre dans une Amérique en proie à un déferlement de colère historique, indiquant vouloir déployer des forces militaires pour faire cesser les violences.

Pas moins de 140 villes ont connu des manifestations à la suite du décès de George Floyd.

Pas moins de 140 villes ont connu des manifestations à la suite du décès de George Floyd. © PHOTO: AFP

Source AFP

(AFP) - A New York, plusieurs grands magasins de la célèbre 5e Avenue ont été pillés lundi soir. Le couvre-feu, instauré dans la ville de 23h à 5h lundi, commencera dès 20h mardi, a annoncé le maire Bill de Blasio, tout en assurant que la métropole était «totalement sous contrôle, et pour l'essentiel calme et paisible». Donald Trump est confronté aux désordres civils les plus graves de son mandat alors que des centaines de milliers d'Américains protestent contre les brutalités policières, le racisme et les inégalités sociales, exacerbées par la crise du Covid-19.

Une semaine après l'homicide à Minneapolis de George Floyd, un homme noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc, New York, Los Angeles et des dizaines d'autres villes américaines ont renforcé leurs mesures sécuritaires. Face aux troubles se surajoutant à la pandémie de coronavirus, Donald Trump avait annoncé plus tôt d'un ton martial le déploiement dans la capitale de «milliers de soldats lourdement armés » et policiers pour mettre un terme «aux émeutes» et «aux pillages». Le président US lançant même une mise en garde aux gouverneurs : «Si une ville ou un Etat refuse de prendre les décisions nécessaires pour défendre la vie et les biens de ses résidents, je déploierai l'armée américaine pour régler rapidement le problème à leur place».

Ni le renvoi de l'agent coupable de la bavure, Derek Chauvin, ni son arrestation postérieure n'ont calmé les esprits et les protestations ont touché au moins 140 villes américaines.

Ni le renvoi de l'agent coupable de la bavure, Derek Chauvin, ni son arrestation postérieure n'ont calmé les esprits et les protestations ont touché au moins 140 villes américaines. © PHOTO: AFP

«Il utilise l'armée américaine contre les Américains», a dénoncé sur Twitter Joe Biden, son adversaire à la présidentielle de novembre. Le candidat démocrate doit se rendre mardi matin à Philadelphie pour s'exprimer sur les «troubles civils». Le visage couvert d'un masque, il s'est rendu lundi dans l'église d'une paroisse noire de son Etat du Delaware pour y rencontrer des responsables locaux. L'ancien vice-président de Barack Obama compte sur cet électorat pour remporter la Maison Blanche.

Tandis que Donald Trump s'exprimait dans les jardins de la Maison Blanche aux airs de camp retranché, la police dispersait avec du gaz lacrymogène des centaines de manifestants rassemblés à l'extérieur de l'enceinte. L'objectif était de libérer le champ vers l'église Saint John, bâtiment emblématique tout proche qui a été dégradé dimanche soir. Le président s'y est rendu à pied, entouré de membres de son cabinet, pour s'y faire photographier, une bible en main.

Comparution le 8 juin

Au cœur des slogans, "Black Lives Matter" ("La vie des Noirs compte") et "I can't breathe" ("Je ne peux pas respirer"), les derniers mots de M. Floyd gisant par terre, menotté et cou sous le genou d'un policier, dont les collègues restaient passifs. M. Floyd est mort asphyxié en raison d'une «pression forte et prolongée» exercée sur son cou et sa cage thoracique, a affirmé l'avocat de la famille de la victime, en révélant les résultats d'une autopsie indépendante. L'autopsie officielle, rendue publique dans la foulée, a également conclu à une pression létale au niveau du cou de l'Afro-Américain, ayant causé un arrêt cardiaque.

Face aux affrontements mêlant manifestants, casseurs et forces anti-émeute, les soldats de la Garde nationale ont été déployés dans plus d'une vingtaine de métropoles, dans un climat de tension inédit depuis les années 1960. Pour disperser les protestataires, les forces de l'ordre ont utilisé gaz lacrymogènes et balles en caoutchouc. L'agent Derek Chauvin, qui a été inculpé d'homicide involontaire, doit comparaître le 8 juin devant un tribunal. Pas de quoi espérer donc une baisse immédiate de la tension ambiante, d'autant que cette même semaine prochaine seront célébrées les obsèques de George Floyd, au Texas.

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