Une décision-clé vendredi dans le procès des attentats
La cour d’assises de Bruxelles devra dire si les « cages » des accusés sont maintenues, au risque d’un report du procès.
Ce dessin montre l'accusé Salah Abdeslam lors de l'ouverture de l'audience préliminaire du procès des suspects des attentats djihadistes de mars 2016, à Bruxelles, le 12 septembre 2022. © PHOTO: AFP
De notre correspondant Max Hellef (Bruxelles)- Salah Abdeslam assistera-t-il au procès des attentats de Bruxelles ? Et si oui, dans un «box» ou non ? Ces questions sont posées au lendemain d'une première audience technique. «La manière dont vous nous traitez, c'est inéquitable», a lancé lundi à la cour le terroriste survivant des attentats de Paris. Celui qui n'était pas attendu à ce stade à Bruxelles en raison de la technicité de l'audience préliminaire s'était manifestement déplacé pour faire le buzz. Sa déclaration faite, il a demandé à quitter son box, se joignant à ses coaccusés qui avaient formulé auparavant les mêmes critiques.
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Depuis plusieurs semaines, la défense pointe en effet les «cages» de métal et de verre dans lesquelles doivent comparaître les accusés des attentats qui ont ensanglanté la capitale belge le 22 mars 2016. Pour leurs avocats, elles empêchent tout contact normal entre la défense et ses clients.
Assurer la présence des accusés
Après les avoir visitées, certains médias ont confirmé qu'un échange verbal n'y semble possible que si le calme règne dans la salle d'audience, or les débats risquent d'être houleux par moment. De fait, seuls des petits trous percés à la manière d'un confessionnal permettent à l'accusé et à son avocat d'échanger. De façon unanime, la défense a donc demandé la démolition des «cages» avant octobre, date à laquelle commencera véritablement le procès.
La menace potentielle qui pèse sur ce méga-procès explique les précautions extraordinaires prises pour y assurer la présence des accusés. L'Ocam (organe de coordination pour l'analyse de la menace) l'a fixée à 3 sur une échelle comprenant 4 niveaux. De façon plus large, les box font partie du dispositif exceptionnel mis en place pour sécuriser le Justitia, l'ancien bâtiment de l'Otan sis en banlieue bruxelloise où vont se tenir pendant 6 à 9 mois les débats. Ceux-ci doivent notamment aboutir à fixer les responsabilités dans les attentats-suicides qui ont fait 32 morts et quelque 340 blessés le 22 mars 2016 à la station de métro Maelbeek et à Brussels Airport.
Maintenir ou non ces box
La magistrature elle-même s'inquiète de la présence de ces box et de l'entrave qu'ils pourraient représenter aux droits de la défense. «En tant que représentants de la cour d'appel, nous avons émis un certain nombre de considérations, affirmait en août dernier le juge honoraire Luc Hennart. Mais faute d'accord entre les acteurs du procès, on reste sur la disposition prévue à l'origine, c'est-à-dire des box individuels fermés.»
La décision de maintenir ou non ces box dépend de la présidence de la cour d'assises. Elle ne pourra ignorer d'une part les exigences particulières de sécurité que requiert un tel procès, et d'autre part le risque de voir certains avocats de la défense aller à Strasbourg. Delphine Paci, l'avocate de Salah Abdeslam, a ainsi menacé de saisir la Cour européenne des droits de l'homme pour «traitement inhumain et dégradant». Cette action pourrait entraîner un report du procès.
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La cour d'assises de Bruxelles rendra sa décision sur ce point vendredi, à 14 heures. Mais avant de statuer, elle devra également prendre en considération l'avis des 940 parties civiles, ces hommes et ces femmes qui paient encore dans chair la folie meurtrière d'une poignée d'hommes se revendiquant de l'Etat islamique.
Un autre point fait débat : le refus des accusés d'apparaître sur les photos et les vidéos de presse, mais aussi sur les dessins qui représentent souvent pour les médias le dernier recours possible pour illustrer les débats. Ici la présidence dégage en touche: «C'est une question à voir entre accusés et journalistes.»