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Vers la fin de la monarchie?

Un ministre belge se prononce pour l'avènement d'une république

L’expression du ministre de l'Economie, Pierre-Yves Dermagne, en faveur de l’avènement d'une république se perd dans une multitude d’opinions sur l’avenir du pays.

La position de Pierre-Yves Dermagne constitue une quasi-exception dans le monde politique francophone.

La position de Pierre-Yves Dermagne constitue une quasi-exception dans le monde politique francophone. © PHOTO: Shutterstock

Max Helleff

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles)

Le socialiste Pierre-Yves Dermagne a créé le buzz en se prononçant pour l'avènement d'une république belge. Sur le plateau de RTL-TVi, le ministre de l'Économie et du Travail s'est expliqué : «Si je suis républicain, c'est parce que je suis un homme de gauche qui met la valeur de l'égalité entre les hommes au premier rang. Je ne peux pas accepter un système qui, de par la naissance, crée des différences et, d'une certaine manière, une forme de privilège.»

Pierre-Yves Dermagne dit n'avoir rien contre le roi Philippe avec qui il a « de très bonnes relations». «Mais, poursuit-il, je ne peux pas valider un système qui crée une inégalité de droit entre les citoyens».

«Que la Belgique crève»

Qu'un socialiste rejette un système qui donne la tête de l'Etat à un homme – et un jour à une femme – en raison de sa lignée au détriment d'un élu du peuple devrait aller de soi. Pourtant, Pierre-Yves Dermagne constitue une quasi-exception dans le monde politique francophone.

En Flandre, la donne est différente. S'il ne tenait qu'aux partis nationalistes – soit presque un électeur sur deux – le roi ferait ses valises. Selon ses statuts, la N-VA de Bart De Wever aspire à l'avènement d'une république. Quant au Vlaams Belang (extrême droite), s'il s'abstient désormais de vociférer publiquement «Belgïe Barst» («Que la Belgique crève »), il n'en pense pas moins.

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La sortie du ministre Dermagne intervient à un moment où la N-VA reparle de réformer l'Etat selon un mode confédéral. A un peu plus d'un an des élections législatives, Bart De Wever répète qu'il ne veut ni « révolution », ni « scénario catalan », mais une « réforme extralégale » qui permettrait de donner un gain d’autonomie à la Flandre.

Enquête sur le devenir institutionnel du pays

Ces dix dernières années, le «communautaire» a été mis en veilleuse. Flamands et francophones ont collaboré davantage dans l'intérêt du pays et ont rangé au placard leurs querelles, en dépit de couacs épars. Régulièrement toutefois, l'idée d'une septième réforme de l'Etat qui gommerait les défauts des précédentes refait surface. A un peu plus d'un an des élections, certains ont intérêt à réveiller les vieux démons linguistiques.

Mais pour aller où? En juin dernier, le gouvernement fédéral a lancé une enquête sur le devenir institutionnel du pays. Un accord de coalition prévoit en effet la préparation d'une grande réforme de l'État, celle-ci devant attendre les élections de 2024 avant d'être concrétisée. Au plus tôt...

Le covid a révélé une forme de cacophonie

Une tendance se dégage : il faut «simplifier» les institutions du pays, un mikado qui tient du casse-tête. Les citoyens interrogés disent avoir « le souci d'une bonne répartition des compétences » et veulent aller vers une «réorganisation de l'Etat».

Ils ont inévitablement en tête le covid : au début de la pandémie, pas moins de huit ministres de la Santé (fédéral, régionaux, etc.) ont eu toutes les peines du monde à s'accorder pour faire face au virus. L'impression de cacophonie fut catastrophique. Les sondés estiment ainsi qu'une répartition claire des compétences entre les niveaux de pouvoir est plus importante que le nombre de régions et de communautés.

Et pour le reste, ça tire dans tous les sens, entre les unitaristes, les séparatistes, les rattachistes (à la France pour la Wallonie ; aux Pays-Bas pour la Flandre), les partisans d'un fédéralisme à la suisse, etc. Ce que le ministre en charge de l'enquête, le libéral francophone David Clarinval, appelle diplomatiquement « la diversité».

Autant dire que les républicains ne constituent ici qu'une infime minorité. Pour paraphraser Gainsbourg, en Belgique c'est un peu « Aux armes ! » mais surtout beaucoup «et caetera»…

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