Yassine M., violeur radicalisé, voulait se faire soigner
On en sait plus sur l'homme qui a tué un policier à Schaerbeek jeudi dernier.
Le chef de la police locale de Bruxelles, Olivier Slosse lors d'une conférence de presse au parquet de Bruxelles. © PHOTO: AFP
De notre correspondant Max Helleff (Bruxelles)
Yassine M., l'homme qui a tué au couteau un policier à Schaerbeek jeudi dernier, a été entendu par les enquêteurs qui ont enfin reçu l'autorisation d'interroger ce Belge de 32 ans, blessé à la jambe d'une balle lors de son arrestation. Les motivations de ce radicalisé fiché comme potentiellement dangereux restent néanmoins floues. Il a été placé sous mandat d'arrêt par le juge d'instruction. Il est soupçonné d'assassinat et de tentative d'assassinat dans un contexte terroriste.
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En dépit des explications légales apportées, l'incompréhension règne toujours autour du fait que Yassine M. ait été laissé en liberté, alors qu'il s'était rendu au commissariat d'Evere pour y proférer des menaces à l'encontre de la police tout en demandant à être soigné sur le plan psychologique. Quelques heures plus tard, libre donc, il tuait l'agent Thomas Monjoie à Schaerbeek et blessait son collègue Jason P.
Aujourd'hui, on sait qu'il a dit aux policiers d'Evere concevoir « une haine contre la police et que suite à cette haine, il a eu plusieurs fois envie de faire des attentats contre la police». Yassine M. – un «manipulateur» - a ajouté ne pas aimer «ce genre d'idées» «Il a besoin d'aide. Il souhaite avoir une vie normale, se marier, avoir des enfants», mentionne le rapport d'enquête du procureur général de Bruxelles.
Une fois mise en possession de ces informations par la police, la magistrate de garde a décidé qu'il n'y avait pas lieu de donner une suite judiciaire au dossier. Elle s'est entretenue auparavant avec ses collègues référents en grand banditisme, en terrorisme, ainsi qu'en radicalisme.
Sorti de prison en 2018
Selon le procureur, cité par le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, «le Parquet a pris au sérieux la communication, l'a traitée de manière professionnelle et responsable». En résumé, tout a été fait dans les règles.
Le ministre de la Justice a livré à son tour quelques éléments d'information, lundi au Parlement. Depuis sa sortie de prison en 2019 où il purgeait une peine de prison pour viol avec violence, aucune information «inquiétante» n'aurait été mentionnée sur Yassine M. Le ministre accrédite le fait que, conformément à la loi, il a été décidé de le diriger à sa demande vers un hôpital pour une évaluation psychiatrique. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé aux cliniques Saint-Luc à Bruxelles où les policiers qui l'accompagnaient n'ont rien dit de sa dangerosité au personnel hospitalier. Laissé seul par les agents, Yassine M. a quitté libre l'hôpital dans l'heure sans être vu par un soignant. Quelques heures plus tard, il se transformait en tueur.
Le profil d'un malade se dessine
Selon le ministre, il n'y a eu «apparemment aucun contact entre la police et l'hôpital au moment où la personne a quitté l'hôpital». Par contre, à 18h40, soit moins d'une heure avant le meurtre du policier à Schaerbeek, la police a recontacté les cliniques Saint-Luc pour savoir si elles avaient gardé Yassine M. L'hôpital a répondu qu'il était parti avant la prise en charge des psychologues. Le bureau du procureur n'aurait pas été informé de cet appel.
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Une fois encore, c'est la communication entre les acteurs du dossier qui est pointée du doigt, dans l'opposition comme dans la majorité gouvernementale. En l'occurrence ici, l'hôpital et la police n'auraient pas suffisamment échangé.
Selon Le Soir de mardi qui cite le Caprev, le centre chargé des extrémismes et des radicalismes violents, le profil de Yassine M. n'était plus celui d'un extrémiste religieux, mais d'un malade qui devait bénéficier d'un suivi psychologique et psychiatrique à 100%. Un fou meurtrier.