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Immobilier

3,7 millions d'euros pour une ancienne discothèque

La maison située au numéro 17B de la rue des Bains a été mise aux enchères et a trouvé un nouveau propriétaire après deux offres.

Une maison qui a une sacrée histoire.

Une maison qui a une sacrée histoire. © PHOTO: Anouk Antony

La maison située au numéro 17B de la rue des Bains, dans la capitale, est annoncée comme «Immeuble de Prestige» dans l'annonce officielle de la vente aux enchères. Même s'il n'y a qu'un seul enchérisseur, la vente aux enchères de ce bâtiment historique se déroule avec succès.

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Une quinzaine de personnes se sont retrouvées il y a quelques jours dans une salle de l'hôtel Royal. Sur les tables, toutes les informations nécessaires sur la maison, qui se trouve sur un terrain de 1,75 ares, dans la «Biedergaass». On y trouve par exemple un document de la Ville de Luxembourg: la construction du bâtiment a été autorisée le 10 janvier 1908. «Il n'est pas possible de déterminer la date exacte du début de la construction», y lit-on également. La classe énergétique est indiquée par un «F», et un «H» saute aux yeux pour l'isolation.

Avec un peu de retard, le notaire chargé de la vente aux enchères fait son apparition. Les informations communiquées aux intéressés sont brèves. Le bâtiment est vide. Celui qui remporte l'adjudication en est immédiatement le propriétaire.

Un coup d'œil à l'extrait du cadastre révèle que les propriétaires sont une famille d'entrepreneurs luxembourgeois établis de longue date. Ses représentants sont présents dans la salle lors de la vente aux enchères. Ils apprennent que le notaire a pu rassurer un acheteur potentiel. Après un incendie en 2019, le dernier étage aurait été entièrement rénové.

Début de la vente aux enchères avec une offre

La maison est protégée au niveau communal, tout comme au niveau international, puisqu'elle fait partie de la zone UNESCO. L'un de ses habitants les plus connus était l'avocat Georges Govers, entré au Parlement en 1935 pour les libéraux indépendants.

Govers était président de la Ligue luxembourgeoise pour les droits de l'homme et s'est engagé avec véhémence contre la loi muselière de Joseph Bech en 1937, tout comme l'historien Robert L. Philippart. Après avoir été interdit d'exercer sa profession par l'occupant nazi en 1940, il est envoyé un an plus tard au camp de concentration de Sachsenhausen pour 44 mois.

Dans la rue des Bains, il s'est installé à titre privé en 1955, sa femme Marie-Thérèse meurt en 1978 dans la Biedergaass, selon Philippart.

Au début des années 2000, une discothèque se trouve au numéro 17B.

Au début des années 2000, une discothèque se trouve au numéro 17B. © PHOTO: Marc Wilwert

Le notaire annonce alors qu'il a déjà reçu une offre: 3,5 millions d'euros. Le crieur public prend alors le relais. Après quelques minutes, une offre sort d'un coin de la salle: 3,6 millions d'euros. Mais il devient vite évident que cela ne suffira pas. Le crieur fait le tour de la salle et demande qui veut faire une offre plus élevée. Ce n'est pas le cas et peu après, une petite pause est observée et les participants se concertent.

Sur le mur du bâtiment sont encore accrochées les plaques de la VIP Room où se trouvait un restaurant italien.

Sur le mur du bâtiment sont encore accrochées les plaques de la VIP Room où se trouvait un restaurant italien. © PHOTO: David Thinnes

Le bâtiment compte six étages, y compris la cave et le grenier, et les deux étages supérieurs sont utilisables comme appartements. De 1979 à 1995, la rédaction du Républicain Lorrain a occupé ses locaux dans la maison. D'autres établissements comme La vie nocturne ou la discothèque VIP Room en ont fait leur adresse.

Une fois, trois fois et vendu

Lorsque le notaire revient dans la salle après la pause, il annonce ceci: «Il n'y aura pas d'adjudication pour 3,6 millions d'euros. S'il n'y a pas d'offre supérieure, la vente sera annulée.»

Le notaire se rend finalement à chaque table pour demander s'il y a un intérêt à faire une offre plus élevée. Certains répondent: «Je ne suis là que pour regarder». D'autres hésitent, demandent des précisions: «Que doit rapporter la maison? 6,5 millions, 7 millions?» Une question à laquelle le notaire répond par la négative.

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Peu après, le crieur public peut tout de même annoncer une autre offre: 3,7 millions d'euros - de la même personne que l'offre précédente.

Il y a de nouveau une petite interruption. Quelques personnes intéressées se lèvent et quittent déjà la salle. L'offre semble suffire au vendeur. Le crieur prend sa canne en main, demande une nouvelle fois à la ronde s'il n'y a pas d'offre plus élevée. Puis il crie «au premier, au deuxième et au troisième» et tape sur la table à «au troisième». La maison au numéro 17B de la «Biedergass» est vendue pour 3,7 millions d'euros, plus les frais.

Cet article est paru initialement sur Luxemburger Wort.

Adaptation: Charles Michel

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