Un gouvernement flamand attendu pour vendredi
Quatre mois après les élections, une nouvelle coalition «suédoise» serait sur le point d’être formée au nord du Royaume.
Bart De Wever et son parti, la N-VA tardent à former une coalition avec les chrétiens-démocrates et les libéraux © PHOTO: AFP
Par Max Hellef (Bruxelles)
Une discussion menée mardi au sein du bureau élargi du Parlement flamand a débouché sur un affrontement entre les chrétiens-démocrates du CD&V et les nationalistes de la N-VA. Pourquoi? Parce que les premiers ne veulent pas céder leur place «géographique» au centre de l’hémicycle aux seconds. Le parti de Bart De Wever s’estime en effet centriste - et non de droite. Les chrétiens-démocrates ne veulent toutefois rien entendre.
L’anecdote en dit long sur l’ambiance qui règne entre les partenaires de la future coalition «suédoise» qui devrait gouverner la Flandre pour les cinq années à venir, soit la partie de la Belgique la plus peuplée et la plus développée économiquement. Nationalistes, chrétiens-démocrates, mais aussi libéraux cherchent toujours à s’accorder. Or, les élections ont eu lieu le 26 mai dernier. Quatre mois plus tard, le nord de la Belgique n’a toujours pas de gouvernement. Du jamais-vu: le précédent «record» flamand était de 48 jours.
Les Flamands privés du «State of the Union»
Le danger d’une alliance avec l’extrême droite semble définitivement écarté. La N-VA a renoncé à pactiser avec le Vlaams Belang, en dépit de la victoire du parti post-fasciste dans les urnes le 26 mai. Ce choix est un engagement moral, mais aussi un pari risqué: si les nationalistes de Bart De Wever ne réussissent pas à contenir les électeurs les plus ultras, le Vlaams Belang sera le premier parti de Flandre dans un avenir proche, indique un récent sondage.
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Reste pour la N-VA à reconduire l’accord avec les libéraux et les chrétiens-démocrates qui fut au cœur de la précédente législature, en Flandre mais aussi au fédéral.
En attendant, les retards accumulés ont privé les Flamands de leur «State of the Union». Traditionnellement, la déclaration de politique générale a lieu le quatrième lundi de septembre. Ce jour constituait aussi la date-butoir symbolique fixée par le N-VA Jan Jambon, le futur ministre-président flamand. Mais faute de gouvernement, il faudra patienter.
Plus question de taxe kilométrique
Pour structurer les négociations, Jan Jambon a mis sur pied une quinzaine de groupes de travail dédiés à différentes thématiques. Mais les discussions ont patiné sur les dossiers les plus sensibles: la santé, l’environnement ou encore l’intégration. La N-VA veut ainsi rendre payant le parcours d’intégration, instaurer un examen final et sanctionner les migrants qui le rateraient. Cette mesure ne plaît pas aux centristes qui n’entendent pas se laisser enfermer dans un agenda radicalement nationaliste.
La religion est une autre pierre d’achoppement. Le CD&V ne veut pas lâcher les associations traditionnellement liées au mouvement chrétien, au contraire des nationalistes et des libéraux. La question de l’importance du cours de religion dans l’enseignement pèse aussi sur les débats. Par ailleurs, il n’est plus question d’une taxe kilométrique, laquelle fut un temps évoquée pour réduire les nuisances du trafic automobile et encourager les usagers à se tourner vers la mobilité douce.
Jan Jambon (à dr., ici au côté de Theo Francken) a structuré les négociations en mettant sur pied une quinzaine de groupes de travail © PHOTO: AFP
Il faut enfin trouver un accord sur le budget. La Flandre est dans le rouge à hauteur de 500 ou 600 millions d’euros. Il semble toutefois que l’équilibre budgétaire ne soit plus un prérequis.
Malgré tous ces écueils, un accord pourrait intervenir ce vendredi. Jan Jambon, l’ex-ministre fédéral de l’Intérieur qui se fit une réputation de «dur» en déclarant vouloir «nettoyer Molenbeek», pourrait faire sa déclaration solennelle en tant que nouveau ministre-président flamand devant le Parlement régional lundi prochain.