Virgule
Crise Afghanistan

Un accueil «contrôlé» des réfugiés afghans

S'ils ont annoncé leur intention de répondre «à un devoir d'humanité», les gouvernements français et allemand entendent limiter l'accès à leur territoire, pour éviter une nouvelle crise migratoire. Jean Asselborn s'est engagé à accueillir une douzaine de personnes évacuées.

Le premier vol de Lufthansa transportant 130 évacués afghans a atterri ce mercredi matin à Francfort.

Le premier vol de Lufthansa transportant 130 évacués afghans a atterri ce mercredi matin à Francfort. © PHOTO: AFP

Marie Dedeban

Trois jours après la prise de la capitale afghane par les talibans, l'Union européenne tente de faire front commun dans la gestion de la crise. Si l'évacuation des ressortissants et les futures relations avec les forces en présence ont été évoquées, plusieurs chefs d'Etat se sont déjà positionnés sur l'accueil des réfugiés.

Le président français, Emmanuel Macron, a déclaré lors d'une allocution télévisée vouloir «anticiper» la fuite de milliers d'Afghans et «protéger la France contre des flux migratoires irréguliers importants». Il a notamment précisé vouloir accueillir en priorité «quelques dizaines d'Afghans qui ont aidé la France».

A Thionville, Nancy, Strasbourg ou encore Lyon, des maires ont déjà fait part de leur intention d'accueillir ceux «qui cherchent refuge en France», assurant avoir «les capacités d'accueillir dignement».

La chancelière allemande s'est également positionnée en faveur d'un accueil «contrôlé» des réfugiés «particulièrement vulnérables». Angela Merkel souhaite en effet que l'UE trouve d'abord des solutions régionales, pour accueillir les Afghans en détresse dans les pays voisins. «Dans un deuxième temps, nous pourrons réfléchir à la question de savoir si les personnes particulièrement vulnérables doivent venir en Europe», a-t-elle précisé lors d'une conférence de presse. Le premier vol de Lufthansa transportant 130 évacués afghans a atterri ce mercredi matin à Francfort.

La chancelière souhaite éviter que le scénario de 2015 et l'afflux de plus d'un million de demandeurs d'asile, ne se reproduise. L'ouverture des frontières allemandes aux réfugiés syriens avait en effet déstabilisé le camp conservateur sur la scène politique nationale, au profit de l'extrême droite.

A l'échelle européenne, 300 à 400 personnes devraient être évacuées et réparties dans les différents Etats membres. Parmi elles, «une douzaine d'Afghans ayant travaillé pour l'UE et l'OTAN» devraient se rendre au Luxembourg, a indiqué mardi soir Jean Asselborn (LSAP) à nos confrères de L'Essentiel.

A l'issue d'une réunion avec ses homologues européens, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois a précisé dans un communiqué qu'il s'agissait «d'une obligation morale» d'assister ceux qui «ont travaillé pour l'UE et qui risquent de perdre la vie».

A noter que trois jours avant la prise de Kaboul par les talibans, le ministre luxembourgeois s'était indigné de la demande de six Etats membres (dont la Belgique et l'Allemagne) de ne pas suspendre les expulsions de migrants afghans. «Il n'y a aucune garantie que les personnes expulsées ne tomberont pas entre les mains des talibans», avait-il déclaré.

Lire aussi :Quatre Luxembourgeois restent bloqués en Afghanistan

Pendant que les Etats européens cherchent une issue commune, le gouvernement britannique a quant à lui pris sa décision. Le Premier ministre Boris Johnson a en effet annoncé son intention d'accueillir 20.000 réfugiés afghans sur le long terme, dont 5.000 la première année, sans donner de calendrier précis. La Chambre des communes doit se réunir ce mercredi pour définir les modalités.

Sur le même sujet

Sur le même sujet