50% des participants Con-Vince ont bien développé des anticorps
L'étude Con-Vince vient de terminer une batterie d'analyses auprès de sujets luxembourgeois volontaires pour ses travaux de recherche. Aux scientifiques d'analyser maintenant l'efficacité et la durée des défenses immunitaires développées dans la population.
Pour le Pr Rejko Krüger, "ce virus nous apprend toujours quelque chose de jour en jour". De là à souhaiter que l'épidémie dure encore... © PHOTO: Photo archives : Pierre Matgé
Toutes les recherches scientifiques ne peuvent pas en dire autant. Un an et demi après son lancement, l'étude CON-VINCE peut toujours compter sur 80% des volontaires qui s'y étaient inscrits au printemps 2020. Ainsi, d'avril à juin, ils ont été près de 1.500 (sur les 1.870 volontaires initiaux de 18 à 79 ans) à répondre à l'invitation des équipes du LIH pour une nouvelle session de tests sanguins. De ceux qui permettent de suivre le niveau de réaction immunitaire développée face à l'épidémie. «Aujourd'hui, on peut dire que plus de la moitié de notre panel a développé une réaction immunitaire contre le SARS-CoV2», annonce le Pr Rejko Krüger du Luxembourg Institute of Health (LIH).
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50%, un ratio en brusque augmentation depuis les dernières communications de l'équipe du LIH sur le suivi. En mai 2020, deux mois après les premiers cas signalés au Grand-Duché, les chercheurs estimaient à 2% le nombre d'habitants ayant eu affaire au virus. Un mois plus tard, le taux passait à 3%, etc. Et si aujourd'hui, le pourcentage a bondi, le spécialiste l'explique simplement : «Deux vagues de contamination fortes sont passées par là depuis, et surtout la vaccination a fait son entrée en jeu».
Chaque injection administrée depuis décembre (plus de 776.000 à ce jour) a ainsi fait «entrer en contact les résidents et le virus, sans que cela déclenche d'infections sérieuses ou des symptômes bénins dans la plupart des cas.» Sur la dernière volée de tests, CON-VINCE disposait ainsi de sujets qui, pour près de la moitié d'entre eux étaient déjà primo-vaccinés et 17% avaient déjà reçu leur deuxième dose. De quoi booster les compteurs sérologiques et les résultats.
«C'est d'ailleurs intéressant de noter que chez nos participants, intéressés par l'infection et régulièrement informés de l'avancée de la recherche, la participation à la vaccination était importante. Je suis intimement persuadé que quand la science s'explique, elle obtient la confiance. C'est pourquoi nous avions mis en place un système de newsletter et de foire aux questions qui ont bien fonctionné», note le responsable de l'étude.
D'ici quelques semaines, les résultats Con-Vince de séroprévalence liée à l'exposition au virus Sars-CoV-2 seront officiellement publiés. Mais déjà l'équipe de recherche a fait part de certaines données aux participants eux-mêmes. Souvent pour que ces derniers découvrent qu'ils avaient été en infection active sans le savoir... Et le LIH est en mesure de déterminer la source même du virus, la voie naturelle ou la vaccination.
Place à Orchestra
Le Luxembourg n'est bien évidemment pas le seul Etat à avoir mis en place un suivi épidémiologique de la population, mais depuis peu un appel aux cohortes de 15 pays a été lancé. But : rejoindre l'étude Orchestra qui, sur trois ans, suivra l'évolution des réactions au covid parmi les participants déjà volontaires. Le panel luxembourgeois a été sollicité à rejoindre le protocole commun qui sera suivi aussi en Allemagne, Argentine, Belgique, Brésil, Congo, France, Gabon Inde, Italie, Pays-Bas, Roumanie, Slovaquie, Espagne ou Venezuela.
«Maintenant, avec les échantillons en notre possession, on a une mémoire de l'épidémie et des réactions à disposition. Nous allons donc pouvoir noter la stabilité des anticorps dans le temps. Pas seulement leur nombre mais leur rôle réel de défense face à l'agression du coronavirus.» Des données précieuses pour évaluer l'utilité d'une «vaccination rafraîchie» (ou troisième dose) en population générale, au-delà donc des cas admis pour l'heure pour cette injection supplémentaire.
Des renseignements également utiles pour connaitre les forces et faiblesses de l'immunité acquise soit au fil du temps, soit face aux variants qui se sont succédé au pays. Et voir ce que telle ou telle souche a pu provoquer comme réaction des anticorps naturels.
«Les analyses permettront aussi de déterminer quel type d'homme ou de femme est plus sensible à l'infection et quelle forme de maladie ils ou elles développent ou non», poursuit le Pr Krüger. Autant de recherches plus poussées finalement ''grâce'' à la durée de l'épidémie covid...