47 millions de m3 d'eau puisés dans le sous-sol
Les sources et forages du Luxembourg sont de plus en plus sollicités. Que ce soit pour la consommation humaine, un usage industriel ou l'emploi au profit de l'agriculture. De quoi justifier une meilleure protection de cette ressource, voire l'exploitation de nouvelles réserves.
L'épandage d'engrais azotés a été considérablement limité dans les zones de protection des captages instaurés depuis 2008. © PHOTO: Shutterstock
Actuellement, les ressources d’eau souterraines (sources et forages) fournissent 50% de l’approvisionnement en eau potable au Luxembourg. L'autre moitié provient de la retenue constituée par le lac de la Haute-Sûre. Si cet été, certains se sont préoccupés de l'état des nappes, le député Gusty Grass (DP) s'inquiète, lui, du renouvellement et de la protection des stocks d'eau retenus dans le sous-sol. En effet, face à la demande toujours croissante des habitants mais aussi des agriculteurs ou de l'industriel, une vigilance s'impose.
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Pour la ministre de l'Environnement et du Développement durable, Carole Dieschbourg, la priorité est d'instaurer des mesures de protection préventives. Mais le projet de mettre en service de nouveaux points de forage figure aussi parmi les projets gouvernementaux.
La ministre (Déi Gréng) l'a rappelé dans une réponse parlementaire, en précisant que dès la fin de l'année 2019, des études étaient prévues «pour identifier la faisabilité de l'exploitation de nouvelles ressources d'eau souterraine». Cet apport supplémentaire permettrait d'accentuer la «sécurisation de l'alimentation en eau potable au niveau national».
Limiter les consommations
Toutefois, en l'état actuel des connaissances, les volumes potentiels situés à une profondeur de plus de 150m sont «limités». Il faudra donc veiller à trouver d'autres modes d'approvisionnement, et tenter dans le même temps de limiter les consommations des différents acteurs, particuliers, industriels, agriculteurs.
En 2018, le volume d'eau prélevé par les sources et forages pour les réseaux publics d'eau potable représentait 44,7 millions de m3. Une quantité issue de 270 sources et 69 forages référencés.
Pour ce qui concerne les 310 captages appartenant à des exploitants privés, il est estimé à 2,3 millions de m3 d'eau, la quantité pompée afin de servir, par exemple, aux usines d'embouteillage, à l'industrie alimentaire, à des services de nettoyage ou à l'abreuvage de bétail.
Des captages délaissés
Outre les éventuels effets du réchauffement climatique sur les stocks naturels souterrains, le Luxembourg peut craindre de devoir restreindre le nombre de sources d'eau potable en exploitation. Ainsi, de plus en plus de captages sont de mauvaise qualité.
«Les polluants en cause sont les nitrates (généralement liés à l'activité agricole, ndlr), ainsi que des métabolites de produits phytopharmaceutiques», précise la ministre. D'autres captages sont délaissés afin, cette fois, de ne pas nuire à la quantité et la qualité du précieux liquide remontant à la surface et formant ruisseaux et rivières.
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Solution complexe et onéreuse
Suggérée par le député Gusty Grass, l'idée d'utiliser tout de même l'eau des sources polluées à d'autres fins que la consommation humaine ne convient pas à la ministre de l'Environnement. «Cette utilisation n'est pas jugée opportune par l'Administration de la gestion de l'eau», informe-t-elle pour justifier son avis.
Pour Carole Dieschbourg, il apparaît difficile d'envisager cette solution car séparer les réseaux de distribution des eaux potables saines et polluées s'avérerait trop complexe et onéreux. Il est pourtant des exemples, dans d'autres pays, exploitant ces «eaux sales» notamment pour procéder au refroidissement d'installations informatiques. Ce ne sera pas le cas au Grand-Duché.
En trois chiffres
- Au Luxembourg, la consommation moyenne en eau potable est de 120.000 m3/jour. - Cela correspond à une consommation de plus de 200 litres par personne et par jour. - Ces dernières années, 12 points de prélèvement d’eau potable en provenance de sources souterraines ont dû être abandonnés sur l’ensemble du pays, correspondant à une perte de près de 5.000 m3 par jour.
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