2021 devrait impacter votre portefeuille
A compter du Jour de l'An, les acquéreurs de voitures neuves devront s'acquitter d'une taxe d'immatriculation plus élevée. Et à la pompe, le prix augmentera aussi. © PHOTO: Gerry Huberty
Hausse du salaire minimum, mise en place de la taxe CO2, changement des modalités du chômage partiel... Découvrez les six principales évolutions qui entreront en vigueur le 1er janvier ou le reste de l'année.
Qui dit nouvelle année, dit nouvelles mesures. Mais cette fois-ci, la pandémie sanitaire n'y est pour rien. Si certaines d'entre elles entreront en vigueur dès ce vendredi, d'autres arriveront en revanche plus tard dans l'année. Tour d'horizon de ce qui attend les résidents et frontaliers.
Coup de pouce pour le salaire minimum
Annoncée par Xavier Bettel (DP) fin novembre, la hausse de 2,8% du salaire social minimum (SSM) deviendra réalité dès vendredi. Une décision justifiée par le Premier ministre comme nécessaire à la préservation du pouvoir d'achat des travailleurs.
Plus concrètement, à compter du mois de janvier, les salariés ne pourront donc pas être payés moins que 2.201,93 euros brut pour les travailleurs non qualifiés et 2.642,32 euros pour les travailleurs qualifiés. Soit une hausse de quelque 70 euros sur les fiches de salaire.
Cette revalorisation des bas salaires a néanmoins soulevé de vives critiques de la part du patronat, certaines entreprises étant particulièrement fragilisées par la pandémie sanitaire, telles que dans les secteurs de l'hébergement ou de la restauration. Pour compenser la mesure, le gouvernement a donc annoncé le versement de 500 euros à destination des entreprises des secteurs vulnérables.
Au total, selon les données de la Banque centrale de Luxembourg, environ 15% des actifs du Grand-Duché verront leur salaire augmenter pour la nouvelle année, soit quelque 60.000 personnes.
A noter que le SSM ne sera pas le seul à être revu à la hausse. Le Revis et le revenu pour personnes gravement handicapées seront eux aussi augmentés de 2,8%.
Pension augmentée pour les retraités
Autre bonne nouvelle pour le portefeuille de nos aînés. Comme annoncé par le ministre de la Sécurité Sociale Romain Schneider (LSAP) en août dernier, le montant des pensions sera augmenté de 1,3% le mois de janvier.
Une augmentation liée à un calcul prenant en compte plusieurs paramètres, tels que le taux de variation annuelle et le modérateur de réajustement. Plus concrètement, cet ajustement des pensions est lié à l’évolution réelle des salaires, dans ce cas pour les années 2018 et 2019.
Au total, quelque 190.000 personnes bénéficieront de ce coup de pouce. Une hausse bienvenue, bien que légèrement plus faible qu'en 2020. Pour rappel, en début d'année, l'ajustement des pensions s'était élevé à 1,5%.
Avec plus de 183.000 retraites versées par l'Etat, l'ardoise totale de l'année 2020 était alors chiffrée à 1,9 milliard d'euros, somme payée par les finances publiques. Une facture qui devrait continuer de s'alourdir dans les années à venir, le nombre de pensionnés étant en constante augmentation.
Nouvelle taxe CO2
Si les revalorisations salariales devraient ravir plus d'un salarié, les automobilistes démarreront eux l'année avec une mauvaise nouvelle. En effet, l'introduction de la nouvelle taxe CO2, à compter de ce vendredi aura pour conséquence une augmentation des accises pour les futurs détenteurs de voitures neuves. En d'autres termes, les acheteurs devront s'acquitter d'une taxe d'immatriculation plus élevée.
Une note qui se situerait entre 450 et 750 euros de plus par an, à en croire l'Automobile club (ACL) et l'Union des consommateurs (ULC). Mais tous les automobilistes ne devront pas mettre la main à la poche : cette nouvelle réglementation n'a pas d'effet rétroactif et ne concerne donc que les voitures dont la première mise en circulation aura lieu à partir du mois de janvier.
Le gouvernement n'entend toutefois pas que sanctionner. Pour inciter les automobilistes à changer leurs habitudes, en passant du moteur thermique à l'électrique, l'Etat a aussi décidé d'attribuer un coup de pouce financier aux personnes souhaitant s'équiper d'un véhicule dit propre. La prime d'achat d'une voiture hybride a ainsi doublé dans le cadre du programme Neistart Letzebuerg. Désormais, et jusqu'au 31 mars, les automobilistes peuvent donc se faire rembourser jusqu'au 8.000 euros de leur facture.
