2021, une année pas toujours rose vue à travers le regard des enfants
L’Université du Luxembourg, en partenariat avec l’UNICEF, a publié vendredi sa deuxième enquête relative au bien-être des enfants pendant la pandémie. Elle se focalise sur l’année 2021 et montre à quel point ils restent affectés par un événement qui, sans conteste, aura bouleversé leur enfance, ou leur adolescence.
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Estimez le pourcentage d’enfants qui se sont déclarés en 2021 moins satisfaits de leur vie par rapport au temps avant la pandémie.
Près d’un tiers des jeunes enfants (6 – 11 ans) interrogés au Luxembourg considèrent que leur satisfaction générale à l’égard de la vie a diminué depuis la pandémie. Ce chiffre bondit à 43 % chez les 12 – 16 ans.
Ainsi, les enfants se sont sentis contraints par les mesures de distanciation sociale et physique ; beaucoup ont estimé que leur vie sociale en a souffert. Ces données corroborent les premiers résultats recueillis lors de l’étude menée auprès des enfants en 2020, et qui avaient mis en lumière une nette dégradation de leur satisfaction dans la vie.
Estimez le pourcentage d’enfants qui se sont déclarés en 2021 satisfaits de la façon dont les adultes étaient à leur écoute.
Des adultes sévèrement jugés
Autre enseignement majeur de l’étude : un tiers seulement des enfants plus âgés se disent satisfaits de la façon dont les adultes les ont écoutés (contre 54 % chez les 6 – 11 ans).
Le soutien scolaire apporté par les parents montre que ces derniers ont surtout accompagné les jeunes enfants. Cette aide s’est révélée moins fréquente auprès des enfants plus âgés, en raison de leur indépendance croissante.
L’école plébiscitée
La vie à l’école, enfin, est très largement plébiscitée : 95 % des plus jeunes se déclarent satisfaits, contre 75 % des plus âgés – cette différence peut s’expliquer par le fait que les plus jeunes ont été questionnés à la rentrée, les plus âgés à la fin d’une année scolaire difficile. L’école reste un lieu de sociabilisation clé. 55 % des plus jeunes et 95 % des plus âgés estiment, de même, qu’ils apprennent moins lorsqu’ils ne peuvent pas aller à l’école en raison des fermetures d’établissements ou des quarantaines.
Or, entre 2020 et 2021, un tiers des enfants interrogés (29 % des plus jeunes, 26 % des plus âgés) ont déclaré avoir manqué plus de six semaines, soit plus de la moitié d’un trimestre. C’est une situation néfaste qui peut mettre une pression intense sur les enfants et les parents.
Alors que près d’un jeune adolescent sur deux (46 %) s’est dit inquiet de moins bien réussir à l’école, le soutien des enseignants a été évalué à travers différents critères, qui démontrent clairement leur implication.
Les entretiens qualitatifs ont cependant mis en lumière des appréciations différentes : certains enseignants étaient loués parce qu’ils s’étaient occupé de l’élève, l’avaient écouté, compris ou rassuré ; d’autres étaient comparés à des modèles. D’autres encore ont été critiqués pour leur manque d’attention, voire pour leur absentéisme.
L’adolescente, plus sujette aux émotions négatives
Chez les plus jeunes enfants, 16 % ont indiqué avoir éprouvé « souvent ou très souvent » des émotions négatives et 18 % des pensées inquiétantes. Ces pourcentages s’élèvent à 32 % et 22 % pour les enfants plus âgés. Ces craintes sont majoritairement liées à l’éventualité de voir tomber malade un membre de la famille.
Les filles, par ailleurs, indiquent avoir eu peur, s’être senties tristes ou anxieuses de façon significativement plus fréquente.
La tablette, meilleur ami ou faux ami ?
Pendant leur temps libre, les enfants ont davantage utilisé leurs appareils numériques. Les adolescents interrogés s’accordent à dire que ces appareils les ont aidés à se sentir mieux pendant la pandémie, car ils leur ont permis de se socialiser, de se détendre et de se distraire. Dans le même temps, les adolescents reconnaissent que leur temps d’utilisation des écrans après la pandémie devrait se réduire. De leur propre aveu, ils ont passé en moyenne 3,5 heures par jour devant leurs écrans pour leurs loisirs (contre deux heures chez les plus petits).
Se détendre, jouer, passer du temps sur les médias sociaux sont des activités fréquemment citées. En revanche, les activités physiques sont moins souvent mentionnées lors des échanges menés par les chercheurs.
Méthodologie
Depuis deux ans, l’UNICEF, en collaboration avec l’Université du Luxembourg, conduit dans le pays une étude sur l’impact de la pandémie de la Covid-19 auprès des enfants de 6 à 16 ans. Le premier volet, réalisé courant 2020, avait révélé que la satisfaction de vie des enfants avait diminué de manière significative pendant le confinement. Les résultats du second volet de cette étude, intitulé COVID-Kids II, ont été présentés vendredi 25 février 2022.
Cette étude a été réalisée à la fin du printemps et au début de l’automne 2021, pendant la deuxième année de la pandémie. Elle examine le bien-être subjectif et les expériences des enfants âgés de 6 à 16 ans, inscrits essentiellement dans des écoles privées, au moyen de questionnaires (621 enfants y ont répondu et au final 167 ont été validés auprès des jeunes enfants, 323 auprès des plus âgés) et d’entretiens (22 enfants y ont participé).