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Vers une réforme du médicament en France

Huit mois après la révélation du scandale du Mediator, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a présenté hier sa réforme du système du médicament, qui doit selon lui permettre qu'à l'avenir le doute «bénéficie systématiquement au patient».

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Huit mois après la révélation du scandale du Mediator, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a présenté hier sa réforme du système du médicament, qui doit selon lui permettre qu'à l'avenir le doute «bénéficie systématiquement au patient».

«Cela vaut dès l'autorisation de mise sur le marché du médicament (AMM) et tout au long de sa vie», a déclaré M. Bertrand lors d'une conférence de presse, au cours de laquelle il a détaillé une série de mesures pour une plus grande transparence entre laboratoires, médecins et experts et une indépendance accrue de ces derniers.

«On ne remboursera plus un médicament que s'il en vaut vraiment la peine et s'il présente des effets indésirables importants, on n'hésitera pas» (à le retirer du marché, NDLR), a-t-il déclaré.

Parmi les mesures envisagées, le ministre propose que, sur chaque boîte de médicament, soit inscrit le numéro vert d'appel et le site Internet de l'Agence nationale de sécurité du médicament (nouveau nom de l'Afssaps), auxquels les patients peuvent s'adresser.

M. Bertrand souhaite aussi que la liste des médicaments sous «surveillance particulière» soit «régulièrement mise à jour par l'Agence et publiée sur son site internet». Ces médicaments porteraient un pictogramme sur la boîte afin d'encourager patients et professionnels de santé à signaler d'éventuels effets indésirables.

Le ministre a par ailleurs mis en exergue la consommation excessive à ses yeux de médicaments en France.

Sur le sujet – sensible – des visiteurs médicaux, qui sont employés par les laboratoires pour présenter leurs produits auprès des médecins, M. Bertrand a estimé que le système devait être revu «de fond en comble», sans pour autant se prononcer en faveur de leur suppression comme le recommandait l'Inspection générale des Affaires sociales (IGAS).

«La partie promotion de leur travail me gêne, la partie information doit être encadrée», a-t-il ajouté. Dans le premier temps, une expérimentation de visite médicale à l'hôpital réunissant plusieurs professionnels de santé sera menée, avant de l'envisager pour les médecins de ville.

Après avoir atteint un pic d'environ 24.000 (en 2003-2004), les effectifs des visiteurs médicaux ne cessent de baisser. Ils n'étaient plus que 17.000 fin 2010, estimait récemment le syndicat patronal (Leem).

La pneumologue Irène Frachon, qui a mis au jour les risques du Mediator, a salué sans détours les annonces faites au cours de cette conférence de presse à laquelle elle assistait. «Je suis impressionnée par l'ampleur des réformes», a-t-elle affirmé. «Il y a une vraie rupture dans ce qu'annonce Xavier Bertrand, en particulier ciblée sur la sécurité des patients».

Même réaction positive du côté du député socialiste Gérard Bapt, président de la commission parlementaire sur le Mediator. «Une grande réforme est sur les rails, elle est à la hauteur des enjeux», a-t-il déclaré aux journalistes.

M. Bertrand a précisé qu'il présenterait un projet de loi «avant la trêve estivale» pour qu'il puisse être soumis au Parlement «à l'automne». L'objectif de cette réforme est «qu'il n'y ait pas demain de nouveau Mediator», a souligné M. Bertrand. Antidiabétique largement détourné comme coupe-faim, le Mediator aurait fait en 33 ans entre 500 et 2.000 morts, avant d'être retiré du marché français en novembre 2009.

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