Une occasion à saisir, puisque les prix à la pompe augmenteront également. Dans le cadre des objectifs de «fiscalité verte» du gouvernement, le litre d'essence et de diesel sera en effet plus cher de cinq centimes, comme annoncé par Xavier Bettel dans son discours sur l'état de la Nation mi-octobre.
Nouvelles règles pour le chômage partiel
Principal outil de réponse à la crise, le chômage partiel reste «au cœur du dispositif» mis en place pour préserver l'économie, soulignait Franz Fayot (LSAP) mi-novembre. Seulement, à compter du Jour de l'An, entreprises et salariés devront s'attendre à quelques changements, suite à l'accord trouvé entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
Parmi les nouvelles modalités appliquées, la plus essentielle portera sur la base de calcul des indemnités. Celles-ci seront évaluées, durant le premier semestre, sur le nombre d’heures effectivement chômées par les salariés concernés et non plus sur base d’emplois temps plein (ETP).
Par ailleurs, du 1er janvier au 31 mars, les entreprises du secteur industriel pourront continuer à solliciter l'octroi de l'aide assurant 80% des revenus des salariés impactés. En revanche, durant cette période, il leur sera impossible de signifier un préavis de licenciement pour raisons économiques si elles bénéficient du chômage partiel.
En plus des diverses mesures inscrites dans le Fonds de relance et de solidarité, les entreprises des secteurs gravement touchés par la crise (à savoir, tourisme, événementiel, hôtellerie et restauration) pourront, elles aussi, s'inscrire à d'autres modalités.
Plus concrètement, cela signifie qu'elles bénéficieront d’un accès accéléré au chômage partiel, sans limitation du nombre de salariés y ayant droit. En cas de besoin avéré, ces entreprises pourront recourir à des licenciements économiques, à certaines conditions. Autrement dit, dans la limite de 25% de leurs salariés calculée sur l’effectif au 30 juin 2020.
Les entreprises touchées par la crise sanitaire (autres que celles du secteur industriel ou relevant des secteurs vulnérables), pourront également avoir recours au chômage partiel par la voie accélérée. Mais là aussi, à condition de ne pas procéder à des licenciements. Dans ce cas cependant le nombre d’heures de travail perdues ne pourra pas dépasser 15% du total des heures de travail mensuelles normales de l’entreprise.
Fin du plastique à usage unique
Cotons-tiges, pailles, touillettes à café... ces produits de notre quotidien disparaîtront des rayons. Ils seront en effet tout bonnement interdits. Une seule catégorie de déchets qui pèse quelque 129,5 millions de tonnes de détritus à l'échelle du pays.
Cette mesure ne résulte cependant pas d'une initiative du gouvernement luxembourgeois, mais d'une décision européenne prise fin 2018. Mais le Grand-Duché entend bien jouer les bons élèves en allant plus loin. Il faudra toutefois se montrer patient.
Le gouvernement entend en effet supprimer l'emballage plastique sur les fruits et légumes frais. Mais pas avant 2022. Le projet est toutefois en cours. Cet été, la ministre Dieschbourg a déposé un projet de loi en ce sens.
Limitation des emprunts immobiliers
A compter du 1er janvier, les banques devront appliquer de nouveaux standards pour l'octroi de prêts immobiliers. En d'autres termes, elles appliqueront des conditions plus strictes avant d'accorder un emprunt aux futurs acquéreurs. Ces derniers devront donc montrer patte blanche pour financer leur projet d'achat d'un appartement ou d'une maison.
Car malgré la crise, les prix de l'immobilier n'ont pas baissé au Luxembourg. Ceux-ci ont poursuivi leur progression avec un taux de croissance annuel moyen de 7,2% ces cinq dernières années, et jusqu'à 13,9% pour le seul premier trimestre 2020.
Par cette mesure, l'Etat entend donc protéger les particuliers du surendettement lié à l'achat d'un bien, et les banques de l'effondrement de la bulle spéculative. Selon André Bauler (DP), président de la commission des Finances, l'endettement moyen des ménages luxembourgeois approche les 178% de leur revenu macroéconomique disponible, contre une moyenne européenne fixée à 104%.