Une forte abstention, proche du record de 2002
L'abstention au premier tour de la présidentielle dimanche devrait se situer entre 26% et 28,3%, selon les estimations des instituts de sondage, soit un niveau beaucoup plus important qu'en 2017 (22,23%) et juste en dessous du record de 2002, à 28,4%.
Le record de 2002 n'a pas été battu. © PHOTO: AFP
(AFP) - Ipsos Sopra-Steria (FranceTV/RadioFrance/LeParisien/LCP/RFI) prévoit une abstention à 26%, contre 26,2% pour l'Ifop (TF1/LCI/ParisMatch/SudRadio), 27% pour Harris interactive (M6/RTL) et pour Elabe (BFMTV/RMC/L'Express/SFR), et 28,3% pour OpinionWay (CNews/Europe1).
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Même si le record de 2002 ne devrait pas être battu, un tel niveau reste très élevé pour une présidentielle. En dehors de 2002, les abstentions les plus élevées jusqu'alors avaient été constatées, pour un premier tour, en 1969 (22,4%) et 2017 (22,23%), soit quatre ou six points de moins que l'évaluation de dimanche.
«On s'attendait à pire, donc je vois plutôt le verre à moitié plein» : à l'instar du professeur de Sciences-Po Bordeaux Vincent Tiberj, les politologues interrogés retiennent le rebond notable de la participation après des taux catastrophiques aux municipales de 2020 et surtout aux régionales et départementales de 2021, où les deux tiers des Français avaient boudé les urnes.
«Rendez-vous central»
«Il n'y a pas d'effondrement de la participation à l'élection présidentielle, ça veut dire que ça reste toujours l'élection reine de la Ve République», souligne le politologue Gérard Grunberg.
«La présidentielle, après 2020 et 2021 où c'était la catastrophe de participation, reste, quoi qu'on en dise, et même si c'est à un niveau de basses eaux, le scrutin attractif par excellence», résume le politiste Pierre Lefébure, de l'Université Paris Nord.
«En dépit de la tendance inexorable à la progression de l'abstention, on a néanmoins une mobilisation qui est assez massive», abonde le sondeur Jérôme Fourquet (Ifop).
«C'est plutôt démocratiquement une bonne nouvelle, ça confirme le caractère très singulier de cette élection présidentielle qui demeure manifestement un rendez-vous absolument central pour les Français», ajoute-t-il.
Reste néanmoins à expliquer ce niveau toujours élevé. «Il y a des lourdeurs sociologiques qui ne facilitent pas la participation électorale», rappelle la politiste Anne Jadot (Université de Nancy), en citant les jeunes et les classes populaires.
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Selon un sondage Ipsos Sopra-Steria pour FranceTv/RadioFrance/LeParisien/LCP/RFI, seulement 58% des 18-24 ans, et 54% des 25-34 ans ont voté dimanche, contre 80% des 50-59 ans, et 88% des 60-69 ans.
Et 67% des ouvriers sont allés voter, contre 74% des cadres et 81% des retraités.
Records des votes blancs et nuls en 2017
«Il y a aussi tous les éléments conjoncturels qui ont tiré dans le même sens, celui de ne pas forcément faire palpiter les foules», estime en outre Anne Jadot, en mentionnant la crise du Covid, la guerre en Ukraine, mais aussi l'entrée tardive en campagne d'Emmanuel Macron, qui a refusé de participer à des débats télévisés, «débats qui avaient beaucoup intéressé les Français en 2017».
Les politologues se montrent en revanche très prudents sur les perspectives d'abstention au second tour, le 24 avril.
«En 2017, c'était la 2ème fois dans l'histoire de la présidentielle sous la Ve, après 1969, qu'il y avait plus d'abstentions au second tour qu'au 1er tour (25,44% au 2e tour)», rappelle Anne Jadot qui craint une nouvelle fois une hausse de l'abstention, mais aussi un nouveau record de bulletins blancs et nuls.
«Rappelons-nous que 2017, c'est le record des votes blancs et nuls, plus de 10%, ça nous raconte énormément de choses du refus de choisir, ça va être une des vraies interrogations du second tour», estime aussi Vincent Tiberj.